Laïcité à l’école : « Cette campagne de communication ne mérite pas un tel opprobre », selon Olivier Paccaud

Laïcité à l’école : « Cette campagne de communication ne mérite pas un tel opprobre », selon Olivier Paccaud

Dévoilées jeudi dernier par le ministère de l’Education Nationale, les huit affiches de campagne en faveur de la laïcité ont suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux, notamment des syndicats enseignants qui ont dénoncé une forme de racisme. Des critiques excessives pour le sénateur LR Olivier Paccaud. Un sentiment partagé par le sénateur communiste Eric Bocquet, qui estime cependant qu’il y a « un danger de stigmatisation ».
Public Sénat

Par Cécile Sixou

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Un petit garçon blanc, tout sourire, côte à côte avec une petite fille noire, dans une piscine, et ce slogan : « Permettre à Sacha et Neissa d’être dans le même bain, c’est ça la laïcité ». C’est l’une des 8 affiches dévoilées par le ministère de l’Education Nationale sur les réseaux sociaux jeudi dernier pour promouvoir la laïcité. Et avant même d’être diffusée dans les établissements scolaires à la rentrée, la campagne de communication du gouvernement fait polémique sur internet.
 

« Une campagne sur la pente dangereuse »

Pour les syndicats, le gouvernement est allé trop loin. « Une scandaleuse campagne du ministère sur la laïcité » pour CGT-Educ’action.
« Le ministère doit renoncer à déployer cette campagne d’affichage », a réagi SUD éducation. « En mélangeant religion, couleur de peau, origine géographique supposée, et en faisant des différences, les freins au vivre-ensemble, cette campagne est sur la pente dangereuse d’un dévoiement raciste et xénophobe de la laïcité ».

 

« Une tempête dans un verre de saké »


Des critiques que ne comprend pas le sénateur LR de l’Oise Olivier Paccaud. « Je trouve que c’est une tempête dans un verre de saké et très honnêtement la campagne lancée par le gouvernement ne semble pas mériter un tel opprobre ». Pour le sénateur qualifier ces affiches de racistes est choquant : « les bras m’en sont tombés, il y a une perversion de l’esprit plus qu’inquiétante. Heureusement que le ridicule ne tue pas sinon il y aurait de nombreux morts du côté des syndicats enseignants ».
Pour le sénateur communiste du Nord Éric Bocquet, si le mot « raciste » est effectivement « excessif », ces affiches présentent tout de même « un danger de stigmatisation ». « Il faut que le gouvernement fasse attention à ne pas mettre le feu aux poudres.
Il y a un danger potentiel sur ce choix d’enfants, sur les 20 enfants il y en a 16 qui ont un prénom ou une couleur de peau qui porterait le risque d’une stigmatisation potentielle de certaines communautés ».

 

« Il fallait prendre le temps de la réflexion »

Éric Bocquet, regrette que le Parlement n’ait pas été associé à cette campagne : « Il n’y avait pas d’urgence, c’est une question de fond que l’on ne va pas régler simplement avec de la communication, il fallait prendre le temps de la réflexion ».
Pour Olivier Paccaud en revanche ces affiches devraient être
utilisées dès la rentrée par les enseignants pour ouvrir le dialogue sur la laïcité avec leurs élèves. Lui, ancien professeur agrégé d’histoire-géographie et d’éducation civique, les aurait montrées en début de cours « pour faire réagir les élèves », car c’est selon lui « un bon outil qui peut déclencher le débat, le dialogue, pour expliquer aux élèves ce qu’est la laïcité ».

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