Législatives : les consignes de vote pour le second tour

Législatives : les consignes de vote pour le second tour

Quel message envoyer à ses électeurs en cas d’élimination au premier tour ? Depuis dimanche soir, les partis ont fait passer des consignes de vote chacun à leur manière. Les performances ont parfois viré au numéro d’équilibriste, voire de cascadeur.
Guillaume Jacquot

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Aucun parti ne peut se vanter d’être présent dans l’intégralité des 577 circonscriptions pour le second tour des élections législatives. Et dans les duels où ces derniers ne restent plus que spectateurs, les consignes de vote varient parfois. Depuis le soir du premier tour, plusieurs mots d’ordre ont circulé quant à la ligne à tenir, avec parfois des divergences au sein même d’un mouvement.

Cafouillage dans la majorité présidentielle, qui passe d’une règle « au cas par cas » à « pas une seule voix pour le RN »

Au sein de la majorité présidentielle tout d’abord, une ligne dispersée, voire une certaine cacophonie, a régné au fur et à mesure de la remontée des résultats. Comme nous l’expliquions hier, différents cadres ou ministres Renaissance (ex-LREM) n’étaient pas sur la même longueur d’onde sur la conduite à tenir en cas de second tour opposant la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) au Rassemblement national. 58 circonscriptions tout de même, sont concernées. Gabriel Attal, par exemple, a très vite considéré qu’il fallait étudier chaque candidat en lice localement. Un mot d’ordre exprimé plus tard dans la soirée par le parti. Dans une déclaration à l’AFP, Renaissance a expliqué qu’il n’y ait pas de mot d’ordre national mais seulement du « cas par cas ». Avant que l’une des porte-paroles, Maud Bregeon, n’exprime un autre son de cloche : « Pas une voix ne doit aller au RN ». Cette position avait été exprimée également par Clément Beaune, ministre délégué chargé de l’Europe, mais à titre personnel.

La ligne a progressivement mué, face aux critiques. Après avoir renvoyé dos à dos « les extrêmes » la veille, Élisabeth Borne a précisé la règle ce lundi dans le Calvados. « Notre position, c’est aucune voix pour le Front national », a-t-elle clamé. Tout en précisant : « Concernant les candidats NUPES, si on a affaire à une personne qui ne respecte pas les valeurs républicaines, qui insulte nos policiers, qui demande de ne plus soutenir l’Ukraine, qui veut sortir de l’Europe, nous n’allons pas voter pour lui. »

La porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a, elle, fait preuve d’un revirement qui n’est pas passé inaperçu. « Je crois que ce sont des débats locaux et ça n’est pas ce soir un enjeu national », expliquait-elle quelques minutes après l’annonce des résultats. Ce matin, sur RTL, sa position a évolué. « Pas une seule voix au Rassemblement national. Pas une voix pour un projet de fermeture, que nous n’estimons pas être bon pour le pays. » Elle a toutefois souligné que « quelques candidats (NUPES) » avaient « une position antirépublicaine ». « C’est une poignée dans ces cas, nous nous en remettrons à la volonté des citoyens. »

La règle nationale ne s’impose pourtant pas partout. Dans le Pas-de-Calais, la candidate éliminée de la majorité présidentielle, Alexandrine Pintus a annoncé qu’elle votera blanc dans le duel qui opposera Marine Le Pen (RN) face à Marine Tondelier (NUPES). Selon la candidate du parti présidentiel, l’écologiste Marine Tondelier n’est « pas républicaine ».

L’appel de Jean-Luc Mélenchon à « déferler »

Pour le tribun de la NUPES, Jean-Luc Mélenchon, le choix a été fait de laisser la responsabilité aux électeurs. « Chacun appréciera dans sa circonscription quel est son devoir », a-t-il déclaré dimanche soir, peu après les premières estimations. Pour le reste, la figure de proue de la France insoumise a encouragé les électeurs à « déferler » dans les urnes, après un premier tour marqué par une abstention historique. « Nous n’avons aucun doute sur l’intelligence de notre peuple, ni aucune réserve à l’égard de la décision que, pour finir, il prendra quant à la composition de l’Assemblée nationale. »

Un « ni-ni » au Rassemblement national

Pour les circonscriptions où s’affronteront la majorité présidentielle et la NUPES, le Rassemblement national a fait le choix d’un non-choix. Marine Le Pen a invité les électeurs à « agir en conscience », « en fonction du sens patriotique ». « J’invite les électeurs à ne pas choisir entre les destructeurs d’en haut et les destructeurs d’en bas. A ne pas choisir entre ceux qui veulent vous priver de vos droits et ceux qui veulent vous priver de vos biens. La France n’est ni une salle de marché, ni une ZAD. »

Chez LR, le « pas une voix pour les extrêmes »

Les Républicains ont certes retrouvé des couleurs depuis leur score famélique de la présidentielle. Il n’empêche, les qualifications pour le second tour des législatives restent très minoritaires. Les candidats LR se sont maintenus dans une circonscription sur huit. De quoi là aussi se poser des questions sur la ligne à tenir. Le patron du parti, Christian Jacob, avait été interrogé sur cette éventualité, le 7 juin, lors d’une conférence de presse. « On a toujours eu une position très claire, c’est le refus des extrêmes […] Pas une voix pour les extrêmes. » Après les résultats du premier tour, le président du parti a annoncé qu’une décision serait prise « au cours d’un conseil stratégique », qui s’est tenu ce 13 juin. Le député attend d’ailleurs des gages de la part d’Ensemble, notamment un soutien explicite en cas de duel LR contre le RN ou la NUPES.

Ce lundi, Gérard Larcher s’est exprimé à son tour, en indiquant qu’ « aucune voix ne doit aller aux extrêmes ». Pour le président du Sénat, la NUPES et le RN « représentent le même danger pour notre pays ». A titre personnel, dans sa circonscription de Rambouillet (Yvelines), il votera pour la candidate de la majorité présidentielle, qui affronte un candidat NUPES. Le premier des sénateurs ajoute qu’il aurait fait de même en cas de duel intégrant un candidat RN. « J’attends de la majorité présidentielle la même attitude », a-t-il demandé.

Bruno Retailleau, le 7 juin, sur France 2, avait plutôt plaidé pour l’absence de consigne. « Beaucoup de nos électeurs voteront sans doute Macron face à la NUPES mais nous ne donnerons pas de consigne de vote car les consignes de vote ça ne fonctionne plus, ça énerve même les gens. Les gens sont autonomes. » Selon le président du groupe LR au Sénat, cette position vaut aussi bien pour les duels LREM-RN.

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