Convaincus que l'attentat de Karachi, en 2002, trouve son origine dans des malversations financières liées à des contrats d'armement, les...
Le « long combat » des victimes de l’attentat de Karachi à l’épreuve du procès financier
Convaincus que l'attentat de Karachi, en 2002, trouve son origine dans des malversations financières liées à des contrats d'armement, les...
Par Juliette MONTESSE
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Convaincus que l'attentat de Karachi, en 2002, trouve son origine dans des malversations financières liées à des contrats d'armement, les avocats de blessés et familles de victimes ont exhorté mercredi le tribunal correctionnel de Paris à reconnaître leur qualité de partie civile au procès du volet financier de cette affaire.
La tâche est délicate pour les défenseurs de veuves, d'orphelins ou de blessés de l'attentat qui, le 8 mai 2002, coûta la vie à 15 personnes, dont 11 employés français de la Direction des constructions navales (ex-DCN) travaillant à construire des sous-marins dans le grand port pakistanais.
A eux de démontrer qu'ils ont leur place dans le volet financier de l'affaire, qui porte sur des soupçons de commissions occultes sur des ventes d'armement à l'Arabie Saoudite et au Pakistan, en marge de la campagne présidentielle malheureuse d'Édouard Balladur en 1995.
"C'est déjà une victoire pour les parties civiles d'être là, car si elles n'avaient pas déposé plainte, il n'y aurait pas de procès aujourd'hui", souligne l'avocat Olivier Morice, qui défend plusieurs familles.
C'est là le paradoxe: ces familles endeuillées sont à l'origine de ce procès financier, dans lequel six hommes comparaissent depuis le 7 octobre pour abus de biens sociaux, complicité ou recel.
Le 8 mai 2002, photo du site de l'attentat au cours duquel une voiture piégée précipitée contre un bus transportant des salariés de la Direction des chantiers navals (DCN) avait explosé devant l'hôtel Sheraton à Karachi
AFP
Mais rien ne dit que le tribunal, dans son délibéré, jugera recevable leur constitution de partie civile. Car le procès vise à décrypter des flux financiers, pas à établir les causes de l'attentat, objet d'une enquête antiterroriste qui suit son cours.
Pour Olivier Morice et sa consoeur Marie Dosé, les deux volets sont toutefois "indivisibles".
A leurs yeux, l'arrêt en 1995 du versement de commissions qui auraient servi in fine à financer Edouard Balladur par le biais de rétrocommissions illégales, arrêt décidé par le président Chirac, est à l'origine de l'attentat survenu sept ans plus tard. Et ces représailles portent la marque des services secrets pakistanais.
Cette thèse ressort des rapports Nautilus, constitués de notes rédigées dès 2002 par un ancien des services de renseignement. L'enquête antiterroriste s'était éloignée de la piste du groupe Al-Qaïda en 2009 pour l'explorer. Mais, dans une synthèse datée d'avril, les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) estiment qu'aucun élément sérieux ne permet de l'étayer et continuent de privilégier une piste islamiste.
- "Morts loin de nous" -
Pour Olivier Morice, qui pointe le "long combat" des familles, "on a voulu, dans cette affaire, bâillonner la recherche de la vérité pour des raisons d'influence politique".
Et les parties civiles ont le sentiment que la France, comme le ministère public, les a "complètement abandonnées". "Depuis le début, nous pensons, et nous le vivons très mal, qu'il y a une forme de protection d'un certain nombre d'hommes politiques dans ce dossier", insiste l'avocat.
L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac et rival malheureux à l'élection présidentielle de 1995, Edouard Balladur arrive à l'église Saint-Sulpice pour l'hommage solennel à l'ancien président de la République, le 30 septembre 2019
AFP
Il s'adresse aux prévenus, parmi lesquels Renaud Donnedieu de Vabres, alors proche collaborateur du ministre de la Défense François Léotard, et Nicolas Bazire, ex-directeur de campagne d'Edouard Balladur: "Vous êtes à mon sens la parfaite illustration du cynisme d'une République qui par certains égards est corrompue".
"Depuis le début règnent à ce procès une suffisance, une arrogance et un mépris assez insupportables", abonde Marie Dosé.
L'ancien ministre de la Défense François Léotard, le 16 février 2004 au palais de Justice de Paris
AFP/Archives
Tous deux soulignent "la souffrance des familles" et leur grande dignité.
Lundi, la fille d'une victime et un ouvrier blessé dans l'attentat étaient venus témoigner.
"Nous sommes convaincus que sans les malversations financières liées à l'existence de ces contrats et de ces rétrocommissions, nos pères et maris n'auraient pas été assassinés. Tout est lié", avait souligné, voix tremblante, Sandrine Leclerc, venue par "colère et sens du devoir", "pour nos proches, morts loin de nous à Karachi".
Très affecté, Gilles Sanson avait évoqué pudiquement "l'horreur" de l'attentat dans lequel il a été blessé et avait conclu, en larmes: "J'aimais mon entreprise, mon pays, mon drapeau. Aujourd'hui je déteste mon entreprise, je n'ai plus de pays, je n'ai plus de drapeau".
À moins de cent jours du scrutin municipal, trois forces de gauche s’apprêtent à sceller une alliance inédite dès le premier tour à Paris. Un accord qualifié d’ « historique », encore suspendu au vote des militants, conclu dans l’urgence face à une droite donnée favorite et à un mode de scrutin profondément remanié.
Après un chemin périlleux et d’intenses semaines de tractations, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 a finalement été adopté ce mardi. Avec lui, de nouvelles mesures en matière de santé vont entrer en vigueur l’année prochaine. Tour d’horizon de ces nouveautés.
Lundi, le maire de Chessy en Seine-et-Marne et ses adjoints ont choisi de démissionner de leur mandat pour ne pas être contraints par la justice de célébrer un mariage entre un ressortissant étranger sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) et une ressortissante européenne. En début d’année, le Sénat a adopté avec l’appui du gouvernement, une proposition de loi pour prévenir ce genre de situations.
Vaccination massive et plan de sauvegarde renforcé dans le cadre du Mercosur, le gouvernement s’active pour tenter d'apaiser la crise agricole qui dure. Mais le mouvement ne semble pas faiblir et les mobilisations doivent se poursuivre dans la journée. Invité de la matinale de Public Sénat, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, Nicolas Forissier, juge normal que le règlement de la crise prenne du temps. Il se félicite que la France ait imposé sa clause de sauvegarde dans l’accord du Mercosur.