Le gouvernement renonce à une réduction controversée d’aide pour les seniors

Le gouvernement renonce à une réduction controversée d’aide pour les seniors

A peine 24 heures après l'avoir annoncé, le gouvernement a renoncé mardi à priver les seniors d'une exonération de cotisations...
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Par Jessica LOPEZ

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A peine 24 heures après l'avoir annoncé, le gouvernement a renoncé mardi à priver les seniors d'une exonération de cotisations sociales pour l'emploi d'une aide à domicile, une mesure qui suscitait la colère y compris dans la majorité.

Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé devant l'Assemblée nationale que le gouvernement abandonnait son projet de supprimer l'exonération sociale accordée aux personnes âgées non dépendantes quand elles emploient une aide à domicile, qui devait figurer dans le projet de loi de finances présenté vendredi.

"J'ai demandé à la ministre du Travail de renoncer à cette mesure", a indiqué le chef du gouvernement lors de la séance des questions au gouvernement. "Je veux donc rassurer les professionnels et les employeurs: ces mesures n'entreront pas en vigueur".

Le gouvernement, qui cherche des pistes d'économies pour financer les baisses d'impôts promises par Emmanuel Macron, envisageait de supprimer l'an prochain le critère d'âge de cet avantage accordé spécifiquement aux personnes âgées de plus de 70 ans qui emploient une aide à domicile, en le réservant aux seuls seniors dépendants (bénéficiant de l'APA, l'allocation personnalisée d'autonomie), ou en situation de handicap.

Actuellement, ce dispositif d'exonération créé en 1987 coûte 1,8 milliard d'euros par an à l'Etat.

Interrogée lundi sur ce projet, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait expliqué sur LCI qu'il s'agissait de "recentrer les choses pour que les aides, quand elles existent, s'adressent aux personnes qui en ont le plus besoin", se défendant de toute "politique anti-vieux".

La mesure devait permettre l'économie de "115 millions d'euros", selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud, interrogée lundi sur BFMTV. En parallèle, "on met 115 millions d'euros" dans l'aide à la dépendance "pour créer de nouveaux droits", avait également défendu le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.

Mais après les épisodes sur la hausse de la CSG et la sous-indexation par rapport à l'inflation des pensions de retraite supérieures à 2.000 euros, l'annonce n'est pas passée, suscitant la colère des personnes concernées mais aussi des politiques, y compris de la majorité.

- "Unanimité contre" -

"Cette décision aurait mérité une concertation beaucoup plus approfondie", a reconnu à l'Assemblée Edouard Philippe, taclant au passage la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui en était à l'origine.

L'annonce de cette mesure ne correspondait pas "aux conditions qui sont conformes à ce que je fixe comme objectif et ce que je veux suivre comme méthode s'agissant de l'acte II du quinquennat", a poursuivi le Premier ministre.

Mme Pénicaud "fera parvenir rapidement d'autres propositions qui seront soumises à concertation avec les parlementaires et avec les secteurs concernés", a ajouté Edouard Philippe, en réponse à une question du député LR Gilles Lurton sur LCP.

Après ce revirement, ce dernier a dénoncé "l'amateurisme gouvernemental".

"Le Premier ministre recadre sa ministre du Travail en pleines questions d'actualité, c'est risible", a raillé pour sa part Sébastien Jumel, un des porte-parole des députés PCF, estimant que la mesure a plutôt été écartée car on est "à six mois des municipales".

Avant la séance des questions au gouvernement, la députée LREM des Yvelines Marie Lebec avait fait savoir que "dans le groupe En Marche, cette mesure a plutôt fait l'unanimité contre". "Le sentiment général était de dire qu'on préfèrerait une politique globale sur la dépendance qu'une approche par mesures, (...) une approche budgétaire", avait-elle dit devant la presse.

Le gouvernement prépare pour la fin de l'année un projet de loi sur la prise en charge de la dépendance.

L'association les Petits Frères des Pauvres, qui s'inquiétait de voir "les aînés être une variable d'ajustement budgétaire", s'est dite mardi "satisfaite" de ce revirement.

"Ce gouvernement a appris à reconnaître quand il se trompe", a réagi Marie-Béatrice Levaux, présidente de la Fepem (fédération des particuliers employeurs de France), dont la plateforme téléphonique, "depuis hier, était surchargée d'appels inquiets".

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