Loi alimentation : polémiques et divisions au menu
Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent du projet de loi agriculture et alimentation. Un texte qui est loin de faire l’unanimité au Sénat.

Loi alimentation : polémiques et divisions au menu

Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent du projet de loi agriculture et alimentation. Un texte qui est loin de faire l’unanimité au Sénat.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Hier a débuté au Sénat, l’examen du projet de loi agriculture et alimentation. Alors que Stéphane Travert, le ministre de l’agriculture et de l’alimentation a évoqué, en ouverture de la discussion générale, un « texte clé », les désaccords entre le gouvernement et les sénateurs sont nombreux.

Fabien Gay, sénateur (communiste) de Seine-Saint-Denis et membre de la commission des affaires économiques, estime que ce projet de loi n’est pas à la hauteur : « C’est la montagne qui accouche d’une souris (…) Les beaux discours de Rungis [discours d’Emmanuel Macron en octobre 2017 aux États généraux de l’alimentation - NDLR] sont déjà évanouis ». Il poursuit : « On a un défi. Il est multiple. D’abord, c’est le revenu paysan (…) Aujourd’hui, les hommes et les femmes qui travaillent la terre, qui nous nourrissent, n’arrivent pas à vivre dignement. Et souvent, ils vendent moins cher que ce que cela leur coûte à produire (…) Ceux qui se goinfrent, c’est la grande distribution. Ce projet de loi dit « On va s’occuper de ça, on va essayer de réguler un peu ». Mais en vérité, c’est comme si on mettait un troupeau de chevaux, dans un enclos de carton-pâte. Cela ne résoudra rien. »

 Le bio fait débat au Sénat puisqu’après avoir voulu supprimer le minimum de 20% de produits bio dans la restauration collective, la commission des affaires économiques du Sénat souhaite finalement rétablir cet objectif. Gilles Fumey, géographe et spécialiste de l’alimentation est catégorique : « L’argument qui consiste à dire : « Pour que les cantines puissent avoir du bio, on va être obligé d’acheter à l’extérieur » (…), nous en sommes largement responsables. On a freiné les conversions bio au début de ce quinquennat. »

Et il ajoute : « C’est assez malhonnête de dire que les Français ne pourraient pas produire du bio, alors que la production pourrait aller très vite. »

 Les sénateurs sont revenus sur la suppression de l’interdiction de remises et de rabais sur les pesticides et les insecticides. « Ce n’est pas une reculade » assure pourtant Daniel Gremillet, sénateur (LR) des Vosges et vice-président de la commission des affaires économiques. « Au contraire. On est dans un pays où l’on a la chance d’avoir des chercheurs. Il n’appartient pas aux sénateurs ou aux sénatrices de dire : « Ce produit est bon ou il n’est pas bon ». C’est aux scientifiques de nous éclairer (…) Ce n’est pas dans un texte de loi comme celui-ci qu’on décide que telle molécule est bonne ou n’est pas bonne. »

 

 À l’inverse, pour Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan et membre de la commission des affaires économiques, ce projet de loi assure « complètement insuffisamment » la sécurité sanitaire des consommateurs : « Contrairement à ce que dit Daniel Gremillet, qui dit que ce n’est pas à nous de décider si des molécules sont bonnes ou mauvaises, il y a un moment c’est [de] notre responsabilité. [En] s’appuyant sur la recherche scientifique évidemment (…) On se doit de prendre les mesures qui conviennent. »

 Vous pouvez voir et revoir le débat d’OVPL, sur le projet de loi alimentation et agriculture, en intégralité :

 

Loi alimentation : polémiques et divisions au menu (débat OVPL en intégralité)
27:37

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Loi alimentation : polémiques et divisions au menu
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Loi alimentation : polémiques et divisions au menu
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le