La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».
Lemoyne : « Macron réconcilie droite et gauche, chouans et communards, Ronsard et Grand Corps Malade »
Par Alice Bardo
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« Je ne suis pas une prise de guerre. C’est moi qui ai fait cette démarche, cet examen de conscience », tient à préciser Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur LR. L’ancien soutien d’Alain Juppé regrette le comportement de François Fillon : « Ce qui est important, c’est la crédibilité de la parole politique. Quand j’ai vu qu’il reniait cette parole, je me suis tourné vers Macron. » » Et il pense ne pas être le seul : « Depuis que j’ai annoncé ma décision j’ai des centaines et des centaines de messages, notamment de collègues parlementaires, qui me disent qu’ils y réfléchissent »
Mais alors quid de son étiquette LR ? « Je vais me désapparenter », répond le sénateur avant de confier son intention de rallier un autre groupe politique par la suite. Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains, a d’ailleurs engagé hier une procédure d’exclusion à l’encontre de celui que Guillaume Larrivé (LR) juge coupable d’une « trahison lamentable ».
Jean-Baptiste Lemoyne estime, lui, avoir fait « un choix fidèle à ses engagements » et rappelle avoir été élu sénateur en candidat indépendant (2014). Il brandit sa « profession de foi » : « J’avais marqué de ma main comme objectif la moralisation de la vie politique ». Un objectif que, selon lui, François Fillon ne respecte pas : « Il est empêtré dans un certain nombre d’affaires qui sont déplorables ». Plus encore, le sénateur de l’Yonne estime que « le lien entre Fillon et les Français est durablement altéré » et accuse le candidat LR de « mettre de l’eau dans son vin sans vouloir l’affirmer ».
« Macron fait vivre une partie du message de Juppé »
« J’ai appelé publiquement au plan B et demandé à ce que Fillon se pose la question de passer le flambeau à Alain Juppé », se souvient M. Lemoyne. Alain Juppé et Emmanuel Macron, deux hommes politiques auxquels le sénateur trouve des points communs, à commencer par le « souci de la crédibilité et de l’équité ». Plus encore, il estime qu’Emmanuel Macron « fait vivre une partie du message de Juppé, notamment celui sur la France qui se fissure en silence ».
Une manière pour Lemoyne de prouver que, selon lui, Macron rassemble. « Le clivage droite/gauche n’est plus opérant », affirme t-il. Il ouvre « Révolution », le livre-programme d’Emmanuel Macron. Lit un passage à voix haute. « Il réconcilie la droite et la gauche, les chouans et les communards, Ronsard et Grand Corps Malade, déclare le quarantenaire. Il suscite une adhésion, un enthousiasme ».
Enthousiaste, Jean-Baptiste Lemoyne l’est assurément. Car c’est aussi à son avenir politique qu’il pense. Et il joue plutôt franc-jeu : « J’ai dit à Macron que ce n’est pas juste pour faire une déclaration de soutien, car moi quand je m’engage c’est à 100%. Il lui revient d’annoncer la place qu’il souhaite que j’occupe dans ce dispositif ».