Larcher tente de rassembler la droite et le centre mais « le chemin est semé d’embûches »

Larcher tente de rassembler la droite et le centre mais « le chemin est semé d’embûches »

Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, essaie de prendre en main la reconstruction de sa famille politique. Il a annoncé la tenue en octobre d'une « grande convention nationale » de la droite et du centre. Certains imaginent même recréer l’UMP pour mieux rassembler. Mais la droite reste divisée sur la stratégie.
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A la descente de l’escalator de l’hôtel Novotel, près de la Tour Eiffel, les ténors de la droite regardent les caméras, sourires figés et forcés. L’heure n’est pourtant pas à la fête. LR vient de connaître le pire score de son histoire aux européennes. Après trois heures de réunion à huis clos, la réunion lancée la semaine dernière par Gérard Larcher pour tenter d’organiser la reconstruction de la droite et du centre n’a pas débouché sur des décisions fracassantes. Tout ça pour ça, aurait-on envie de dire. Mais ceux qui verront le verre plutôt à moitié plein salueront cette première étape vers un rassemblement et un élargissement, que la droite façon Wauquiez a empêché.

A défaut de grand soir, la droite propose pour l’heure une belle photo de famille, avec cependant quelques cousins absents, comme Xavier Bertrand, qui a pris le large dans les Hauts de France. Le président LR du Sénat, qui entend peser dans la reconstruction de sa famille politique, a pris seul la parole, entouré de Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, Hervé Morin, président de l’association des Région de France, Dominique Bussereau, à la tête de l’Association des départements de France, et de François Baroin, qui dirige l’Association des maires de France. Laurent Wauquiez, qui vient de lâcher son poste à la tête des LR, était présent à la réunion en tant que président de région. Mais il n’était pas sur la photo finale. Les présidents de groupes de droite et du centre, dont Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, et Hervé Marseille, à la tête des sénateurs centristes, étaient aussi de la partie.

« Proposer une grande alternative aux Français qui prendra sa source dans les territoires »

Par quoi va commencer la reconstruction ? D’autres réunions entre élus locaux. « Nous avons unanimement décidé de nous rassembler dans notre diversité pour organiser, dès ce mois de juin des conventions régionales, départementales et locales qui s’achèveront par une grande convention nationale en octobre avec l’objectif de proposer une grande alternative aux Français, qui prendra sa source dans les territoires » lance Gérard Larcher (voir les images d’Alizé Boissin et Marie Bremeau).

Il lance aussi au passage « un appel à tous nos collègues, aux forces vives, aux corps intermédiaires, aux associations, pour que cette alternative soit partagée ». Des « points d’étape début juillet et début septembre » sont déjà prévus, avant de préparer « début octobre cette grande convention nationale ». Elle pourrait donc être proche de la future élection à la présidence des LR, qui pourrait intervenir fin septembre ou en octobre.

« Des analyses, pas forcément convergentes »

Et après ? Rompez, fin de la déclaration, qui ressemble quand même au plus petit dénominateur commun. Pour la reconstruction, on reste un peu sur sa faim. Les participants ont eu pourtant beaucoup de choses à se dire. « Ça s’est très bien passé » assure l’un d’eux.

En réalité, la droite a encore du boulot avant de se mettre d’accord. « La réunion a commencé par un tour de table avec des analyses successives, pas forcément convergentes » confie pudiquement un autre responsable présent à la réunion. « Laurent Wauquiez a rappelé qu’il ne fallait pas saborder les LR et garder les valeurs de la droite. Alors que d’autres, comme Valérie Pécresse, ont insisté sur la nécessité d’être sur un contenu rassembleur, ouvert, et avoir une méthode de fonctionnement différente voire de ne pas s’opposer systématiquement au gouvernement » raconte le même.

Valérie Pécresse a plaidé pour « refaire l'UMP ». Comprendre, rassembler toutes les familles de la droite et du centre. C’est retour vers le futur. Mais vu le dernier score de 8,5% des LR, beaucoup y voient la seule porte de sortie. Dominique Bussereau se serait lui prononcé pour un grand parti ou confédération regroupant droite et centre. Mais une partie des LR n’en veut pas vraiment. « L'avenir de la droite n'est pas dans un parti attrape-tout qui ne dit plus rien » avait par avance affirmé Laurent Wauquiez dans le Figaro.

Que donnera cet aréopage ? L’un des convives doute lui-même de l’efficacité du format :

« Ça débouche sur quoi ? J’en sais rien. Ça n’a pas vocation à se substituer aux partis qui ont leur propre vie. Le chemin est semé d’embûches... »

Les partis veulent en effet continuer à vivre leur vie, même compliquée. Le patron de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, bien que président de groupe, a séché la réunion, comme il l’expliquait la semaine dernière à publicsenat.fr. C’est donc une partie des centristes qui manque, même si Hervé Marseille était là, mais avant tout comme président de groupe. A son arrivée, le président du groupe LR de l’Assemblée, Christian Jacob, a voulu aussi cadrer les choses :

« L’organisation d’une flottille, c’est bien. Mais il y a un vaisseau amiral. Et le vaisseau amiral, ce sont les LR »…

Interrogé avant la réunion, le sénateur LR Roger Karoutchi, qui ne veut pas exclure une candidature à la tête de son parti, expliquait aussi que « ce n’est pas une réunion de substitution à ce qui doit se passer chez LR », le but étant plutôt de constituer « un label territorial pour les municipales, qu’on accordera à ceux qui le souhaitent ». Ce qui pourrait être une façon de ne pas s’afficher avec le logo de son parti, pas forcément vendeur auprès des électeurs… Mais à la sortie, de ce label, il n’en est rien. Du moins pour l’heure.

Car les municipales sont un gros enjeu pour la droite et le centre. Elles poussent les sénateurs LR à se serrer les coudent dans cette tempête, ce prochain scrutin en tête. L’initiative de Gérard Larcher a le soutien de Bruno Retailleau. Ils se sont coordonnés, « au point d’avoir la même cravate » sourit un connaisseur du groupe. Si les municipales de mars 2020 se passent mal pour la droite, c’est la majorité sénatoriale LR-UDI qui sera mise à mal. Voire menacée, en cas de nouvelle déroute électorale.

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