LREM se met en ordre de marche pour 2022

LREM se met en ordre de marche pour 2022

« Nous n’avons pas le droit à l’erreur, car nous entrons dans une période où les erreurs vont compter double », a mis en garde le premier ministre Jean Castex, en clôture des journées parlementaires LREM, à Angers. Le parti prépare son « plan de bataille » et défend le bilan. La construction de « la maison commune » avance et devrait restructurer la majorité, en cas de victoire.
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« Ce n’est pas parce qu’on porte le même maillot qu’on fait une équipe, c’est parce qu’on transpire ensemble ». François Patriat, patron des sénateurs macronistes, ne parle pas de la douceur angevine qui s’est transformée en chaleur torride, pour les journées parlementaires LREM, conclues ce mardi, à Angers. Mais bien de la majorité présidentielle. Une majorité toute tournée aujourd’hui vers la présidentielle 2022, avec un Emmanuel Macron toujours Président, pas encore officiellement candidat. Mais ses soutiens n’en font pas un mystère.

« Plan de bataille »

« L’anticyclone que nous vivons aujourd’hui, est un anticyclone qui va nous amener jusqu’à l’élection présidentielle », a dit la veille Stanislas Guerini, numéro 1 de La République En Marche. Il assume sans ambages la mise en place d’un « plan de bataille ». A partir de septembre sera lancée « la promotion du bilan », avec à la clef une campagne de tracts sur le thème de « 5 ans de plus ». Avec Emmanuel Macron évidemment.

« Ces journées marquent les premières échéances de 2022 », ajoute Richard Ferrand, président LREM de l’Assemblée nationale, dans l’optique de « demander aux Français le renouvellement de leur confiance ». « Très clairement, on se prépare », résume la députée Marie Guévenoux, déléguée générale adjointe du parti. LREM en ordre de marche ? « Bien sûr. On a aligné les énergies. On est sorti d’un moment compliqué, après les régionales », nous explique Stanislas Guerini, après le discours du premier ministre, Jean Castex, ce mardi matin, en clôture.

« Vigilance et modestie »

Le locataire de Matignon reste lui concentré à sa tâche. « A quelques mois d’échéances politiques majeures, nous devons plus que jamais assumer et exercer nos responsabilités jusqu’au bout », lance Jean Castex, qui met en garde (voir la vidéo) :

Nous n’avons pas le droit à l’erreur car nous entrons dans une période où les erreurs vont compter double, et peut-être triple.

Le débat, relancé la veille (lire ici), sur la réforme des retraites, peut être l’un de ces sujets glissants. Stanislas Guerini demande justement à ne « pas allumer l’allumette près du bec de gaz »… Face à « la période qui s’ouvre, qui sera difficile », Jean Castex appelle à la « vigilance et à la modestie, mais aussi à l’audace ».

Mener l’action « jusqu’au 24 avril, minuit »

Si l’heure du bilan n’est pas tout à fait venue, il rappelle l’action du gouvernement. Et les textes encore à venir, ou plutôt à terminer, comme la loi « 3DS », devant les députés fin octobre ou début novembre, ou encore des mesures sur l’autonomie. Mais pas un mot, en revanche, sur les retraites. Cette action, elle doit se mener « jusqu’au 24 avril, minuit. Et les Français nous attendent là-dessus », confie une ministre, pour qui la majorité doit en même temps être « capable de se projeter dans la suite ».

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Le séminaire gouvernemental, ce mercredi, sera l’occasion d’un premier bilan. Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation et de la Fonction publique, chargée du baromètre des résultats, fera un point à cette occasion, comme elle l’a fait en janvier dernier. 800.000 Français ont consulté ce baromètre jusqu’ici.

« Ne pas se laisser aller à la facilité, en disant que l’embellie est là, que la croissance revient »

Ce bilan, « nous ne savons pas le vendre », pense François Patriat. Le sénateur de la Côte d’Or ne « comprend pas pourquoi on parle toujours des mesures de droite et qu’on oublie les mesures de gauche ». Le président du groupe RDPI du Sénat appelle aussi « à ne pas se laisser aller à la facilité, en disant que l’embellie est là, que la croissance revient » (voir la vidéo ci-dessous). Sur le même thème, Christophe Castaner, à la tête des députés LREM, lance : « Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que tout est joué. A l’excès de confiance, je préfère l’excès d’humilité ». Réponse quelques minutes après de Jean Castex : « Les résultats sont au rendez-vous. Je n’ai pas à m’en excuser. Nous n’avons pas à en rougir. Nous pouvons être fiers d’être Français et de vivre en France ».

Entre le premier ministre, les parlementaires et le parti, chacun son rôle au fond. « Il y a plusieurs messages. Le premier ministre est le garant de l’action jusqu’à la dernière minute. D’autres ont un rôle de construction d’unité de la majorité et de travail plus partisan. Tout ça est complémentaire », croit Stanislas Guerini.

« Continuer ce travail de dépassement »

L’unité de la majorité passe par la mise en place d’une « maison commune ». Un projet dont on parle depuis deux ans, qui semble avancer. François Bayrou, président du Modem, avance l’idée d’un « grand mouvement politique central ». L’eurodéputé LREM et conseiller du chef de l’Etat, Stéphane Séjourné, évoque, lui « un grand parti démocrate français ».

Pour Stanislas Guerini, « il faut continuer ce travail de dépassement, de structuration, d’élargissement de la majorité présidentielle, qui ne doit pas être sa balkanisation ». Agir, qui rassemble des députés de centre-droit avec Franck Riester, ou Territoire de Progrès, y ont logiquement leur place.

Pour la « maison commune », « il faut être d’accord sur le plan et le nombre de chambres d’amis »

Mais certains ont une vision plus resserrée du projet. « LREM et le Modem, c’est le cœur du réacteur central », cadre un membre du Modem, qui ne veut pas voir cette maison commune comme une simple machine électorale. « La question, c’est comment structurer cet espace pour qu’il soit le pivot de la réélection d’Emmanuel Macron et qu’il dure après la présidentielle. Car sinon, si Macron est battu, le soir même, beaucoup repartiront d’où ils viennent, s’il n’y a pas un espace structuré », craint le même. Certains imaginent pourquoi pas un groupe commun LREM/Modem à l’Assemblée. La majorité ne serait-elle pas en train de réinventer les courants comme au PS ? « Le PS du Congrès d’Epinay alors », répond un responsable LREM, qui constate que « des lignes ont bougé ». Quelle place aussi pour les maires de centre droit, comme celui d’Angers, Christophe Béchu, proche d’Edouard Philippe ? Ce dernier lance « une initiative » le 9 octobre.

Tout est encore en « work in progress », lâche-t-on. « Cela nécessite de régler quelques détails. Il faut être d’accord sur le plan d’organisation du chantier et aussi le nombre de chambres d’amis », résume Richard Ferrand, avant d’arriver « au grand mouvement unitaire que nous appelons de nos vœux, qui verra le jour dans les mois qui viennent ». »

« Si vous faites les cons, tout va mal. Si vous ne faites pas les cons, tout va bien »

Une députée LREM goûte peu, pour sa part, ce genre de « tambouille » : « Pourquoi se faire des nœuds au cerveau sur un truc qui ne veut rien dire pour les gens ? Ça me blase un peu. Personne ne sait qui est Territoire de progrès ou Agir. Je comprends que certains réfléchissent à ça, mais de là à en faire un truc politique… » S’il est important pour la majorité, il est vrai que le sujet ne parle a priori pas aux Français. Un secrétaire d’Etat y voit au moins un avantage : « Calmer les initiatives de certains et restructurer pour la suite, après 2022 ». Comme si certains, dans la majorité, se voyaient déjà réélus.

« Nous sommes dans une forme de vie politique à l’état gazeux. La conséquence est une imprévisibilité absolue de ce qui peut se passer dans les mois qui viennent. Ne prenons aucun sondage pour acquis », tempère Stanislas Guerini. Christophe Castaner « s’inspirant de Belmondo », résume l’état d’esprit à sa manière : « Si vous faites les cons, tout va mal. Si vous ne faites pas les cons, tout va bien ».

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