Le PS piétine pour sa vraie-fausse rentrée

Le PS piétine pour sa vraie-fausse rentrée

Inauguration retardée du nouveau siège, quête laborieuse d'une tête de liste européenne, hypothèse d'un retour de François...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE

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Inauguration retardée du nouveau siège, quête laborieuse d'une tête de liste européenne, hypothèse d'un retour de François Hollande et salves tirées de partout contre le premier secrétaire Olivier Faure : quatre mois après son congrès, le PS semble patiner.

Annoncée par Olivier Faure lors d'un conseil national le 9 juin, l'inauguration du nouveau siège d'Ivry-sur-Seine est reportée sine die, de même que l'université de rentrée qui devait avoir lieu le lendemain, a annoncé jeudi à l'AFP la numéro deux du parti, Corinne Narassiguin.

"Il y a un peu de retard dans les travaux, on ne veut pas faire une inauguration dans un chantier", a expliqué Mme Narassiguin. "La Rochelle a servi de rentrée politique", a-t-elle justifié.

M. Faure a prononcé samedi dernier le discours de clôture du traditionnel rendez-vous de rentrée de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR) à La Rochelle, devant un auditoire clairsemé et en l'absence de ses adversaires du Congrès.

Interrogé par l'AFP, un ténor s'étrangle en apprenant la nouvelle. "J'ai honte (...) Comment tu fais une rentrée comme celle-là !", réagit sous couvert d'anonymat ce membre du secrétariat national, la direction du parti.

Même s'il est indépendant de la volonté du premier secrétaire, ce report vient souligner la difficulté du PS à aller de l'avant, quatre mois après le congrès d'Aubervilliers. "Ca n'avance pas, c'est une réalité. On a l'impression qu'on recule !", dit la même source.

À la recherche depuis plusieurs mois d'une tête de liste pour les européennes, le parti n'a pas avancé d'un pouce sur le sujet cet été.

Sondé par M. Faure, l'ancien ministre-président de la Wallonie Paul Magnette, qui s'était illustré par son combat contre l'accord commercial euro-canadien CETA, a décliné l'offre du premier secrétaire français.

Le commissaire européen Pierre Moscovici, l'ancien secrétaire d'Etat Christian Eckert ou l'ancien député Julien Dray ont bien fait part de leur intérêt, mais aucun des deux ne fait l'unanimité dans leur camp.

L'équation pourrait même se compliquer pour M. Moscovici, qui espérait convaincre ses camarades français en étant désigné "Spitzenkandidat" (candidat pour présider la Commission européenne) du PSE, car des concurrents éventuels sont entrés en lice, dont le commissaire européen Frans Timmermans.

- Hollande et Cazeneuve à Cherbourg -

Très tôt contesté par ses rivaux défaits à la primaire, le premier secrétaire Olivier Faure peine toujours à asseoir son autorité, et l'épisode Magnette n'a pas arrangé les choses. Interviewé la semaine dernière par Le Monde, le maire de Dijon François Rebsamen, proche de Stéphane Le Foll, s'est montré très critique.

"Il faut être plus présent et plus offensif. Il ne faut pas avoir peur de François Hollande, ni de notre histoire", a-t-il jugé. Et à propos de M. Magnette: "Quelle est cette idée d’aller chercher un camarade belge sans en informer personne ?".

Le député européen Emmanuel Maurel s'agace lui aussi de ne pas avoir été prévenu de l'initiative. "J'ai dit à Faure d'arrêter de dire qu'on était prévenus", confie-t-il.

Représentant au Congrès de l'aile gauche du parti, M. Maurel s'inquiète sur le fond de "l'incapacité du PS à être audible", notamment en raison de "l'obsession d'Olivier Faure d'être à équidistance d'Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon".

M. Maurel, qui organise avec son courant et le MRC une université de rentrée à Marseille les 7 et 8 septembre, a invité M. Mélenchon à y participer à une table ronde, s'attirant un SMS furieux de M. Faure. "Le but de Jean-Luc Mélenchon, c'est de tuer le Parti socialiste !", a souligné un proche du député de Seine-et-Marne.

M. Faure doit aussi composer avec l'activisme de François Hollande, qui laisse prospérer l'idée de son éventuel retour en politique. L'ancien président de la République fait vendredi sa rentrée à Cherbourg, au côté de l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, avec l'intention de s'exprimer sur la rentrée de l'exécutif, comme du parti qu'il a longtemps dirigé. Peut-être répondra-t-il aussi à M. Faure, qui l'avait qualifié en juillet de "champion du déni".

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