Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures relatives à l’école, la famille et les réseaux sociaux dans le cadre d’un discours où il a demandé un « sursaut d’autorité ». Si le diagnostic sur la violence des jeunes est partagé par les sénateurs de tous bords, ils veulent maintenant savoir comment cela se traduira concrètement.
Larcher versus Macron : le bras de fer
Par Public Sénat
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Mercredi dernier, le président du Sénat, Gérard Larcher, a présenté les propositions de la Haute assemblée sur la réforme constitutionnelle, en réponse à la volonté du Président de la République de réformer la Constitution. Des désaccords persistent et s’installent entre les deux hommes, dans ce qui apparaît peu à peu et de façon feutrée, comme un bras de fer. Gérard Larcher ne souhaitant rien lâcher sur le non-cumul des mandats dans le temps et sa volonté de préserver la représentation des territoires ruraux, alors qu’Emmanuel Macron laisse planer le doute quant à une utilisation possible du référendum, pour contourner le Parlement.
« Emmanuel Macron s’appuie sur l’opinion qui évidemment est assez antiparlementaire » estime la journaliste politique, Christine Clerc. « De son côté, Gérard Larcher s’appuie sur la représentation des territoires, la France qu’on appelle périphérique (…) Il en joue très bien » juge-t-elle.
Pour Jean-Baptiste Forray, rédacteur en chef délégué de La Gazette des Communes, « le point de crispation aujourd’hui c’est le département ». « Les sénateurs sont élus par les représentants des conseillers municipaux, dans un cadre départemental. On sait que les présidents de départements sont très influents ici à la Haute assemblée (…) Donc c’est évidemment une pierre d’achoppement décisive entre Gérard Larcher et Emmanuel Macron, qui lui du coup, n’a pas de tendresse infinie pour les départements. »
Bruno Cautrès, politologue, chercheur au CEVIPOF, voit surtout dans le face-à-face entre les deux hommes, une différence de style, de méthode : « C’est clairement une incarnation de ces deux mondes politiques, qui peut-être ne s’opposent pas frontalement mais qui en tout cas sont engagés dans une espèce de prise de judo. On ne sait pas encore très bien qui va avoir le dessus (…) mais c’est très symbolique. C’est presque une métaphore de la dynamique réformatrice d’Emmanuel Macron, qui lui entend aller jusqu’au bout (…) sur des questions comme le nombre de parlementaires, l’efficacité du Parlement. Il y a là des points qui sont pour lui sans concession possible. On est dans un jeu d‘échecs pour savoir lequel va arriver à influencer suffisamment l’autre. Il me semble que la dynamique est plutôt du côté d’Emmanuel Macron, même si on a vu que les élections sénatoriales avaient rappelé à son bon souvenir le Sénat à Emmanuel Macron ».
Et de poursuivre : « C’est l’opposition entre un style Macron, jeune président, qui veut tout bousculer, qui veut tout dynamiter, qui veut aller extrêmement vite, et Gérard Larcher, qui rappelle : « Il est bon de prendre son temps pour légiférer ». »
Jean-Baptiste Forray ajoute : « Gérard Larcher est quand même assez malin dans cette affaire. On voit des Laurent Wauquiez, des Guillaume Peltier, tenir des discours parfois caricaturaux sur Emmanuel Macron qui aurait la haine de la France des provinces, qui représenterait la France uniquement des métropoles, des startups, des premiers de cordée…et Gérard Larcher digère de façon assez intelligente ce discours-là, à pas feutrés, à la manière d’un sénateur évidemment. Il devient un petit peu le leader le plus crédible de l’opposition aujourd’hui. »
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