Macron convoque « l’esprit français » après sa sortie sur le « Gaulois réfractaire »
Emmanuel Macron a invoqué depuis la Finlande "l'esprit français" et "l'humour" pour tenter de refermer la controverse lancée la...

Macron convoque « l’esprit français » après sa sortie sur le « Gaulois réfractaire »

Emmanuel Macron a invoqué depuis la Finlande "l'esprit français" et "l'humour" pour tenter de refermer la controverse lancée la...
Public Sénat

Par Sami ACEF

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Emmanuel Macron a invoqué depuis la Finlande "l'esprit français" et "l'humour" pour tenter de refermer la controverse lancée la veille par sa sortie sur le "Gaulois réfractaire au changement", l'opposition l'accusant de nourrir les "caricatures" et de mener "une petite opération de diversion" face à ses difficultés intérieures.

"Il y a une chose qui caractérise la France, le peuple français, c'est son goût de l'intelligence, de l'ironie, de l'humour sur soi-même, et sans doute de la complexité", a affirmé le chef de l'Etat dans un sourire, au détour d'une conférence de presse à Helsinki.

"La polémique hors contexte en 140 signes (...) je peux vous dire que ce n'est pas l'esprit français (...) il vaut mieux que ce que certains en font", a insisté le président à Helsinki.

Mercredi à Copenhague, le président avait dit son admiration pour le modèle danois de "flexisécurité", et jugé que les différences culturelles ne permettaient pas de le répliquer à l'identique en France : "Ce qui est possible est lié à une culture, un peuple marqué par son histoire. Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n'est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement !"

Dans l'opposition, plusieurs ont vu dans cette saillie un écho de sa phrase de l'été 2017 sur les Français qui "détestent les réformes".

"Il avait qualifié les Français de fainéants, et maintenant devant la reine du Danemark il nous caricature en Gaulois réfractaires", a grondé Laurent Wauquiez, président des Républicains.

"Si on ne peut plus manier l'ironie et la plaisanterie (...), on va tous faire de la langue de bois en chêne massif", avait rétorqué le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avant la mise au point présidentielle.

"Tout ça n'est pas l'essentiel", a déminé pour sa part le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, en appelant sur BFMTV à "accepter la part d'humour du président de la République".

Pendant que d'aucuns critiquaient une éventuelle faute de goût, d'autres ont soupçonné de la malice. Ainsi l'eurodéputé RN (ex-FN) Nicolas Bay a-t-il vu dans les propos présidentiels "une petite opération de diversion pour faire oublier ses difficultés de politique intérieure, la démission de Nicolas Hulot, l'affaire Benalla (...), les choix budgétaires."

- "Le fond de sa pensée" -

"Plutôt qu'une volonté de diversion, je suis convaincu qu'il traduit ici le fond de sa pensée", estime pour l'AFP Mathieu Chaigne, de l'institut BVA.

"Il s'adresse à des expatriés qui sont en capacité de comparer les diversités culturelles. Il plaît à son auditoire et perd de vue l'effet que ça peut avoir" avec "une France qu'il est en train de perdre, qui voit tout changement comme une menace, qui se sent comme une citadelle assiégée", poursuit le co-fondateur du site Délits d'opinion.

"Ce n'est pas du mépris que de dire les choses, et la vérité", a voulu assumer jeudi le chef de l'Etat : "Nous ne sommes pas un pays dont la culture est le consensus, les ajustements pas à pas". Un pays, pourtant, qui "dans les moments graves de l'Histoire, sait se transformer en profondeur".

Hasard du calendrier ou pas, les propos d'Emmanuel Macron interviennent alors que son Premier ministre Edouard Philippe reçoit à Matignon les représentants syndicaux pour parler assurance chômage et santé au travail.

"Nous sommes en 2018 après Jésus-Christ, toute la Gaule a été envahie par les Jupitériens. Toute? Non", a ironisé le secrétaire général FO Pascal Pavageau, surfant sur la référence aux aventures d'Astérix pour défendre les "irréductibles Gaulois attachés au modèle social".

"Je ne pense même pas pour le coup qu'il (Emmanuel Macron) ait raison sur le fond", a estimé le président de l'Assemblée François de Rugy. "Le peuple français est un peuple sage", "souvent un peu pessimiste", mais "lorsqu'on fait de la pédagogie et puis qu'on regarde les résultats (...) les gens n'ont pas envie de revenir en arrière", a-t-il assuré.

"Il promeut un modèle de société de +risk-takers+ (preneurs de risques, ndlr), qui se heurte à un système français qui cherche avant tout de la protection", analyse Mathieu Chaigne, "la vraie scission potentielle entre Macron et une partie de la France, elle est là".

Partager cet article

Dans la même thématique

Macron convoque « l’esprit français » après sa sortie sur le « Gaulois réfractaire »
3min

Politique

Héritage des Jeux : « En 6 ans, on a pu faire ce qu’on aurait dû faire en 30, 35 ans » affirme le sénateur de Seine-Saint-Denis Adel Ziane

Une croisière sur le canal Saint-Denis, des visites des sites olympiques de Paris 2024… Et si les Jeux avaient transformé l’image de la Seine-Saint-Denis au point de rendre ce département plus touristique ? Un an après les JOP, quel est le résultat ? La Seine-Saint Denis a-t-elle changé de visage ? Oui, déclare le sénateur du département Adel Ziane, dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Macron convoque « l’esprit français » après sa sortie sur le « Gaulois réfractaire »
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Macron convoque « l’esprit français » après sa sortie sur le « Gaulois réfractaire »
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le