« Les équipes Sarkozy ont tout fait pour empêcher la révélation de l’affaire » selon Arfi

« Les équipes Sarkozy ont tout fait pour empêcher la révélation de l’affaire » selon Arfi

Invité de l’émission « On va plus loin », Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, vient nous parler de son enquête accablante, dénonçant le financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Il a fallu 6 ans d’enquête, à Fabrice Arfi  et Karl Lake, journalistes à Mediapart, pour décrypter le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, par Mouammar Kadhafi. 

« Avec les compliments du guide » (éditions Fayard) est né de cette enquête qui débute en 2011, grâce à la découverte du disque dur de « l’un des acteurs de ce dossier » Ziad Takieddine, un « intermédiaire » : « Ce qu’on découvre à la faveur de ce dossier, c’est que les équipes Sarkozy ont tout fait pour empêcher la révélation de l’affaire : contraindre les juges, comploter contre eux, circonscrire les témoins. On publie notamment des écoutes judiciaires stupéfiantes où l’on découvre un ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, faire pression sur les services secrets français pour empêcher un témoin de parler » explique Fabrice Arfi.

Pour le dictateur libyen, ce financement lui permettait de redorer son blason, ainsi que celui de son pays : « Il faut se rappeler que Mouammar Kadhafi, qui a toujours été un dictateur, dont on a fait semblant de découvrir qu’il était un tyran en mars 2011 (…) n’avait qu’un souhait le plus cher, c’était de revenir dans ce qu’on appelle le concert des nations, retrouver de la notabilité. Et pour cela, il était prêt à payer beaucoup (…) La visite (…) en décembre 2007, l’accueil somptueux, somptuaire de la France à Mouammar Kadhafi, aucune démocratie ne lui a offert ça. Offrir ça dans le pays de la Déclaration des droits de l’homme, c’est une victoire inouïe pour Mouammar Kadhafi et c’est le remboursement symbolique de ce qu’il avait fait précédemment » affirme le journaliste de Mediapart.

Interrogé sur le bien-fondé de l’intervention militaire en Libye en 2011, Fabrice Arfi est catégorique : « Les raisons pour lesquelles nous sommes rentrés en guerre sont erronées ». Pour le journaliste, Nicolas Sarkozy, « avait un intérêt personnel dans cette guerre » : « Il y avait un intérêt politique. Faire la guerre, un an avant les élections présidentielles, ça vous permet de bondir dans les sondages (…) Ça permet aussi de répondre un peu à ce qui a été l’apathie française dans les printemps arabes ».

Quant au distinguo entre financement politique et enrichissement personnel, la frontière est poreuse pour le journaliste d’investigation : « Cela fait bientôt 20 ans que j’enquête. Je connais un peu ces affaires de corruption. Je n’ai jamais fait une grande différence entre ce qu’on appelle le financement politique et l’enrichissement personnel (…) parce que quand on se finance politiquement pour accéder au pouvoir, c’est déjà un profit personnel. Et par ailleurs, j’ai toujours vu dans les dossiers de la disparition, du déchet, de certains financements politiques qui se retrouvaient dans des poches. »

OVPL : Interview Fabrice Arfi de Mediapart sur le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy (en Intégralité)
08:05

Interview de Fabrice Arfi en intégralité

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le