Les parlementaires PS installent leur « rampe de lancement » pour 2022

Les parlementaires PS installent leur « rampe de lancement » pour 2022

Réunis trois jours à Montpellier pour leurs journées parlementaires, les députés et sénateurs socialistes enchaînent les plénières. Avant de recevoir mardi Anne Hidalgo, la candidate pressentie du parti, les parlementaires donnent un ton offensif pour les sept mois à venir.
Public Sénat

Par Guillaume Jacquot, Quentin Calmet et Jonathan Dupriez

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« J’aimerais que l’année prochaine, il y ait 250 députés, voire plus. » Lorsqu’il ouvre à son tour les journées parlementaires des socialistes ce 6 septembre, Patrick Kanner, le président du groupe au Sénat, aborde un ton résolument optimiste. Plus que les six derniers mois de travaux parlementaires de la législature, la centaine de députés et sénateurs PS a surtout à l’esprit les échéances électorales de 2022. Le groupe PS à l’Assemblée nationale, présidé par Valérie Rabault, en compte 29, membres apparentés inclus. Alors, quand il est question de 250 députés, un petit rire retentit dans la salle. « Qu’est-ce qui a rigolé ? », réagit avec le sourire Patrick Kanner.

Après la double défaite cinglante de 2017 - 6,3 % à la présidentielle et une Bérézina aux législatives - c’est peu dire que les socialistes abordent leur rentrée avec des objectifs ambitieux et l’espoir de revenir l’an prochain aux responsabilités. Entretemps, les municipales de 2020, suivies des départementales et régionales en juin dernier, sont venues démontrer que les socialistes n’avaient pas disparu du paysage politique. Michaël Delafosse, le maire PS de Montpellier, fait partie de cette génération d’élus quadragénaires sortis victorieux l’an dernier. L’hôte de ces journées parlementaires rappelle qu’avant de remporter le second tour de son élection, il avait commencé bien en dessous de 10 % dans les sondages.

Ebauche de programme

La députée Valérie Rabault choisit de prendre à témoin la salle avec l’exemple des élections fédérales allemandes du 26 septembre. « Olaf Scholz [le candidat social-démocrate, ndlr], était à 8 % dans les sondages. Il fait maintenant la course en tête. » Mais pour renouer avec les électeurs au niveau national, à la présidentielle, puis aux législatives, il faudra des « propositions novatrices, insiste-t-elle. Quant à Patrick Kanner, il appelle à s’inspirer du « socialisme municipal » et des idées déjà expérimentées au niveau local. Exemple à Montpellier avec l’arrivée progressive de la gratuité des transports. Parmi les autres thématiques que les socialistes veulent installer dans le débat : la jeunesse ou encore la situation de l’hôpital. » En face des « dix principales régressions » du quinquennat d’Emmanuel Macron, les socialistes veulent opposer autant d’idées clés pour une alternative.

« On commence ces journées par des débats sur la santé, l’hôpital public, les déserts médicaux. Je crois que cette année, à l’élection présidentielle, la santé sera pour une fois un thème qui sera important », anticipe le sénateur Bernard Jomier (apparenté PS). L’ancien adjoint à la santé d’Anne Hidalgo jusqu’en 2017 souligne qu’il travaillera « avec grand plaisir » avec la maire de Paris sur cette thématique.

Bernard Jomier : "On entre dans une année de grandes échéances nationales"
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Anne Hidalgo en toile de fond

Anne Hidalgo, justement, sera l’invitée phare de la deuxième journée, ce mardi. La maire de Paris, qui pourrait annoncer sa candidature dimanche sur TF1, selon Le Parisien, bénéficie d’une « très large majorité » de soutiens au sein des deux groupes parlementaires PS. Au fil des mois, elle a tissé des liens avec les parlementaires de son parti, participant par exemple au pot de fin de session parlementaire. « Sa candidature, manifestement, correspond à ce que l’on cherche : à savoir une femme, qui porte un projet politique qu’elle a elle-même assumé en tant que maire de Paris, qui aujourd’hui est capable de rassembler bien plus largement sa famille politique. Et surtout c’est une femme qui n’a pas oublié sa famille politique », résume Patrick Kanner.

 
 

Si elle devait s’officialiser, la candidature ne ferait pas débat outre mesure. « Il n’y a pas de sujet », rassure le sénateur Rachid Temal, qui aimerait néanmoins que la principale intéressée dise « où elle en est ». Au sein du parti, seul l’ancien ministre hollandais Stéphane Le Foll vise également l’investiture, mais il a peu de chances de succès. Un autre ministre, Arnaud Montebourg, s’est lancé dans la course à la présidentielle, en dehors de tout appareil. Au sein du PS, la tête d’affiche semble désormais acquise. Certains appellent néanmoins à ne pas griller les étapes. « On n’a pas parlé de la stratégie », s’inquiète la sénatrice Marie-Arlette Carlotti. « Ce n’est pas la peine du faire du rassemblement. On sort d’un hôtel, on prend une belle photo tous ensemble… […] Se rassembler c’est avoir des positions politiques et se rassembler sur du contenu, je trouve qu’on a mis les choses à l’envers. »

 
 

L’ancienne ministre de François Hollande attend avec impatience le Congrès du parti les 18 et 19 septembre à Villeurbanne, pour fixer le projet présidentiel. « Je réclame un débat, et Olivier Faure nous l’a promis, je n’ai pas trop apprécié qu’il dise que si on votait sa motion, on votait Anne Hidalgo. » Les journées parlementaires serviront, dans l’immédiat, de « rampe de lancement » à la « course de fond » vers 2022, selon les mots de Valérie Rabault. L’épreuve sportive ne fait que commencer pour la maire de Paris, de retour de Tokyo où elle a accompagné la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques. « Elle sait que la course de fond, le marathon qui se terminera par un 110 mètres haies le 10 avril prochain, est une course qui doit élargir les cercles », prévient Patrick Kanner.

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