Macron et les médias: la méthode change, le feuilleton continue

Macron et les médias: la méthode change, le feuilleton continue

Interpellé tous azimuts par les citoyens, Emmanuel Macron multiplie également les déclarations à la presse dans le cadre de son ...
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Par Baptiste PACE

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Interpellé tous azimuts par les citoyens, Emmanuel Macron multiplie également les déclarations à la presse dans le cadre de son "itinérance mémorielle" sur la Grande Guerre,mais en continuant ses reproches aux médias, largement tenus à distance depuis le début du quinquennat.

Le président et la presse, nouveau chapitre. "Le pays a besoin d'autre chose que de la boîte à folie dans laquelle vous êtes collectivement installés", a lancé le président aux médias qui le suivaient jeudi dans les Hauts-de-France, en pleine polémique sur le maréchal Pétain.

Cet épisode est l'ultime en date d'une "itinérance" colorée par les nombreuses interpellations de Français sur le prix du carburant et le pouvoir d'achat, auxquelles le président s'est appliqué à répondre systématiquement.

Ironie de l'histoire : avant de critiquer les médias, M. Macron les avait largement investis cette semaine en accordant pas moins de cinq entretiens en une semaine, à des journaux régionaux, à Europe 1 et à France 3 Hauts-de-France et France 3 Grand Est jeudi soir.

Un déluge de communication impressionnant de la part du chef de l'État qui, au début de son mandat, a voulu prendre ses distances avec la "présidence bavarde" de son prédécesseur, François Hollande.

"On est passé d'une parole rare à une présidence qui parle énormément". "Ils sont encore en train de tâtonner sur le style, la fréquence de la parole présidentielle. Ils n'ont pas encore trouvé leur rythme de croisière", juge Gaspard Gantzer, responsable de la communication à l'Élysée sous François Hollande et condisciple d'Emmanuel Macron à l'Ena.

"Ce n'est pas une inflexion. Mais comme les médias accompagnent son itinérance, il s'y exprime davantage. C'était prévu et il ne peut en être autrement", fait valoir de son côté l'Élysée.

En la matière, la doctrine présidentielle connaît des évolutions. Le quotidien La Voix du Nord, qui a publié une interview présidentielle dimanche, avait essuyé plusieurs refus lors de précédentes visites dans la région fin 2017.

- "Démilitariser" la relation aux médias -

Autre exemple : M. Macron, qui répond à toutes les sollicitations cette semaine, avait pas plus tard que le 23 octobre repoussé sans ménagement une question d'un journaliste sur les ventes d'armes à l'Arabie Saoudite. "Mon agenda n'est pas dicté par les médias, que ça vous plaise ou non", avait-il rétorqué.

Fluctuations également au sujet des prises de parole depuis l'étranger: M. Macron a régulièrement refusé de répondre à des questions de politique intérieure... avant de jeter le doute, depuis Helsinki, sur la mise en place du prélèvement à la source.

Cette semaine vient s'ajouter à dix-huit mois de relations compliquées avec les médias. Relations que l'Élysée entend "démilitariser", selon l'expression du conseiller Sylvain Fort, réorganisateur en chef, depuis la rentrée, de la communication élyséenne.

Parfois décrit pendant la présidentielle comme le "candidat des médias", M. Macron les a largement tenus à distance depuis son investiture : salle de presse déplacée hors des murs de l'Élysée, entretien du 14 juillet supprimé, pas de grandes conférences de presse comme en donnaient Nicolas Sarkozy et François Hollande.

L'Élysée a plutôt privilégié une communication directe au moyen de vidéos polémiques, filmées par ses équipes ("le pognon de dingue" sur la pauvreté) ou non maîtrisées (avec un jeune braqueur aux Antilles).

C'est également en tenant la presse à distance que M. Macron avait consenti à s'exprimer, cet été, sur l'affaire Benalla, avec un discours devant ses seuls soutiens, et dont la vidéo a ensuite été transmise aux médias.

Cette semaine, avant la polémique Pétain, les interpellations sur le pouvoir d'achat avaient déjà largement dominé le périple présidentiel.

"Le président est à la recherche du contact avec les Français, élément sur lequel il n'a pas réussi à convaincre". Mais "le danger dans ce type de communication, c'est qu'en fin de compte l'actualité prenne le pas sur la commémoration. C'est ce qui s'est passé", estime Franck Louvrier, qui dirigeait la communication du président Sarkozy.

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