Le grand oral des candidats devant le MEDEF

Le grand oral des candidats devant le MEDEF

Le Medef organisait aujourd’hui  sa première matinale « Entreprises & politiques! » dédiée à l’élection présidentielle. Jacques Cheminade, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon se sont ainsi succédés à la tribune pour présenter leurs principales mesures en matière d’éducation,  de formation, de travail et d’économie.
Public Sénat

Par Alice Bardo

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François Fillon met la « liberté » au cœur de son projet

François Fillon présente son programme au Medef
01:32

A l’applaudimètre, François Fillon est le grand gagnant de cette matinale organisée par le MEDEF. Devant le parterre d’entrepreneurs réunis dans la salle Elysée Biarritz, dans le 8e arrondissement de Paris, il est le dernier à présenter une partie de son programme, à commencer par sa mesure phare : une « baisse massive des charges » qui pèsent sur les entreprises, à hauteur de 40 milliards d’euros. Pour le candidat LR, il est indispensable de mener une « politique fiscale incitative pour les entreprises ».  

Pas de cadeaux sans contreparties. « Il va falloir se retrousser un peu les manches si on veut redresser le pays », clame l’ancien Premier ministre. Suppression de la durée légale du travail, retraite à 65ans, baisse des dépenses publiques pour les ramener à 50% de la richesse nationale… Des mesures parfois impopulaires qu’il assume comme étant des « choix politiques » permettant de « redevenir la première puissance économique en Europe ».

François Fillon veut mettre la « liberté » au cœur de son « projet de redressement national ». Cela se concrétisera notamment au niveau des établissements scolaires, où le directeur sera « un vrai patron », avec la possibilité de recruter une partie de ses équipes et une véritable « liberté pédagogique ». « Il faut changer de logique : plutôt que des réformes d’en haut, il faut redonner de la liberté au niveau du terrain. »

Le candidat entend également lutter contre « l’échec de notre système, programmé dès l’école primaire », en consacrant 75% de l’enseignement aux plus petits à l’apprentissage des fondamentaux. Ensuite, il prône « des voies différentes d’accès à l’emploi » à partir du collège et souhaite que « l’alternance deviennent la voie principale ». « Cela suppose de changer complètement notre système d’enseignement professionnel, qui doit être sous la tutelle de la région et des branches professionnelles, et non plus sous celle de l’Education nationale », précise t-il.

Il s’est aussi adressé plus particulièrement aux entreprises, en affirmant vouloir confier l’aide aux plus petites d’entre elles à des acteurs privés : « Ce n’est pas à l’ENA qu’on apprend à conquérir les marchés. »

Enfin, le candidat a confié ne pas être « pessimiste quant à la révolution numérique, à la condition qu’on ne la rejette pas ». Opposé à la taxe sur les robots, mesure phare de son concurrent Benoît Hamon, il considère qu’« une société qui a peur du progrès est une société en déclin ». Et cette société, il a la ferme intention de la changer : « En 2020 il y aura 1 million de chômeur de moins parce que j’aurais gagné les élections présidentielles. »

Jacques Cheminade et son « pari sur l’avenir »

L'Union Européenne et les lobbies - Cheminade devant le Medef
01:13

Jacques Cheminade, lui, sait qu’il ne gagnera pas les élections. Mais il s’est prêté à l’exercice du grand oral pour « enrichir le débat public ». Pendant une heure, il s’est ainsi adressé aux entrepreneurs, ces « porteurs d’avenir ».  Sa principale cible : le « capital prédateur ». Il entend le combattre « non dans un esprit de repli national mais en refondant l’Europe ». « L’UE a fabriqué une fausse Europe dirigée Mario Draghi », regrette le candidat à l’élection présidentielle

Parmi ses mesures concernant l’éducation, le candidat veut réformer l’école maternelle, en réduisant le nombre d’élèves par classe à « 15 maximum » et appliquer à chacun d’eux la méthode Montessori. Il plaide également pour « faire le point en CP et en CM2 » afin les enfants arrivent en 6e sachant lire et écrire et avec « une capacité de jugement ». Au lycée, le candidat souhaite « redonner à la formation professionnelle toute son importance » en regroupant toutes les filières (professionnelles, technique et générale) dans un même lycée.

S’agissant des entreprises, le candidat prévoit de « transformer le CICE en diminution des charges immédiates » et marque son « accord avec Fillon et Macron sur ce point ». Entre autres, il estime qu’ « il faut réduire  de 11 000 euros les charges des entreprises pour les entreprises qui embauchent un chômeur ».

Concernant les salariés, il veut revenir « à la défiscalisation des heures supplémentaires et laisser sur les 35 heures une flexibilité ». Il ne compte pas supprimer l’ISF. « Mais j’augmenterai les possibilités d’investir dans les PME », précise t-il. Et d’ajouter : « Il faut créer un crédit d’impôt région/industries où, au niveau des régions, on permettra aux gens d’investir dans les industries productives dans le territoire dans les conditions les plus favorables. »

Pour finir, le candidat considère que les évolutions technologiques peuvent être « une très bonne chose », dans la mesure où « ces technologies sont liées au monde réel ».

Emmanuel Macron prône « le dialogue social »

35H : Macron devant le Medef
01:27

Le monde de Macron, c’est l’entreprise. « On parle trop peu de l’entreprise dans cette campagne, regrette t-il dans son propos introductif. Or la création d’emplois et la transformation du modèle économique et social se fera par l’entreprise. » Objectif affiché : « Aider les entreprises à être les acteurs de cette transformation. » Pour l’atteindre, il formule trois propositions : un nouveau cadre macro-économique, « plus de liberté, de visibilité et de stabilité » et une « politique d’investissement, d’emplois et de compétences. » 

Le leader d’ « En marche ! » veut ainsi baisser l’impôt sur les sociétés à 25%, « en conservant le mécanisme du crédit d’impôt/recherche » et mettre en place « un prélèvement fiscal unique sur tous les revenus du capital à 30% ». « La fiscalité du capital est aujourd’hui totalement décalée par rapport à la moyenne de l’Union européenne », constate t-il.  Et pas seulement au niveau du capital, puisque le candidat souhaite également favoriser la venue des opérateurs en France en rendant plus attractive la fiscalité. 

« Je propose d’exonérer sur les plans patronal et salarial les heures supplémentaires et de donner beaucoup plus de souplesse à l’accord majoritaire ». Le dialogue social compte en effet parmi les priorités d’Emmanuel Macron. Et, pour le faciliter, il veut créer une instance unique de représentation et un pouvoir de référendum.

Sur les 35 heures, il renvoie là encore au dialogue social. En outre, le candidat se targue d’avoir « toujours maintenu la même position » : « Je ne crois pas à la doctrine qui consiste à faire travailler moins les gens, mais supprimer les 35 heures par la loi n’a aucun sens. » Il ajoute : « Une majorité d’entreprises vivent très bien avec les 35 heures mais ce n’est pas le cas des start-up. » Il préconise des « accords majoritaires d’entreprise, ou de branche pour les TPE ».

A propos de son projet en matière d’éducation, le candidat compte sur « une stratégie de rattrapage à tous les niveaux », mais insiste sur les Zones d’éducation prioritaire (ZEP), « cœur du problème » selon lui. « L’égalité républicaine ne permet plus d’avoir des méthodes d’enseignement adaptées au terrain », déplore t-il. C’est pourquoi il veut notamment ramener à douze le nombre d’élèves par classe dans les classes en ZEP. Emmanuel Macron souhaite également « développer les filières d’apprentissage, y compris pour les filières les plus qualifiées et qualifiantes ». La formation professionnelle est l’un des grands chantiers du candidat, comme il le rappelle à la fin de son discours final.

Une autre des grandes mesures du candidat concerne les retraites. Il s’est prononcé en faveur d’un « système par points, beaucoup plus individualisé et lisible ». Il plaide également pour « un système tripartite «  et veut «élargir le champ de l’assurance-chômage à tous les individus, avec un système de contrôle ».

« N’ayons pas peur des robots, ne cherchons pas à les taxer trop vite. » Le candidat affirme que « ce ne sont pas les robots qui détruisent les emplois ». Toutefois, il mentionne deux conditions : « l’investissement productif et dans le capital humain. » Et de conclure : « Je suis convaincu que cette nouvelle génération de numérisation et de robotisation est bonne pour notre industrie car cela va permettre de relocaliser.»

Emmanuel Macron tient également intégrer le « management public » à la gouvernance. « On ne s’occupe jamais de l’exécution des lois alors que c’est le rôle des ministres », rappelle le candidat, qui souhaite « plus de temps d’évaluation, moins de temps pour légiférer et plus de temps pour manager l’activité salariale, pour l’accompagner ». Dans cette optique, il souhaite intégrer à son gouvernement « d’un tiers à la moitié de personnes venant de la société civile ».

« Je prône une politique réaliste, de compétitivité, de volontarisme économique et de juste protection », résume t-il.

Marine Le Pen, « candidate des TPE et PME »

Marine Le Pen défend le patriotisme économique devant le Medef
02:02

« L’entreprise ? Oui, mille fois oui, évidement oui, annonce d’emblée la candidate du Front national. Défendre l’économie réelle et pas la finance des prédateurs, la créativité et pas la cupidité, l’envie de construire et pas de piller, voilà mon projet. »

Ce n’est pas un secret, Marine Le Pen veut « sortir de l’euro ». Mais elle tient à préciser que « ce sont les Français qui choisiront par référendum ». Hostile aux « politiques d’austérité menées par l’Union européenne », la candidate est pour un « patriotisme économique » et veut reconquérir notre souveraineté économique et monétaire ». Selon elle, l’UE « plombe les entreprises et les empêche de se développer ».

« Je serai la candidate des PME et des TPE », annonce t-elle. Elle prévoit notamment un «abaissement lisible et significatif de leurs charges en supprimant les dispositifs existants » et, plus largement, de « favoriser leur écosystème ».

Les 35 heures, Marine le Pen y est « toujours opposée ». Elle souhaite « une négociation par branches, mais pas par entreprises de peur de concurrence déloyale entre entreprises d’une même branche ».

Concernant l’éducation, elle veut recentrer l’enseignement au primaire sur « les fondamentaux », et notamment consacrer 50% de ce temps à l’enseignement du français. La « suppression du collège unique » compte également parmi ses mesures. Elle entend ainsi « revaloriser la filière de l’apprentissage » et déplore « la dévalorisation du travail manuel ».  

 

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