Législatives : le point sur les dissidences PS, Renaissance, LR et RN

Législatives : le point sur les dissidences PS, Renaissance, LR et RN

Comme à chaque élection législative, les dissidences se multiplient. A gauche, on les trouve surtout au PS, où l’accord de la NUPES avec LFI passe très mal chez certains socialistes. Malgré un accord avec ses alliés, la majorité présidentielle n’y coupe pas et devra faire face aussi à des candidatures dissidentes.
François Vignal

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C’est le jeu de toutes les élections législatives. Les dissidences. Ces candidates et candidats qui décident de se présenter contre le candidat investi officiellement par leur parti ou famille politique. Souvent déçus de ne pas avoir été choisis malgré leur implantation locale, ou dénonçant les parachutages venus de Paris, ils décident d’y aller sans l’étiquette officielle, ni le soutien financier de leur parti. Et parfois ça paie. Certains députés sont élus en dissident. Ils retournent en général à la maison mère et siègent dans le groupe du parti qui les a exclus, quelques semaines plus tôt…

Au PS, Carole Delga mène et organise la fronde des candidats dissidents

La formation qui est certainement la plus touchée par les dissidences est le PS. Le Parti socialiste a conclu un accord qualifié d’historique avec La France Insoumise, EELV et le PCF pour les législatives. Cette union de la gauche, qui part sous les couleurs de la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale), est très mal passée chez une partie des socialistes. Pas seulement parce qu’il faut laisser la place à un insoumis ou un écologiste. Mais parce que l’accord sur le fond, signé avec LFI, est récusé par certains, notamment sur l’Europe ou l’attitude sur l’Ukraine.

L’étincelle est notamment venue du sud, autour de la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. Dès le 28 avril, elle présente ses candidats dans le Tarn, sans attendre l’accord. Le 4 mai, jour de l’accord, le sénateur PS de l’Hérault, Hussein Bourgi, met les pieds dans le plat. L’élu, qui est dans la mouvance de Stéphane Le Foll et d’Hélène Geoffroy, deux opposants internes au patron du PS, Olivier Faure, prévient : « L’accord national d’Olivier Faure, dans l’Hérault on s’assoit dessus, et confortablement ! » lâche à publicsenat.fr Hussein Bourgi, avant une conférence de presse pour présenter des candidats dissidents du département, aux côtés de Carole Delga.

Lire aussi » « Parachutages » aux législatives : « Une pratique aussi vieille que la République »

C’est encore la présidente de la région Occitanie qu’on retrouve à la manœuvre vendredi dernier. Lors d’une réunion en visio, Carole Delga a voulu fédérer l’ensemble des dissidents socialistes aux législatives, aux côtés de Stéphane Le Foll et d’Hélène Geoffroy, encore eux. Promis, selon Carole Delga, il ne s’agit pas d’une « fronde » mais d’« un espace de dialogue, sans aucune agressivité. Il n’y a aucune volonté de désagrégation ou de fragilisation du PS », rapporte Le Monde. Reste qu’une cinquantaine de candidats hors accord sont quand même attendus. Ces candidats compliquent les choses pour la NUPES. Le porte-parole du parti, Pierre Jouvet, a prévenu : les dissidents seront « de fait automatiquement » exclus.

En Seine-Maritime et dans la Sarthe, les dissidents socialistes se lancent

Il n’y a pas que dans le sud que l’accord passe mal. La fédération PS de Seine-Maritime a décidé de soutenir des candidats de ses rangs dans des circonscriptions réservées aux autres forces de gauche. Dénonçant « des candidats uniques et imposés, déconnectés des réalités de terrain », et les « parachutages, pratiques d’un autre temps », la fédération soutient trois candidats PS face à des candidats insoumis et un communiste. Dans d’autres « circos », elle soutient en revanche des représentants de la NUPES.

Dans la Sarthe, sur les terres de Stéphane Le Foll, les dissidences poussent aussi comme des bourgeons au printemps. La fédération départementale du PS va soutenir quatre candidats en dehors de l’accord de la NUPES. Muriel Cabaret va notamment se présenter contre une députée PS sortante, Marietta Karamanli.

En Dordogne, Bernard Cazeneuve vient faire campagne pour les dissidents PS

En Dordogne, les quatre « circos » verront des candidats PS dissidents tenter leur chance face à ceux investis par la NUPES, trois LFI et un membre de Génération.s. Comme dans de nombreux départements, aucun socialiste n’est investi, alimentant la colère contre l’accord. Bernard Cazeneuve, qui a quitté le PS pour dénoncer l’union avec LFI, est venu soutenir les dissidents. Floran Vadillo, candidat dans la 1ere circonscription, a démissionné de son poste de secrétaire national du PS.

Dans la Loire, c’est le conseiller municipal de Saint-Etienne, Pierrick Courbon, qui récuse l’accord de la NUPES. Il sera candidat contre Laëtitia Copin, qui a reçu l’investiture. Il aura pour suppléant une figure socialiste connue, Régis Juanico, sortant PS, qui ne se représente pas.

A Paris, les socialistes au secours de Lamia El Aaraje

Côté communiste, la maire PCF de Vénissieux, Michèle Picard, qui espérait être investie après le retrait de Taha Bouhafs, accusé de violences sexuelles, a finalement retiré sa candidature. Dans cette circonscription réservée à LFI selon l’accord, le candidat sera Idir Boumertit. Il est l’un des adjoints de Michèle Picard.

A Paris, un cas médiatique a attiré les projeteurs. C’est celui de la socialiste Lamia El Aaraje. Elle sera candidate face à l’insoumise Danielle Simonnet, qui a eu l’investiture de la NUPES. Lors d’une législative partielle, en juin 2021, dans la 15e circonscription de la capitale qui englobe une partie du 20e et du 11e arrondissement, Lamia El Aaraje avait battu au second tour Danielle Simonnet, avec 55,6 % des voix. Mais l’élection a ensuite été invalidée en janvier 2022 par le Conseil constitutionnel, à cause d’un candidat qui avait frauduleusement affiché le soutien de LREM, « portant atteinte à la sincérité du scrutin ». Lionel Jospin est sorti de sa réserve pour apporter son soutien à Lamia El Aaraje, qui reçoit aussi l’appui du parti, malgré l’accord national…

Chez LREM, des dissidences malgré l’accord d’union au sein de la majorité présidentielle

Chez LREM – ou plutôt Renaissance, le nouveau nom du parti – on connaît aussi quelques dissidences, même si la majorité présidentielle a réussi à dégoupiller les plus gros risques, grâce à l’accord avec Horizons, le parti d’Edouard Philippe. Avec Renaissance et le Modem, les trois partis partent sous bannière commune d’Ensemble ! pour les législatives.

Les projecteurs se sont concentrés sur le cas de Jérôme Peyrat. Il vient finalement de retirer sa candidature. Cet ancien conseiller d’Emmanuel Macron à l’Elysée avait été investi dans la 4e circonscription de Dordogne, malgré sa condamnation en septembre 2020 pour violences conjugales. Son ex-compagne avait reçu 14 jours d’ITT (incapacité temporaire de travail). La député LREM sortante, Jacqueline Dubois, qui n’a pas reçu l’investiture de son parti, avait décidé malgré tout de se représenter en dissidente. La situation était devenue un enjeu national pour Renaissance. Mercredi matin, sur France Info, le délégué général de Renaissance, Stanislas Guérini, a tenté de prendre la défense de Jérôme Peyrat, qui a occupé le poste de conseiller politique pour LREM après son passage à l’Elysée. « C’est un honnête homme, je ne le crois pas capable de violences sur les femmes » a soutenu le numéro 1 de l’ancienne République en marche. Des propos qui ont valu à Stanislas Guérini de nombreuses critiques de l’opposition, surtout de gauche. Devant la pression, Jérôme Peyrat a finalement annoncé à l’AFP retirer sa candidature. « Nous avons convenu ensemble qu’il retire sa candidature », affirme dans un communiqué Stanislas Guérini, qui « mesure » que ses propos « ont pu heurter et blesser ». Le retrait de Jérôme Peyrat devrait faire les affaires de Jacqueline Dubois.

La candidature de Manuel Valls contestée par le sortant LREM

Autre cas litigieux chez Renaissance, mais ici de manière beaucoup plus classique : celui de Manuel Valls. L’ancien premier ministre socialiste a été investi par le parti présidentiel dans la 5e circonscription des Français de l’étranger. Pas du tout du goût du député LREM sortant, Stéphane Vojetta. Conséquence : ce dernier a été exclu du parti, a affirmé l’entourage de Stanislas Guérini au HuffPost.

Autre dissidence : celle de Nathalie Elimas. Celle qui n’est autre que l’ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Education prioritaire est candidate dans le Val-d’Oise, face à Estelle Folest. Nathalie Elimas, qui n’a pas été réinvestie, est visée par une enquête pour harcèlement moral, ce qui l’a forcée à quitter le gouvernement en mars dernier. En Loire-Atlantique, François-Xavier Le Hécho, est lui candidat dissident face à Jordan Esnault. Même tarif, il a été exclu de Renaissance.

A Brest, trois candidats macronistes se font face

Dans une autre circonscription des Français de l’étranger, la 9e, la ministre Elisabeth Moreno, investie par le mouvement, devra affronter Ahmed Eddarraz, qui maintient sa candidature. Il s’agit de la circonscription du député ex-LREM M’jid El Guerrab, condamné le 12 mai à un an de prison ferme et deux ans d’inéligibilité pour l’agression d’un ancien responsable socialiste en 2017. Il compte faire appel.

En Bretagne, la deuxième circonscription du Finistère, celle de Brest, est pour le moins convoitée chez les macronistes. Ils seront trois à se revendiquer d’Emmanuel Macron ! Marc Coatanéa a été investi par Ensemble. Mais il est contesté par Mikaël Cabon. Jean-Charles Larsonneur, député sortant du groupe Agir, l’une des composantes de la majorité présidentielle, espère lui être réélu et sera candidat. Plus on est de fous… Pour expliquer cet enthousiasme collectif, il faut souligner qu’Emmanuel Macron a réalisé un score de 69,8 % au second tour. Ça aiguise les appétits.

Au RN, le cas de Philippe Vardon

Le Rassemblement national ne coupe pas au phénomène des dissidences. La plus remarquée est sûrement celle de Philippe Vardon. Le parti d’extrême droite reproche au président du groupe d’opposition RN, au conseil municipal de Nice, d’avoir été un peu trop conciliant avec Eric Zemmour. Philippe Vardon, ancien responsable du Bloc identitaire, a d’ailleurs finalement reçu le soutien de Reconquête pour le scrutin. Le RN a préféré investir Benoît Kandel, ancien adjoint de Christian Estrosi.

Les LR plutôt épargnés par les dissidences

A droite, les dissidences semblent moins importantes que dans le passé, où les LR avaient des perspectives électorales plus réjouissantes. Dans le Loiret, le député LR sortant Claude de Ganay devra malgré tout faire face à la candidature du maire UDI de Sully-sur-Loire, Jean-Luc Riglet, malgré un accord national entre les deux formations.

Dans le Finistère, Isabelle Ménard, candidate à Quimper, soutenue par LR et l’UDI, devra faire face au dissident LR Georges-Philippe Fontaine. Dans la deuxième circonscription des Côtes-d’Armor, du côté de Dinan, Michel Desbois, maire LR de Saint-Méloir-des-Bois, se lance aussi dans la bataille des législatives sans l’investiture.

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