Emmanuel Macron s'est estimé conforté par la résistance de son parti battu par le RN aux Européennes, au point de faire savoir dès dimanche soir...
Macron se sent conforté malgré la défaite
Emmanuel Macron s'est estimé conforté par la résistance de son parti battu par le RN aux Européennes, au point de faire savoir dès dimanche soir...
Par Laurence BENHAMOU
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Emmanuel Macron s'est estimé conforté par la résistance de son parti battu par le RN aux Européennes, au point de faire savoir dès dimanche soir qu'il compte "intensifier l'acte II" de son quinquennat.
"Les orientations annoncées après le grand débat vont se poursuivre, l'objectif est que les Français puissent ressentir le changement", a indiqué l'Elysée dès 20 heures.
LREM obtiendrait entre 22,4 et 22,6% des voix, contre 23,4 à 23,7% pour le RN, selon les dernières estimations disponibles.
Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, le ton était rassuré, certainement soulagé après de premiers sondages bien plus favorables au parti de Marine le Pen.
"On n'a jamais vu un parti au pouvoir avoir un score aux européennes aussi haut par rapport à l'élection présidentielle", s'est félicité la présidence, soulignant que les européennes sont traditionnellement défavorables au parti au pouvoir.
Pas de changement de Premier ministre en vue non plus, malgré les appels de l'opposition, même si des mouvements au gouvernement ne semblent pas exclus. "Le président garde toute sa confiance au Premier ministre", a répondu l'Elysée, interrogé sur l'éventualité d'un remaniement.
Pourtant, en installant ces élections comme un match entre Marine Le Pen et lui-même, en promettant de mettre "toute son énergie" à empêcher le RN d'arriver en tête et en laissant entendre qu'une place de deuxième serait pour son camp une défaite grave, le chef de l'Etat avait pris le risque de dramatiser une défaite.
- Un président joueur de poker -
Fidèle à lui-même, il a adopté la même attitude volontariste qu'après la crise des gilets jaunes et le grand débat, dont il a conclu qu'il fallait justement accélérer les réformes - mais avec une nouvelle méthode comportant "plus d'humain".
Emmanuel Macron sort de son bureau de vote au Touquet, dans le Pas-de-Calais, le 26 mai 2019
POOL/AFP
"Cela rend les choses difficiles pour ses réformes futures", a pourtant averti Jérôme Fourquet directeur du département opinion de l'institut Ifop, alors que le gouvernement planche sur des réformes explosives - retraites, assurance chômage, fonction publique.
"Jusqu'ici, dans les rangs, personne ne bronchait, mais si l'exécutif dit qu'il faut accélérer et aller plus loin, certains pourraient demander d'autres solutions et lancer des mises en garde, comme François Bayrou", ajoute cet expert.
"Avec un autre président, on aurait prédit un coup d'arrêt des réformes. Mais ce président garde un côté joueur de poker qui prend des risques", a commenté l'analyste Philippe Moreau-Chevrolet, pour qui Emmanuel Macron jouait aussi sa place de rempart contre Marine Le Pen pour la présidentielle de 2022.
"Il peut faire valoir qu'il n'a pas perdu sa base, montrer la faiblesse du reste de l'offre politique, prendre un coup et rester debout", commente l'analyste.
"C'est un scénario de défaite idéal pour LREM dont la stratégie de regroupement - via le grand débat - et de polarisation a fonctionné. Macron a torpillé la droite. Il peut clamer aujourd'hui, avec crédibilité, que le nouveau clivage est celui des nationalistes contre les progressistes. C'était l'un de ses gros enjeux sur cette élection", ajoute Philippe Moreau-Chevrolet.
L'Elysée concède seulement "une déception" face à la deuxième place de la liste Loiseau, tout en relevant qu'il n'a pas subi de "vote sanction".
Reste la place de la France en Europe et le poids du dirigeant français chez les 27, qui scruteront son score de près. Là encore, l'Elysée assure que le président français en sortira renforcé, grâce à la constitution d'un parti centriste au parlement.
"Au niveau européen, le président de la République reste à la manoeuvre pour constituer une grande alliance progressiste en Europe, une force qui sera essentielle dans le nouveau Parlement européen", ajoute l'Elysée.
Emmanuel Macron comptait d'ailleurs parler dimanche soir à la chancelière allemande Angela Merkel ainsi qu'à plusieurs de ses homologues européens, en amont du sommet prévu à Bruxelles mardi soir, afin de "construire cet arc progressiste" et pour que "la France garde son influence dans les institutions européennes".
Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.
Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».
Jeudi, le groupe écologiste du Sénat défendra deux propositions de loi dans le cadre de sa niche parlementaire. Le premier vise à garantir une continuité de revenus pour les artistes auteurs et le deuxième a pour but de garantir plus de transparence pour les riverains des parcelles agricoles exposées aux pesticides.
Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.