Macron retrouve l’esprit du “grand débat”

Macron retrouve l’esprit du “grand débat”

Cinq mois après la fin du grand débat, Emmanuel Macron a renoué mardi avec son esprit en débattant durant deux heures de la lutte contre la...
Public Sénat

Par Jérôme RIVET

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Cinq mois après la fin du grand débat, Emmanuel Macron a renoué mardi avec son esprit en débattant durant deux heures de la lutte contre la pauvreté avec quelque 200 personnes rassemblées dans un entrepôt de la banlieue parisienne.

Comme un clin d’œil à la crise des "gilets jaunes", le chef de l'Etat était assis au milieu de personnes portant des gilets... de couleur orange.

L'entouraient des femmes et des hommes, jeunes pour la plupart, travaillant à Ateliers Sans Frontières (ASF), une association qui accueille à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne) plus de 120 personnes à la recherche d'"une situation personnelle et professionnelle stable" après avoir connu des "accidents de la vie".

Pendant 1h30, Emmanuel Macron visite les ateliers où ces salariés travaillent à des activités solidaires comme le recyclage, la revalorisation de matériel usagé ou la logistique, notamment celle des baskets de la jeune société française Veja, qui fabrique des chaussures écologiques au Brésil.

"ASF m'a donné ma chance après cinq ans de chômage", lui explique un apprenti. "Bravo, c'est une super nouvelle!", répond-il à une jeune femme lui montrant son nouveau contrat en alternance.

Le président français Emmanuel Macron visite un chantier d'insertion à Bonneuil-sur-Marne le 10 septembre 2019
Le président français Emmanuel Macron visite un chantier d'insertion à Bonneuil-sur-Marne le 10 septembre 2019
POOL/AFP

Puis le président prend place dans un vaste hangar, rempli de cartons jusqu'au plafond, où patientent apprentis, experts du social et chefs d'entreprise. Devant lui, une table basse avec un micro et un verre d'eau, semblable à celle des séances de cinq ou six heures qui se sont tenues de janvier à avril aux quatre coins de l'hexagone.

- "Gamins en galère" -

Pendant plus d'une heure, il ne touche pas au micro. Il écoute les témoignages, comme celui d'Harmonie, une jeune mécanicienne ayant perdu son emploi après être tombée enceinte à 18 ans. Mais "j'ai trouvé la stabilité, la confiance en moi", raconte-t-elle, grâce à la Croix Rouge insertion qui lui a proposé une formation avant de lui offrir un CDI comme "encadrante technique" d'une équipe de 10 hommes.

Lorsqu'il prend finalement le micro, c'est pour réclamer d'autres interventions et donner "carte blanche" à ceux qui veulent faire part de "difficultés, de blocages" et avancer "ce qu'on peut faire mieux".

Ce que fait André Dupon, qui dirige Vitamine T, l'une des principales entreprises d'insertion de France. "J'hallucine!", lance-t-il, en regrettant qu'il faille "dix tampons" administratifs pour régler chaque dossier de "gamins en galère". "Il faut nous faire confiance!", réclame-t-il, en précisant que "chaque jour, il y a 130 postes disponibles" sur le site de Vitamine T.

"Merci pour cette liberté de ton", déclare au bout d'une heure trente Emmanuel Macron en se levant, micro à la main, pour avancer au milieu de l'assemblée. "Je crois très profondément que la guerre qu'on doit mener tous ensemble contre la pauvreté, ce n'est plus une guerre de position mais une guerre de mouvement", explique-t-il au début de son intervention longue d'une vingtaine de minutes, soit bien moins que durant le grand débat.

Il y décline des formules chères au macronisme: "Aller plus vite", "au plus proche du terrain", "avec des solutions plus hétérodoxes"... Disant "assumer totalement" les choix de son début de mandat, comme la suppression de milliers d'emplois aidés "qui ne permettaient plus d'aller vers l'emploi pérenne", il reconnaît aussi que ces décisions ont "fragilisé certains publics".

Le chef de l'Etat a aussi jugé, dans une allusion aux "gilets jaunes", que si l'on accepte "que la réussite économique d'une nation passe par de la casse sociale, à un moment donné, on a un réveil démocratique. Il est généralement brutal parce que ça monte progressivement, que tout le monde a dans sa famille quelqu'un qui finit par être au bord de la route."

Et d'insister sur le fait qu'il veut réformer "avec les gens", comme en écho à la "nouvelle méthode" de "l'acte II" de son quinquennat qui doit être, selon l'Élysée, fondée sur "l'écoute" et "la proximité".

Emmanuel Macron entend donc rééditer dans les prochains mois ces longues séances de questions-réponses pour les réformes à venir, à commencer par celle des retraites.

Dans la même thématique

Macron retrouve l’esprit du “grand débat”
8min

Politique

IA, simplification des formulaires, France Services : Gabriel Attal annonce sa feuille de route pour « débureaucratiser » les démarches administratives

En déplacement à Sceaux ce mardi dans une maison France Services, quelques minutes seulement après avoir présidé le 8e comité interministériel de la Transformation publique, le Premier ministre a annoncé le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans les services publics, ainsi que la simplification des démarches. Objectif ? Que « l’Etat soit à la hauteur des attentes des Français ».

Le

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le

Mairie de Paris, Jeux Olympiques 2024
4min

Politique

JO 2024 : les agents de sécurité privée vont-ils faire défaut ?

A trois mois des Jeux Olympiques, des incertitudes planent sur le nombre d’agents de sécurité privée mobilisés. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez indique « ne pas être inquiet pour l’instant ». Du côté des professionnels du secteur, on évalue un manque de 8 000 agents sur 40 000 nécessaires.

Le