Législatives : quels duels pour dimanche prochain ?

Législatives : quels duels pour dimanche prochain ?

Après le 1er tour des élections législatives, les rapports de force commencent à se dessiner. La NUPES a bien réussi à installer le match avec la majorité présidentielle, mais le RN et la droite arrivent tout de même à se maintenir dans de nombreuses circonscriptions. Retour sur les différentes configurations de 2nd tour qui se tiendront dimanche 19 juin prochain.
Louis Mollier-Sabet

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  • 52,49 % d’abstention : un record

Avec 23 257 476 votants sur 49 millions d’inscrits, l’abstention a atteint un niveau record pour un premier tour d’élections législatives, ce dimanche 12 juin. 52,49 % des inscrits sur les listes électorales ne se sont pas déplacés hier, contre 51,3 % en 2017.

  • 4 députés LFI (NUPES) et 1 député Horizons (Ensemble) élus dès le 1er tour

Dans 5 circonscriptions sur 577, les électeurs ne seront pas appelés à aller aux urnes dimanche 19 juin prochain. 4 députés LFI ont en effet réuni 50 % des suffrages exprimés et 25 % des inscrits, condition pour être élu dès le 1er tour en région parisienne : les sortants Alexis Corbière, dans la 7ème circonscription de Seine-Saint-Denis, et Danièle Obono dans la 17ème circonscription de Paris, ainsi que les nouvelles entrantes au Palais Bourbon Sophia Chikirou, ancienne conseillère communication de Jean-Luc Mélenchon, dans la 6ème circonscription de Paris, et Sarah Legrain, dirigeante LFI, dans la 16ème circonscription de Paris. Du côté de la majorité présidentielle, seul le centriste Yannick Favennec, dans la 3ème circonscription de la Mayenne, a été élu dès le 1er tour. Il siègera dans le groupe parlementaire Horizons d’Edouard Philippe.

  • Avec 276 duels Ensemble – NUPES, Jean-Luc Mélenchon installe le match avec la majorité présidentielle

Le ministère de l’Intérieur n’ayant pas étiqueté de candidat « NUPES » en Outre-mer et en Corse, il restait 539 circonscriptions métropolitaines hors Corse où les duels ont été « nuancés » par le ministère de l’Intérieur sous les étiquettes des alliances nationales. La NUPES conteste ce décompte, mais toujours est-il que sur ces 540 circonscriptions, 5 députés ont été élus au 1er tour, dont 4 pour LFI-NUPES, et 1 pour Ensemble-Horizon. En ajoutant le 1er tour, qui a eu lieu il y a une semaine dans les circonscriptions des Français de l’étranger, cela laisse donc 551 seconds tours qui se dérouleront dimanche 19 juin prochain, hors Corse et Outre-mer.

Dans plus de la moitié de ces circonscriptions, le 2nd tour opposera un candidat de la majorité présidentielle et un candidat de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES). Avec 276 duels entre Ensemble et la NUPES, configuration de très loin la plus répandue de ces élections législatives, Jean-Luc Mélenchon a ainsi réussi son pari d’installer un « troisième tour » face à Emmanuel Macron, après sa courte défaite au 1er tour de l’élection présidentielle. Avec plus de 400 candidats qui se maintiennent, la majorité présidentielle est la force politique la plus présente de ces élections législatives, suivie par la NUPES, qui arrive à se maintenir dans 380 à 390 circonscriptions selon les nuances retenues en Outre-mer. Significativement, ces deux alliances sont les seules à être présentes dans les 8 triangulaires de ces élections législatives. Les candidats investis par la NUPES affronteront par ailleurs des dissidents de gauche ou des divers gauche dans 6 circonscriptions métropolitaines.

  • Le RN résiste se maintient dans 208 circonscriptions

Le RN réussit mieux qu’en 2017 à maintenir le score de Marine Le Pen à la présidentielle lors de ces élections législatives, en se qualifiant au 2nd tour dans 208 circonscriptions métropolitaines, soit deux fois plus qu’il y a 5 ans. Les candidats du Rassemblement national rejoueront le 2nd tour de l’élection présidentielle dans plus de la moitié des circonscriptions où ils se maintiennent, avec 106 duels avec les candidats d’Ensemble.

Ensuite, ils affronteront les candidats investis par la NUPES dans 61 circonscriptions et des LR-UDI dans 25 circonscriptions. Le RN sera par ailleurs présent dans 5 triangulaires face à la majorité présidentielle et la NUPES. Cette présence au 2nd tour leur assure pratiquement de pouvoir constituer un groupe parlementaire lors de la prochaine législature (15 députés). Un seuil que l’extrême droite n’a jamais atteint dans ce type de scrutin, avec l’exception de la proportionnelle intégrale de 1986 qui avait permis au parti de Jean-Marie Le Pen d’obtenir 35 sièges.

  • La droite limite la casse et se maintient dans 91 circonscriptions

En Corse et dans les Outre-mer, la droite réalise des scores corrects, en arrivant à se maintenir dans près de 10 circonscriptions. En métropole aussi, les candidats LR, UDI ou divers droite arrivent à se maintenir dans 81 circonscriptions. Une chute brutale par rapport à 2017, où plus de 300 candidats de la droite et du centre avaient réussi à se maintenir au 2nd tour, mais l’addition aurait pu être bien plus salée encore, après les 4,8 % réalisés par Valérie Pécresse à l’élection présidentielle. En métropole, LR et l’UDI affronteront logiquement des candidats des trois grands blocs à l’échelle nationale : 25 candidats du RN, 25 investis par la NUPES et 18 de la majorité présidentielle.

  • 8 triangulaires, 7 de plus qu’en 2017

Malgré une participation plus faible qu’en 2017, la tripartition du champ politique permet davantage de triangulaires qu’il y a 5 ans. Aux élections législatives, les candidats ayant réuni plus de 12,5 % des inscrits, peuvent en effet se maintenir au 2nd tour, même s’ils sont arrivés en 3ème position ce qui, avec plus de 50 % d’abstention en moyenne, veut dire rassembler plus de 25 % des suffrages exprimés. C’était arrivé dans une seule circonscription en 2017, les voix étant plus divisées, mais les législatives de 2022 vont nous offrir 8 matchs à 3 pour le 2nd tour, si tous les candidats se maintiennent.

Cinq opposeront Ensemble, la NUPES et le RN, dans les 1ère et 2ème circonscriptions du Lot-et-Garonne, la 2ème circonscription du Tarn, la 3ème circonscription de la Dordogne et la 2ème circonscription de la Nièvre. Dans les Hauts-de-Seine (2ème et 3ème circonscriptions), deux triangulaires mettront aux prises la NUPES, Ensemble et LR, tandis qu’une triangulaire opposera la NUPES, la majorité présidentielle, et un candidat divers gauche dans la 2ème circonscription du Lot.

Bilan : les configurations de 2nd tour dans les 572 circonscriptions restantes

  • 276 duels Ensemble – NUPES
  • 106 duels Ensemble – RN
  • 61 duels NUPES – RN
  • 25 duels RN – LR-UDI
  • 25 duels NUPES – LR-UDI
  • 18 duels Ensemble – LR-UDI
  • 8 triangulaires, où Ensemble et la NUPES affronteront le RN (5), LR (2) et un candidat divers gauche
  • 6 duels NUPES – dissidents de gauche ou divers gauche
  • 47 autres duels, dont les circonscriptions de Corse et d’Outre-mer

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