Les révélations de Mediapart contredisent les déclarations d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase devant le Sénat

Les révélations de Mediapart contredisent les déclarations d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase devant le Sénat

Les révélations de Mediapart sur l’affaire Benalla, publiées ce jeudi, contredisent plusieurs déclarations de l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron et de l’ex-responsable de la sécurité de LREM, faites devant la commission d’enquête du Sénat, le 21 janvier.
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Par Julien Chabrout

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Ce sont des révélations qui devraient aggraver leurs cas. Ce jeudi, Mediapart publie une enquête sur Alexandre Benalla reposant notamment sur des documents inédits, dont des enregistrements. Elles mettent particulièrement en lumière les liens entre l’ex-chargé de mission de l’Elysée et Vincent Crase, ex-responsable de la sécurité de LREM et ex-gendarme réserviste en fonction à l’Elysée, tous deux mis en examen dans l’affaire des violences commises le 1er mai, à Paris.

La rencontre Alexandre Benalla - Vincent Crase, malgré le contrôle judiciaire

Le 21 janvier dernier, lors de son audition au Sénat, Vincent Crase déclarait « ne plus avoir de contact avec Alexandre Benalla car son contrôle judiciaire le lui interdit », ajoutant qu’il apprenait des nouvelles « en lisant la presse ou en regardant la télé ».

Mediapart contredit cette version. Le 26 juillet 2018, quatre jours après la mise en examen d’Alexandre Benalla dans le dossier du 1er mai, l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron et de Vincent Crase, également mis en examen à cette époque, se retrouvent en petit comité, selon un enregistrement audio du site d’investigation. Et ce en violation de leur contrôle judiciaire, qui leur interdit tout contact.

16h45. Vincent Crase déclare « ne plus avoir aucun contact avec Alexandre Benalla » puisque « son contrôle judiciaire le lui interdit »
09:00

 

Alexandre Benalla directement impliqué dans un contrat de sécurité avec un oligarque russe

Alexandre Benalla s’est personnellement impliqué, y compris dans les montages financiers, alors qu’il travaillait à l’Élysée, dans un contrat de sécurité avec Iksander Makhmudov, un oligarque russe proche de Vladimir Poutine, révèle Mediapart. Alexandre Benalla a ensuite touché de l'argent en lien avec ce contrat. Problème : devant la commission d’enquête du Sénat, le 21 janvier, l’ex-chargé de mission de l’Elysée disait le contraire, sous serment.

« Je vais réaffirmer solennellement devant vous que je n’avais aucun lien d’ordre professionnel avec une société de sécurité ou de défense », assurait Alexandre Benalla, distinguant les liens professionnels des liens d’amitié qu’il pouvait avoir. Alexandre Benalla précisait n’avoir « jamais rencontré » l’oligarque russe et n’avoir jamais « contribué » ni n’avoir été « intéressé » au « moindre contrat » négocié par son ami Vincent Crase.

 

« Je n’avais aucun lien d’ordre professionnel avec une société de sécurité ou de défense », déclare Benalla
08:11

Interrogé par la commission d’enquête, le 21 janvier, Vincent Crase confirmait la version d’Alexandre Benalla : « Il n’est jamais intervenu dans les négociations autour de ce contrat, dans la signature de ce contrat. »

Makhmudov : « M. Benalla n’est jamais intervenu dans les négociations autour de ce contrat » assure Vincent Crase
09:12

Selon les révélations de Mediapart, publiées en décembre, Iksander Makhmudov a signé un contrat de sécurité avec Mars, la société de Vincent Crase, quand ce dernier était encore chargé de la sécurité de LREM, tandis qu’Alexandre Benalla, travaillait encore à l’Elysée, et était habilité « secret défense ». Ce jeudi, le site révèle que l’ex-collaborateur du chef de l’Etat a rencontré à plusieurs reprises le représentant de l’oligarque russe en France, l’homme d’affaires Jean-Louis Hagenauer.

Après la publication de l’affaire du 1er Mai par Le Monde le 18 juillet, Alexandre Benalla s’inquiète des répercussions sur Mars, et des possibles ennuis judiciaires. « Là il faut couper la branche (…) Faut que tu disparaisses de la boîte, dit-il à Vincent Crase. Donc faut qu’on trouve un mec (..) Enfin j’ai une idée en tête, mais faut qu’on mette la boîte au nom d’un autre mec. »

Le 26 juillet, Alexandre Benalla s’est par ailleurs vanté d’avoir le soutien du chef de l’Etat, devant Vincent Crase : « Truc de dingue, le ‘patron’, hier soir il m’envoie un message, il me dit : ‘Tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux, c’est pour ça que je t’avais auprès de moi. Je suis avec Isma (Ismaël Emelien, le conseiller spécial du président, ndlr), etc. on attend Le Monde, machin, etc.’ »

Toujours le 26 juillet, dans l’enregistrement dévoilé par Mediapart, Alexandre Benalla se vante de ce tourbillon médiatique. « C’est une bonne expérience. A 26 ans, si tu veux, il n’y a pas grand monde qui vit… qui provoque deux commissions d’enquête parlementaires, qui bloque le fonctionnement du Parlement », lâche-t-il. Il semble avoir changé d'avis le 21 janvier lors de son audition au Sénat, lorsqu'il pointe du doigt le traitement médiatique : « Jeté en pâture comme ça c’est irresponsable de la part des médias, qui depuis six mois me harcèlent, harcèlent mes proches et dont le seul intérêt est de connaître la couleur des chaussettes que je mets le mercredi ou le jeudi. Il faut juste à un moment me laisser tranquille. Je travaille, j’essaye de gagner ma vie par moi-même. »

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