Législatives : « Où est passée Marine le Pen ? »

Législatives : « Où est passée Marine le Pen ? »

En déplacement dans les Bouches-du-Rhône pour soutenir les candidats RN, Marine Le Pen est pour le moins discrète dans la campagne des législatives. Sa formation devrait pourtant multiplier par trois le nombre de ses députés à l’Assemblée nationale. « Elle joue la sécurité en capitalisant sur sa campagne présidentielle et cela semble lui suffire », relève le politologue Bruno Cautrès.
Simon Barbarit

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Le FN (devenu RN) va bientôt fêter ses 50 ans. Marine Le Pen peut mesurer le chemin parcouru depuis qu’elle a repris en main le parti fondé par son père. En avril, elle a accédé pour la seconde fois au second tour de l’élection présidentielle réalisant un score historique : 41,5 % au second tour, soit 2 650 000 suffrages de plus qu’en 2017.

Dans la prochaine législature sa formation est même bien partie pour avoir un groupe de 20 à 40 parlementaires, une première depuis le retour du scrutin majoritaire uninominal. Ce mardi, Marine Le Pen est dans les Bouches-du-Rhône, qui abrite la plus grosse fédération du parti, pour soutenir 16 candidats RN.

« La seule alternative sincère, la seule opposition, c’est nous ! », martèle Marine Le Pen, elle-même, candidate à sa réélection dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Mais au-delà de la déclaration d’intention, Marine Le Pen ne se jette pas à corps perdu dans la campagne. Elle n’ira pas, par exemple, dans le département voisin du Var, soutenir le candidat RN, Philippe Lottiaux qui fait face à Éric Zemmour.

« La seule véritable actualité de ces législatives, c’est l’alliance à gauche »

« Mais où est passée Marine Le Pen ? » fait mine de s’interroger le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. « Après son score à la présidentielle et la perspective de multiplier au moins par trois les députés RN (8 députés RN élus 2017), Marine Le Pen s’est constitué un beau tableau de chasse. Elle joue la sécurité en capitalisant sur sa campagne présidentielle et cela semble lui suffire. Si l’on regarde du côté de la majorité présidentielle, c’est un peu la même chose. La seule véritable actualité de ces législatives, c’est l’alliance à gauche », relève-t-il.

«J’ai dit que je souhaitais mettre mon énergie à la présidence du groupe des députés à l’Assemblee. Car il va y avoir des combats fondamentaux. Qu’on ne peut pas tout faire à la fois. Je continue à faire de la politique et me battre. Je voudrais rassurer tout le monde. Je suis là bien là je mène la bataille des législatives. Je lutterai à l’assemblée contre la politique toxique d’Emmanuel Macron et j’espère le faire avec le maximum de députés mais ça dépend des électeurs », a rassuré Marine Le Pen, à son arrivée dans le département ce mardi, confirmant qu'elle pourrait laisser la présidence du parti à Jordan Bardella.

« L’autre objectif de Marine Le Pen, c’est d’en terminer avec Éric Zemmour »

Contrairement à Jean-Luc Mélenchon, pas question de faire miroiter aux électeurs une quelconque cohabitation. « La différence avec Jean-Luc Mélenchon, c’est qu’on ne ment pas aux Français. Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre. Expliquer aux Français que LFI va gouverner la France est un mensonge. Les institutions veulent que les législatives soient le moment où le Président constitue sa majorité », avait développé, il y a une dizaine de jours, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, lors de la présentation définitive des candidats.

« L’autre objectif de Marine Le Pen, c’est d’en terminer avec Éric Zemmour. Une alliance avec Reconquête aurait pu lui permettre d’avoir un groupe plus conséquent mais ça aurait surtout permis à Éric Zemmour d’exister. Pour Marine Le Pen, ces législatives doivent solder l’influence d’Éric Zemmour », rappelle Bruno Cautrès.

Une autre difficulté, et non des moindres, pour le RN est d’investir un personnel politique expérimenté. Ces derniers jours, les bourdes de plusieurs candidats sur les télés régionales ont fait rire la toile. « Les législatives ne sont pas une élection facile pour le RN car il y a une prime à l’ancrage local. Malgré ses bons résultats dans les territoires ruraux, le RN dispose de peu de cadres bien implantés », conclut le politologue.

 

 

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