Macron propose Thierry Breton à Bruxelles sans craindre le “conflit d’intérêts”

Macron propose Thierry Breton à Bruxelles sans craindre le “conflit d’intérêts”

Deux semaines après le rejet cinglant de Sylvie Goulard, Emmanuel Macron a proposé jeudi Thierry Breton, 64 ans, actuel PDG du groupe Atos et ex...
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Par Laurence BENHAMOU

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Deux semaines après le rejet cinglant de Sylvie Goulard, Emmanuel Macron a proposé jeudi Thierry Breton, 64 ans, actuel PDG du groupe Atos et ex-ministre de l'Economie, comme nouveau membre français à la Commission européenne, rejetant tout risque de "conflit d'intérêts".

Le chef de l'Etat et la présidente de la future Commission, Ursula von der Leyen, "se sont mis d'accord sur ce profil après une discussion en amont. Si nous proposons ce candidat, c'est qu'il convient", commente l'Elysée.

M. Breton "a les compétences et l'expérience requises", ancien ministre de l'Economie "avec des vrais résultats" et ancien chef d'entreprise qui a "réussi", a fait valoir le président lors d'une conférence de presse à Saint-Denis de La Réunion.

Le nouveau chef des Républicains Christian Jacob a rappelé sur Twitter que le choix de Mme Goulard avait été une "erreur majeure" mais il s'est "réjoui" de celui de M. Breton qui a "le profil idéal" pour ce poste.

Selon Emmanuel Macron, "la question qui va être posée, et ce sur quoi il apportera toutes les réponses, c'est +est-ce qu'il a coupé tous les liens avec l'entreprise sur le plan personnel et sur quel dossier il devra se déporter+".

Plusieurs responsables politiques, de l'eurodéputé EELV Yannick Jadot au député Les Républicains Julien Aubert, ont pointé au contraire le risque que le choix d'un grand patron comme candidat à la Commission expose à l'accusation de conflits d'intérêts, d'autant que le groupe Atos est un fournisseur de services informatiques de l'Union européenne.

- Vaste portefeuille -

La Commission européenne proposée
Les commissaires proposés par les pays de l'UE pour la nouvelle commission européenne présidée par l'Allemande Ursula von der Leyen
AFP

Principal enjeu pour Paris, le vaste portefeuille obtenu pour le Commissaire français -- politique industrielle, marché intérieur, numérique, défense et espace -- restera inchangé, malgré le camouflet infligé par le Parlement européen avec l'éviction de Sylvie Goulard le 10 octobre. Emmanuel Macron en a obtenu l'assurance d'Ursula von der Leyen, a précisé la présidence.

Et le groupe informatique Atos, par rapport à ce vaste portefeuille, "ce ne sera pas un problème de fonctionnement", a assuré jeudi M. Macron.

Pour l'exécutif, Thierry Breton, "c'est le choix de l'expérience, le choix aussi de la compétence", a commenté Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances.

Avec son parcours qui mêle public, privé et politique, ainsi que sa connaissance de l'industrie, cet ami de Jacques Chirac coche de nombreuses cases.

M. Breton "a été dirigeant d'entreprise publique, le groupe France Télécom à l'époque, il a été ministre de l'Economie et des Finances (...) avec des vrais résultats, une vraie compétence qui a été reconnue, et il a ensuite réussi comme chef d'entreprise dans le groupe Atos", a vanté Emmanuel Macron.

- Macron-compatible -

Thierry Breton, PDG du groupe Atos, et Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, le 12 avril 2016 à Paris
Thierry Breton, PDG du groupe Atos, et Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, le 12 avril 2016 à Paris
AFP/Archives

C'est lui qui, appelé à la tête de France Télécom lourdement endetté, avait redressé le groupe en réduisant ses coûts et avait conduit à sa privatisation.

Il est aussi Macron-compatible et s'était rallié à sa candidature dès avant le 1er tour, après le retrait d'Alain Juppé.

"C'est aussi un européen convaincu, qui a conduit de nombreux projets franco-allemands", ajoute l'Elysée, en particulier à la tête d'Atos qui a un siège en France et un à Munich. Thierry Breton est un ardent défenseur du développement en Europe de supercalculateurs capables de rivaliser avec Chine et Etats-Unis.

En prime, il connaît Ursula von der Leyen, avec qui il a travaillé lorsqu'elle était ministre allemande de la Défense.

Pour laisser le temps à la France, mais aussi à la Roumanie et la Hongrie, dont les candidats à la Commission ont été aussi écartés, de proposer de nouveaux noms, la prise de fonction de la nouvelle Commission a été repoussée d'un mois, au 1er décembre.

Emmanuel Macron n'a donc pas attendu le dernier moment pour trancher, après avoir passé de nombreux noms en revue: du négociateur du Brexit Michel Barnier à son conseiller Europe Clément Beaune, en passant par la ministre des Armées Florence Parly, la chef économiste de l'OCDE Laurence Boone ou l'ex-membre du directoire de la BCE Benoît Coeuré. Parité oblige, l'Elysée aurait préféré une femme mais n'a pas trouvé le profil adéquat.

En matière de conflit d'intérêts, Thierry Breton avait déjà dû répondre à de nombreuses questions lorsqu'il avait été nommé à Bercy, après avoir dirigé France Télécom et Thomson.

Il avait alors veillé à ce que les dossiers touchant ces entreprises soient traités directement par le Premier ministre.

D'ici fin novembre, le candidat devra convaincre des eurodéputés soucieux de transparence.

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