Les collectivités locales n’ont pas fini de se serrer la ceinture
Des efforts à poursuivre. Tel est le message que Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, a adressé mardi aux...

Les collectivités locales n’ont pas fini de se serrer la ceinture

Des efforts à poursuivre. Tel est le message que Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, a adressé mardi aux...
Public Sénat

Par Valentin GRAFF

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Des efforts à poursuivre. Tel est le message que Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, a adressé mardi aux collectivités locales en présentant son rapport annuel sur les finances publiques locales.

La Cour des comptes note un "coup d'arrêt à la progression des dépenses locales", provoqué par la baisse de 19%, depuis 2013, de la dotation globale de fonctionnement (DGF) versée par l'Etat aux collectivités, de 58,2 milliards d'euros à l'époque à 47,1 milliards en 2017.

Confrontées à cette diminution de ressources, les collectivités ont dû fournir des efforts de gestion, ralentissant le taux de croissance des dépenses locales "de 3,1% par an en moyenne entre 2010 et 2013 à 0,3% entre 2013 et 2017", a salué le magistrat financier.

Ce brusque ralentissement des dépenses locales a néanmoins particulièrement pénalisé les investissements, qui ont reculé de 11% entre 2013 et 2017. Les dépenses de fonctionnement ont, elles, continué de croître mais deux fois moins vite qu'auparavant (1,4% entre 2013 et 2017 contre 3% entre 2010 et 2013).

- Situation encore préoccupante -

Mais l'effort doit se poursuivre même si la situation était auparavant "très dégradée", prévient la Cour des comptes. Car en dépit de l'embellie actuelle, "plusieurs indicateurs demeurent préoccupants", selon M. Migaud.

En premier lieu, la reprise à la hausse des dépenses. En 2017, les dépenses de fonctionnement ont à nouveau augmenté (+2,1% en 2017 contre +0,1% en 2016) ainsi que les dépenses d'investissement (+6,2% en moyenne en 2017 et +10% pour les communes).

La Cour des comptes attribue notamment ce rebond à l'"atténuation de la pression qu'exerçait l'Etat sur les ressources des collectivités". La baisse de DGF avait notamment été "divisée par deux pour le bloc communal en application d'une décision du président de la République de juin 2016", rappelle Didier Migaud.

En second lieu, la Cour s'inquiète de la "grande disparité des situations locales" au sein de chaque catégorie de collectivités, régions, départements, communes ou intercommunalités. Au sein des communes, le rapport note par exemple une meilleure "maîtrise des charges par les ensembles intercommunaux de grande taille (...) dont les capacités de mutualisation sont les plus élevées".

- Nouveau dispositif -

Un changement de stratégie est survenu en 2017, avec l'arrêt des baisses de dotation de l'Etat décidé par le nouvel exécutif. Le nouveau dispositif, basé sur des contrats financiers avec l'Etat, vise à inciter les 322 collectivités les plus importantes à limiter à 1,2% la hausse annuelle de leurs dépenses de fonctionnement.

"Si l'objectif de plafonnement de ces dépenses retenu pour 2018 apparaît ambitieux mais atteignable, le respect de la trajectoire prévue pour les années suivantes est très incertain", s'inquiète la Cour des comptes.

En outre, "si la reprise de l'inflation se confirme", même l'objectif pour 2018 "ne pourra être atteint qu'au prix d'une réduction des dépenses en volume inédite jusqu'ici", note Didier Migaud.

Enfin, la Cour regrette que les plafonds de dépenses fixés par ce nouveau dispositif n'aient pas suffisamment pris en compte les disparités locales en termes de croissance démographique, revenu moyen par habitant, efforts d'économies antérieurs, etc.

Dans sa réponse à la Cour, le Premier ministre Edouard Philippe a laissé entendre que le dispositif pourrait évoluer vers "une plus grand modularité" au terme de la première année.

Partager cet article

Dans la même thématique

Les collectivités locales n’ont pas fini de se serrer la ceinture
3min

Politique

Opposition au Mercosur : « Emmanuel Macron a voulu surfer sur le mécontentement des agriculteurs », assure Jean-Louis Bourlanges

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Bourlanges est revenu sur l’accord de libre échange entre l’UE et les pays du Mercosur dont la ratification doit être signée vendredi par les États membres. Sur fond de crise agricole, Sébastien Lecornu et Emmanuel Macron, opposés au traité, ont réclamé le report du vote. Jean-Louis Bourlanges lui l’assure : le traité du Mercosur « permettra de conquérir de nouveaux marchés ».

Le

Capture
5min

Politique

Accord du Mercosur : aubaine ou menace ?

Le 18 décembre, lors du Conseil européen à Bruxelles, les 27 devraient donner leur feu vert à l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Prise en étau entre les droits de douanes américains et la Chine, l’Union européenne cherche de nouveaux débouchés pour son industrie et son agriculture. Mais certains pays, comme la France, craignent un dumping sur les prix et les normes environnementales. Alors l’accord avec le Mercosur est-il un bon deal pour l’UE ? « Ici l’Europe » ouvre le débat, avec les eurodéputés Saskia Bricmont (Les Verts/ALE, Belgique) et Charles Goerens (Renew, Luxembourg).

Le

Les collectivités locales n’ont pas fini de se serrer la ceinture
4min

Politique

« Il faut qu’autour des écoles, on n’ait pas de MacDo et de kebabs », déclare la sénatrice des Bouches-du-Rhône Brigitte Devésa

Le surpoids semble être la nouvelle épidémie du XXIè siècle. En France, près de la moitié de la population est concernée, constituant un véritable enjeu de santé publique. De quoi alerter le législateur qui entend renforcer les mesures de prévention et d’accompagnement sur le sujet. Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Brigitte Devésa et le nutritionniste créateur du nutri-score Serge Hercberg pour en débattre dans l’émission Et la santé ça va ?.

Le