Le Pen entame la “refondation” du FN et relégue Philippot “au passé”

Le Pen entame la “refondation” du FN et relégue Philippot “au passé”

Marine Le Pen a entamé samedi sa tournée de "refondation" du Front national en promettant de tout "mettre à plat" dans son parti d'ici un...
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Par Guillaume DAUDIN

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Marine Le Pen a entamé samedi sa tournée de "refondation" du Front national en promettant de tout "mettre à plat" dans son parti d'ici un congrès en mars, faisant fi du départ de son bras droit Florian Philippot, déjà relégué "au passé".

Micro à la main devant un grand visuel "En avant pour un nouveau Front", déambulant sur scène comme elle le fait très rarement, la patronne du FN promet la "refondation" aux 500 militants attablés dans une salle de Bruguières (Haute-Garonne) autour d'une assiette de melon et d'un quart de rosé.

Après une présidentielle et des législatives en deçà de ses espérances, elle reconnaît des "déceptions" mais vante le "socle considérable": 10,6 millions d'électeurs l'ont choisie au second tour plutôt qu'Emmanuel Macron, malgré le mémorable "raté" du débat télévisé.

Pour se relancer ainsi que son parti, guère audibles pendant l'été et frappés par le départ de Florian Philippot jeudi, Marine Le Pen exhorte les militants à se saisir de la "refondation historique", pour laquelle elle va faire un tour des fédérations FN en douze étapes jusqu'au 11 mars, date du congrès FN à Lille. Elle y briguera un troisième mandat.

"On va pouvoir discuter de tout", du nom du parti aux statuts. Applaudie, "Marine" demande aux siens de produire du "contenu" intellectuel, de passer d'un FN à la culture protestataire à une "alternative" prête à "gouverner", et promet de nouvelles relations avec les médias, tout en continuant à refuser Médiapart et l'émission "Quotidien" (TMC).

Mais Mme Le Pen veut aussi discuter de sujets plus stratégiques: le projet, pour lequel "il faut tenir compte de ce qui n'a pas été compris", une référence notamment à la sortie de l'euro souhaitée par le FN mais largement rejetée dans l'électorat ; et les "alliances", alors que certains plaident pour une ouverture plus large à droite.

- 'Philippot, c'est fini !' -

Le vice-président du FN Florian Philippot à Brachay, dans le nord-est de la France, le 9 septembre 2017
Le vice-président du FN Florian Philippot à Brachay, dans le nord-est de la France, le 9 septembre 2017
AFP/Archives

Un nom, pourtant, n'est jamais prononcé devant les militants: celui de Florian Philippot.

Le départ du bras droit provoque des sentiments mitigés. "La vie continue" après ce "tangage", soupire la conseillère régionale Marie-Dominique Bagur. Son collègue Patrice Charles est lui "très fâché qu'on ait gâché ce talent" mais surtout qu'"il se gâche lui-même".

Edgar va "regretter" l'eurodéputé, "intelligent, brillant". L'énarque était "un jeune renard dans une basse cour d'anciens qu'il faut pas trop bousculer... mais c'est un peu dommage qu'il ne se soit pas remis en question", regrette Thierry, 50 ans.

"Son départ peut permettre" de "mettre en retrait la sortie de l'euro", mesure qu'il défendait matin et soir sur les plateaux, se félicite de son côté Cédric, 27 ans.

Lors d'une conférence de presse le matin à Toulouse, Marine Le Pen a prononcé cette fois le nom de Florian Philippot, pour répéter qu'elle "regrette" cette rupture.

Sa ligne, prévient-elle toutefois en interne comme en externe à ceux qui voudraient la voir fléchir plus à droite encore, ne changera pas. Et "peut-être que le départ de Florian va permettre que certains s'en souviennent", met-elle en garde.

Ce samedi, elle est venue dire que cette rupture "est déjà du passé", voire un "non-événement politique". A l'appui, le maigre nombre de soutiens ayant rallié le panache du Mosellan d'adoption.

Le changement d'époque se voit par des symboles: le vocabulaire, déjà. Relégué, le mot "patriotes", trusté par l'association éponyme de Florian Philippot, Marine Le Pen parle désormais de "nationaux".

Le vote Front national en France
Le vote Front national en France
AFP

Les hommes, ensuite: aux côtés de la patronne du parti, samedi, un responsable qui prend rarement la lumière mais qui a eu un rôle croissant dans l'ombre ces dernières années: son beau-frère Philippe Olivier, ex-mégrétiste que Florian Philippot visait en accusant le FN de "régression terrible" sur le plan idéologique.

Dans l'équipe qui accompagne désormais Marine Le Pen, on prend d'ailleurs moins de gants pour tracer le destin de celui qui a souvent été critiqué en interne: au Parlement européen, "Philippot va siéger en non-inscrit entre Jean-Marie Le Pen et les Grecs d'Aube Dorée" et ne sera pas réélu. Ensuite, le haut fonctionnaire va regagner son corps d'origine et compter les stylos. L'aventure Philippot, c'est fini!"

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