Le passe vaccinal imposé aux sportifs étrangers : « Une règle identique pour tous, c’est une bonne chose », estime Michel Savin

Le passe vaccinal imposé aux sportifs étrangers : « Une règle identique pour tous, c’est une bonne chose », estime Michel Savin

Même les sportifs professionnels étrangers devront se soumettre à la loi sur le passe vaccinal pour concourir en France, fait savoir le gouvernement ce lundi. Si le sénateur Michel Savin salue le rétablissement d’un principe d’équité, il pointe aussi les conséquences de cette mesure sur certains athlètes et le déroulé des compétitions.
Romain David

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Sans vaccin, pas de compétition en France. C’est en substance la mise au point faite lundi par le gouvernement, par voie de dépêche : le passe vaccinal s’appliquera à tous les sportifs professionnels qui participent à des compétitions sur le territoire national, qu’il s’agisse d’athlètes français ou non. De fait, la loi sur le passe vaccinal, adoptée ce week-end par le Parlement, soumet l’accès aux enceintes sportives à la présentation de ce sésame, sans opérer de distinction entre le public et les sportifs. Mais le gouvernement a cru bon lundi matin d’opérer cette clarification, alors que le tennisman Novak Djokovic, numéro 1 mondial, qui espérait décrocher une dixième victoire à l’Open d’Australie, a dû rentrer lundi en Serbie faute d’être vacciné, ultime rebondissement d’un feuilleton qui oppose depuis le début du mois de janvier le joueur aux autorités australiennes.

Auprès de Public Sénat, le sénateur LR Michel Savin, spécialiste des questions sportives, évoque la réticence de certains athlètes à se faire vacciner, mais aussi les conséquences du passe vaccinal sur les compétitions.

Le gouvernement fait savoir qu’aucun sportif non vacciné, même professionnel, ne pourra participer à une compétition. Cette précision est-elle la bienvenue ?

« Nous avions besoin d’une clarification. Mais est-elle vraiment suffisante ? Aujourd’hui, je lis encore dans la presse que la Fédération française de tennis travaille avec le gouvernement sur un protocole sanitaire à destination des sportifs de haut niveau non vaccinés. Dans le même temps, il y a cette mise au point de l’exécutif, qui nous dit que la règle sera la même : tous les sportifs professionnels, même étrangers, devront être vaccinés pour avoir accès à une enceinte sportive.

Dans le cadre de l’examen du projet de loi instaurant le passe vaccinal, vous aviez déposé un amendement rétablissant le passe sanitaire pour les sportifs de haut niveau. En clair, un dépistage négatif ou un justificatif de rétablissement après une infection au covid-19 leur aurait suffi pour accéder à une enceinte sportive. Il a été rejeté. Quelles explications vous a-t-on fournies ?

Je n’en ai pas eu ! J’ai déposé cet amendement pour attirer l’attention sur une rupture d’égalité. La ministre des Sports Roxana Maracineanu a déclaré le 7 janvier sur France Info qu’elle travaillait à un protocole de bulle sanitaire à l’attention de sportifs étrangers non vaccinés, ce qui aurait permis, par exemple, d’accueillir dans les compétitions se déroulant en France un joueur comme Novak Djokovic. Pourquoi une telle différence, pourquoi ne pas élargir cette bulle aux sportifs français de haut niveau non vaccinés ? De ce que je comprends ce lundi, la règle sera identique pour tous, c’est une bonne chose.

Imposer une obligation vaccinale pour participer à une compétition internationale, n’est-ce pas aussi risquer de bouleverser leur déroulé en faisant sortir des favoris et, du même coup, monter des joueurs de niveau moindre ?

Evidemment ! Le risque, c’est de voir sortir des compétitions des sportifs majeurs, qui refusent la vaccination, et donc de modifier les pronostics. Inversement, peut-on considérer les sportifs de haut niveau comme un public à part, et briser l’équité au risque de susciter l’incompréhension chez les Français qui sont soumis à une obligation vaccinale qui ne dit pas son nom ?

Néanmoins, je ne pense pas que le sport de haut niveau soit un lieu de fortes contaminations. Les sportifs ne sont quasiment pas au contact du public. Par ailleurs, ils sont soumis à un protocole de dépistage très strict. Certains sont testés tous les jours. Un grand club ne peut pas se permettre de laisser un joueur malade contaminer le reste de l’équipe.

Dans les colonnes du journal L’Equipe, l’ancien tennisman Mats Wilander appelle Novak Djokovic à se faire vacciner, arguant qu’il ne pourra pas maintenir son statut de champion au vu de l’évolution des réglementations publiques s’il ne passe pas par l’injection. Est-ce que vous partagez cette analyse ?

Je rappelle que certains sportifs de haut niveau contrôlent tellement leur corps qu’il leur est inenvisageable d’accepter quelque chose dont ils ne connaîtraient pas les effets. J’entends dire que Djokovic mesure même la température de l’eau qu’il boit. Vous imaginez ! À ce niveau, les éventuels effets secondaires d’une injection, les courbatures, la température, un état grippal… peuvent complètement chambouler la préparation à une compétition. Dans ces conditions, on peut entendre que certains refusent de se faire vacciner.

La proposition de loi pour favoriser la démocratisation du sport en France sera débattue demain au Sénat, après son adoption en commission. Vous en êtes le rapporteur : pourrait-elle servir de véhicule législatif à des dérogations vaccinales pour les sportifs de haut niveau ?

Je ne le crois pas. Le point important de cette proposition de loi, c’est la création d’une société commerciale, réclamée par la Ligue professionnelle de football pour répondre à une urgence financière. Sans ça, je ne pense pas que la commission aurait approuvé ce texte, qui est loin d’être parfait alors que nous avons attendu, durant tout le quinquennat, une grande loi sur le sport. Toutefois, le Sénat a voulu le renforcer par plusieurs dispositions sur le sport à l’école et la sécurité dans les stades. »

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