Les “gilets jaunes” mobilisés pour le 3e mois du mouvement, heurts à Bordeaux et Toulouse

Les “gilets jaunes” mobilisés pour le 3e mois du mouvement, heurts à Bordeaux et Toulouse

Après trois mois de mobilisation, des dizaines de milliers de "gilets jaunes" ont défilé samedi dans plusieurs villes de France lors d'un acte...
Public Sénat

Par Alexandra DEL PERAL et Grégory DANEL avec les bureaux de l'AFP en région

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Après trois mois de mobilisation, des dizaines de milliers de "gilets jaunes" ont défilé samedi dans plusieurs villes de France lors d'un acte 14 relativement calme à Paris mais marqué de nouveau par des heurts à Toulouse et Bordeaux.

Le ministère de l'Intérieur a dénombré 41.500 manifestants en France dont 5.000 à Paris, des chiffres en recul par rapport à la semaine précédente mais régulièrement contestés par les "gilets jaunes".

Dans la capitale, une foule compacte de plusieurs milliers de personnes est partie de la place de l'Etoile vers 12H00 pour rallier plusieurs heures plus tard l'esplanade des Invalides, qui a été évacuée en fin d'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP.

Après de brefs face-à-face avec les forces de l'ordre, les "gilets jaunes" se sont dispersés, certains d'entre eux rejoignant les Champs-Elysées en début de soirée aux cris, devenus traditionnels, de "Macron démission". La plupart d'entre eux avaient quitté la célèbre artère vers 20H30.

"C'est pas la fin, ce sera la fin quand Macron nous aura entendus. Qu'il nous aura rendu la démocratie", a déclaré à l'AFP Jérôme Rodrigues, devenu un symbole des violences policières depuis qu'il a perdu un oeil fin janvier place de la Bastille.

Des
Des "gilets jaunes" manifestent près du pont Alexandre III à Paris, le 16 février 2019
AFP

Selon la préfecture de police, 26 personnes ont été interpellées à Paris et, parmi elles, 15 ont été placées en garde en vue selon le parquet de Paris.

La mobilisation semblait moins secouée par des troubles que lors de l'acte 13, pendant lequel un manifestant avait eu la main arrachée lors de heurts devant l'Assemblée nationale.

La journée à Paris a toutefois connu un bref moment de tension quand le cortège a croisé la route du philosophe Alain Finkielkraut, insulté par des manifestants aux cris de "sioniste de merde". Ces propos "sont la négation absolue de ce que nous sommes", a réagi Emmanuel Macron, "un déferlement de haine à l’état pur", a dénoncé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

- Tensions -

D'autres villes ont connu des incidents plus marqués en fin de manifestation, notamment Bordeaux, autre bastion de ce mouvement qui fragilise le gouvernement et l'a contraint à lancer un grand débat.

Des
Des "gilets jaunes" défilent dans les rues de Bordeaux, le 16 février 2019
AFP

Le cortège de 4.500 personnes (selon la police) a emprunté les rues des quartiers cossus où des tags proclamaient notamment "mort aux riches". Au bout de l'itinéraire, la police a répondu à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène à des jets de projectiles, selon des journalistes de l'AFP. 19 personnes ont été arrêtées.

"Beaucoup de gens ne viennent pas ou plus parce qu'ils voient les images, ils ont peur", dit Virginie, 42 ans, conseillère dans la grande distribution.

A Toulouse, 4.000 personnes - selon une source policière - clamaient leurs détermination derrière une banderole "Seule la mort nous arrêtera". Dix personnes ont été interpellées à la suite d'échauffourées.

Trois "gilets jaunes" ont par ailleurs été légèrement blessés à Rouen par une voiture qui a tenté de fendre le cortège. Le conducteur, qui était avec sa femme et leur bébé, était bloqué par des manifestants, selon une source policière.

Des incidents ont éclaté entre participants et forces de l'ordre, le 16 février 2019 à Toulouse en fin de manifestations des
Des incidents ont éclaté entre participants et forces de l'ordre, le 16 février 2019 à Toulouse en fin de manifestations des "gilets jaunes"
AFP

La manifestation nantaise, à laquelle ont pris part 1.600 manifestants selon une source policière, a été émaillée d'incidents avec des jets de pavés, de bouteilles et de fusées. Quatorze personnes ont été arrêtées.

Tandis qu'à Lyon, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans le centre, des "gilets jaunes" tentaient de bloquer le trafic sur l'autoroute A7, provoquant des difficultés de circulation en ce weekend de chassé-croisé.

Sur Twitter, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand a condamné le "saccage" de la permanence du député LREM de la Sarthe Damien Pichereau, en marge de la manifestation des "gilets jaunes" au Mans.

- Marche pour le RIC -

Mathieu à Lille, travailleur social de 31 ans, assure qu'il continuera "à manifester tant que ce gouvernement sera encore en place". Plus d'un millier de personnes ont battu le pavé dans la capitale des Flandres.

D'autres manifestations se sont tenues à Pontivy, Caen, Strasbourg, Rennes ou au Mans.

A Marseille, une dizaine de "gilets jaunes" ont entamé une marche pour le RIC (Référendum d'initiative citoyenne) à Marseille, qui doit les amener à Paris le 17 mars.

Lancée le 17 novembre, cette contestation semble avoir moins les faveurs de l'opinion: pour la première fois, une majorité de Français (56%) souhaitent que la mobilisation s'arrête, selon un sondage Elabe diffusé mercredi.

Des appels ont été lancés à Paris notamment pour poursuivre la mobilisation dimanche.

burs-mig/jt/cb

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le