Les syndicats invités à Matignon : « Sans les 64 ans, il n’y a plus de réforme », prévient Franck Riester

Les syndicats invités à Matignon : « Sans les 64 ans, il n’y a plus de réforme », prévient Franck Riester

La Première ministre Élisabeth Borne tend la main aux syndicats, qu’elle recevra à Matignon la semaine prochaine, alors que la mobilisation contre la réforme des retraites demeure puissante. Sur notre antenne, Franck Riester, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, assure toutefois qu’il n’est pas question de rouvrir la discussion sur le report de l’âge légal de 62 à 64 ans.
Romain David

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Le recul de l’âge légal de départ à la retraite ne sera pas au menu des discussions entre la Première ministre et les syndicats. « Ce point-là, c’est le cœur de la réforme, sur lequel, depuis le départ, il n’y a pas d’accord. Dans la vie, il y a des moments où il faut reconnaître qu’il y a des sujets sur lesquels nous ne sommes pas d’accord. Donc, essayons de parler sur les sujets sur lesquels nous sommes d’accord », a expliqué ce mercredi 29 mars, au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Franck Riester, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement.

Au lendemain de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, Élisabeth Borne a invité l’ensemble des syndicats à venir discuter à Matignon à partir de lundi prochain, sans précision particulière quant à l’ordre du jour. Sur franceinfo, Laurent Berger, le patron de la CFDT, s’est dit prêt à répondre à cette invitation, mais entend bien remettre la question du report de 62 à 64 ans sur la table. « S’il n’y a pas de 64 ans, il n’y a plus de retour à l’équilibre et donc plus de réforme », balaye Franck Riester.

« Dans une grande démocratie comme la nôtre il y a des institutions, et il faut les respecter », martèle ce responsable gouvernemental. « Ces institutions permettent qu’un texte proposé par l’exécutif soit débattu au Parlement, il y a eu 175 heures de débats, il y a eu un vote en première lecture au Sénat, un compromis en CMP, c’est un texte issu du Parlement avec beaucoup de modifications par rapport à l’idée initiale du gouvernement. Ce compromis a été voté au Sénat, et au vu de l’incertitude, nous avons pris nos responsabilités pour le faire adopter. Les Français ne veulent pas que l’on réécrive l’histoire », soutient le ministre.

« Travailler dans le cadre d’un agenda social »

« Le fil n’a jamais été rompu avec les syndicats, c’est une bonne chose que la Première ministre puisse échanger avec eux sur tous les sujets, notamment ceux évoqués ou mis en lumière à travers la réforme des retraites sur la pénibilité au travail ou les reconversions », plaide notre invité. Une manière donc de se projeter sur le second volet de la réforme, le projet de loi travail qui devrait être présenté avant l’été. « Il faut voir de quelle manière sur cette loi on peut travailler dans le cadre d’un agenda social, avec les organisations syndicales, avec tous ceux qui veulent améliorer un certain nombre de choses dans le monde du travail. »

« Le processus politique pour trouver des majorités n’est pas bloqué »

Alors que le président de la République a demandé à sa cheffe de gouvernement de tenter d’élargir la majorité présidentielle, Franck Riester assure que la forte fracturation du Parlement n’est pas synonyme de blocage. « Depuis le début du quinquennat, il y a eu 23 textes de présentés, dont 20 ont été adoptés avec une majorité plus large que la majorité présidentielle. Vous voyez bien que l’on peut agir ! », défend-il. « La dissolution est dans les mains du président de la République, s’il l’estime nécessaire, le moment venu, il prendra cette décision-là », poursuit ce responsable gouvernemental. « Mais le processus politique pour trouver des majorités n’est pas bloqué. Nous avons un projet de loi nucléaire, un projet de loi JO qui ont été votés après la réforme des retraites », souligne-t-il.

La majorité comptait s’appuyer sur le groupe LR à l’Assemblée nationale pour élargir ses soutiens sur certains textes, les tensions qui ont divisé la droite sur la réforme des retraites interrogent désormais cette stratégie. « On a une méthode qui a fonctionné sur la plupart des textes, si l’on peut aller plus loin dans une structuration avec des partenaires nous le ferons, sinon on continuera, projet de loi par projet de loi de trouver des majorités », assure Franck Riester.

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