Législatives : les sondages publiés avant le second tour ont-ils toujours vu juste ?

Législatives : les sondages publiés avant le second tour ont-ils toujours vu juste ?

J-2 avant le second tour des élections législatives françaises. Que disaient les enquêtes d’opinion à quelques jours de cette échéance durant les précédentes élections ? Leurs projections en sièges ont-elles été fidèles à la réalité ?
Guillaume Jacquot

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Dernière journée de campagne pour les candidats aux législatives. Les ultimes sondages depuis hier semblent accréditer l’hypothèse d’une victoire pour Ensemble (LREM, MoDem, Horizons). Selon la projection Ipsos (*) par exemple, la majorité présidentielle pourrait remporter 265 à 305 sièges, contre 140 à 180 pour la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), 12 à 24 pour les candidats divers gauche, 60 à 80 pour LR, l’UDI et les divers centre. Le RN obtiendrait 20 à 50 sièges. Que disaient les anciens sondages à quelques jours du second tour ? Plongée en arrière dans les archives.

En 2017, une vague LREM très surestimée

Durant l’entre-deux-tours des législatives 2017, il ne faisait aucun doute que le jeune parti présidentiel allait conquérir la majorité à l’Assemblée nationale. Les instituts de sondage ont toutefois abordé avec difficulté cette nouvelle donne politique, en surestimant nettement l’ampleur de la vague En Marche. Deux jours avant le second tour, Odoxa parle de « triomphe » probable pour LREM, anticipant les trois quarts des députés pour le camp présidentiel. Près de 450. Dans sa notice, l’institut insiste sur une possible abstention record de 50 à 56 %, estimant que les Français auront « laissé faire un tel tsunami ».

Harris Interactive la veille, tablait également sur un raz-de-marée, avec 440-470 sièges pour LREM et le MoDem, contre 36 à 77 sièges pour les groupes de gauche, 60-80 pour LR-UDI-divers droite.

L’erreur d’appréciation a été extrêmement large puisque LREM et le MoDem ont obtenu 350 sièges, tandis que LR et UDI récoltaient 130 sièges, là où Odoxa n’anticipait même pas le franchissement de la barre des 100 députés.

En 2012, le PS et ses alliés dans la fourchette anticipée par les enquêtes

Pour le second tour des législatives 2012, les instituts ont vu juste. Les différentes enquêtes anticipaient entre 290 et 330 sièges pour les socialistes, avec leurs alliés du Parti radical de gauche (PRG) et du Mouvement républicain et citoyen (MRC). À l’issue de l’élection, on comptait 300 députés PS, PRG ou apparentés. Deux jours avant le scrutin, Bruno Jeanbart, directeur adjoint d’OpinionWay estimait que la majorité, sauf accident, était « acquise » et que le bas de la fourchette (295 députés) était « improbable ». Le bloc PS-PRG était pourtant bien plus éloigné à l’arrivée du haut de cette fourchette (330 députés). Avec 225 députés UMP-UDI, là aussi les différentes projections calculées étaient dans les clous.

En 2007, l’avance de l’UMP s’est révélée beaucoup moins haute que prévu

Les enquêtes d’opinion réalisées durant l’entre-deux-tours des législatives 2007 ont en revanche beaucoup surestimé l’avance de la majorité de droite et du centre. Le 15 juin par exemple, à deux jours du second tour, Ipsos-Dell publie un sondage laissant entrevoir la plus importante majorité de droite et du centre depuis la vague bleue de 1993. L’enquête anticipe entre 401 et 436 sièges pour l’UMP et ses alliés, contre 137 à 174 pour les députés de gauche. À l’arrivée, la droite et le centre totalisent 343 sièges, bien loin des chiffres flatteurs calculés 48 heures plus tôt. Ce sondage a été réalisé les 13 et 14 juin, c’est-à-dire peu de temps après le début de la polémique sur le projet de TVA sociale imaginé par la droite (relire notre article). Un sondage BVA publié quatre jours avant le second tour tablait sur 394 à 434 sièges pour l’UMP. Les conséquences de cette proposition sur l’électorat ont été mal perçues par les instituts.

En 2002, le score la majorité UMP s’est révélé relativement proche des dernières enquêtes

Après le raté du 1er tour de la présidentielle, les enquêtes d’opinion étaient attendues au tournant pour les législatives. Après le premier tour, sur la base de leurs panels, les instituts ont relevé leurs estimations pour la majorité présidentielle de droite et du centre.

Un sondage Ipsos publié le 12 juin 2002, soit quatre jours avant le second tour, faisait état de 384 à 414 députés pour la nouvelle UMP (en incluant des candidats divers droite). Avec 365 sièges pour l’UMP le jour du scrutin, l’enquête a plutôt vu juste. L’Ifop, le même jour, anticipait 150 députés de plus pour la droite par rapport à l’assemblée sortante, soit environ 390 députés.

En 1997, après le premier tour, les sondages voient venir une victoire de la gauche

Il y a eu un avant et un après 25 mai 1997 dans les instituts de sondages. Avant le premier tour, plusieurs enquêtes observaient une majorité de sièges pour la droite et le centre dans leurs enquêtes. Après le premier tour, les mesures d’opinion ont sensiblement changé. À six jours du second tour, BVA publie de projections de 274 à 308 sièges pour la gauche (PS, Verts, communistes et divers gauche). À l’issue du second tour, la gauche plurielle a réuni 319 sièges, soit légèrement que le haut de la fourchette de BVA.

Durant les heures précédents le scrutin, un sondage de la Sofres publié sur le site de La Tribune de Genève (le sondage était interdit de publication sur le territoire français) attribuait 315 sièges au PS et ses alliés.

Le 30 mai, dernier vendredi avant le dimanche électoral, un article des Échos, relatif aux mouvements sur les marchés financiers, évoquait tout de même un sondage donnant la droite gagnante. « Les investisseurs ont profité d’un sondage donnant la droite gagnante de 10 sièges pour s’engouffrer dans la brèche. Résultats vite corrigés puisque quelques heures plus tard d’autres sondages donnaient à nouveau la gauche gagnante de façon plus ou moins confortable. »

(*) Le sondage Ipsos Sopra Steria pour Radio France et France Télévisions a été réalisé par internet du 15 au 16 juin 2022 auprès de 1 991 personnes inscrites sur les listes électorales, constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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