Mandat d’arrêt contre Alain Soral, condamné à un an ferme pour négationnisme
La justice passe à la vitesse supérieure contre Alain Soral : l'essayiste d'extrême droite est pour la première fois visé par un...

Mandat d’arrêt contre Alain Soral, condamné à un an ferme pour négationnisme

La justice passe à la vitesse supérieure contre Alain Soral : l'essayiste d'extrême droite est pour la première fois visé par un...
Public Sénat

Par Juliette MONTESSE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La justice passe à la vitesse supérieure contre Alain Soral : l'essayiste d'extrême droite est pour la première fois visé par un mandat d'arrêt délivré lundi à l'issue de sa condamnation à Paris à un an de prison ferme pour négationnisme.

En vertu de ce mandat d'arrêt, Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 60 ans, peut donc être interpellé très prochainement et conduit en détention.

"Pour la première fois, Alain Soral ira bel et bien derrière les barreaux", a réagi l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), partie civile, saluant une "condamnation qui met fin au sentiment d'impunité dont bénéficie Alain Soral", déjà condamné à plusieurs reprises, notamment pour provocation à la haine raciale.

Ni présent ni représenté à la lecture du jugement, l'essayiste a été reconnu coupable de contestation de l'existence de la Shoah pour avoir publié sur son site des conclusions litigieuses de son avocat dans une autre affaire.

Ce dernier, Damien Viguier, a été condamné à 5.000 euros d'amende pour complicité de ce délit, en raison du contenu de ces conclusions.

Tous deux "ont fait appel", selon un texte de Damien Viguier publié sur le site de Soral, "Egalité et réconciliation".

Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet s'agissant de l'essayiste. Lors de l'audience à laquelle il n'avait pas assisté, le 5 mars, l'accusation avait demandé six mois ferme contre lui, et 15.000 euros d'amende contre son avocat.

Aux sources de ce dossier se trouve une autre affaire : en 2016, le site d'Alain Soral avait publié un dessin représentant, sur une fausse Une titrée "Chutzpah Hebdo", le visage de Charlie Chaplin devant l'étoile de David, avec dans une bulle la question "Shoah où t'es ?", référence à la Une polémique de "Charlie Hebdo" après les attentats de Bruxelles, "Papa où t'es ?".

Pour cette publication jugée négationniste, Soral est définitivement condamné à 10.000 euros d'amende, avec possibilité d'emprisonnement en cas de non-paiement, depuis le rejet de son pourvoi en cassation le mois dernier.

- "La mesure du phénomène" -

En novembre 2017, "Egalité et réconciliation" avait ensuite publié les conclusions de son avocat Damien Viguier dans cette affaire. Le texte évoquait notamment une chaussure et une perruque représentées sur le dessin condamné, "Chutzpah Hebdo".

"Chaussure et cheveux font référence aux lieux de mémoire organisés comme des lieux de pèlerinage. On y met en scène des amoncellements de ces objets, afin de frapper les imaginations", avait notamment écrit l'avocat. "La coupe des cheveux se pratique dans tous les lieux de concentration et s'explique par l'hygiène", écrivait-il encore, renvoyant vers les écrits du négationniste Robert Faurisson.

S'agissant de deux autres détails du dessin, "savon et abat-jour", l'avocat avait prétendu que les savons faits à partir de graisse humaine par les nazis ou les abats-jour en peau humaine n'étaient que "propagande de guerre".

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et l'UEJF avaient signalé ces propos au parquet.

La Licra a salué dans un communiqué "la fermeté de cette décision qui doit aussi son caractère exceptionnel au mandat d'arrêt" et demandé "sans délais à tous les hébergeurs de contenus de fermer les comptes d'Alain Soral ainsi que ceux d'Egalité et Réconciliation".

"La justice prend enfin la mesure du phénomène Soral, après dix ans de condamnations pour des délits racistes et antisémites", s'est félicité l'avocat de l'UEJF et de l'association J'accuse, Stéphane Lilti.

De son côté, Gérard Guillot, défenseur de l'avocat Damien Viguier, a dénoncé "un scandale". "On condamne un avocat français pour sa simple défense dans un dossier", s'est-il insurgé.

Les deux prévenus devront verser un euro symbolique de dommages et intérêts aux quatre associations antiracistes parties civiles, ainsi que 1.500 euros au titre des frais de justice, solidairement, à chacune d'entre elles.

Ils devront aussi publier leur condamnation dans cinq journaux.

En janvier, Alain Soral avait déjà été condamné à Bobigny à un an de prison ferme, sans mandat d'arrêt, pour avoir injurié une magistrate et tenu des propos antisémites sur son site internet.

Il attend en mai quatre autres décisions de justice devant la cour d'appel de Paris.

Partager cet article

Dans la même thématique

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le

Mandat d’arrêt contre Alain Soral, condamné à un an ferme pour négationnisme
3min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « Si cet amendement est proposé, il est fort possible qu’on le vote », indique le sénateur RN Aymeric Durox

Au micro de Public Sénat et LCP, le sénateur RN Aymeric Durox annonce que sa famille politique votera en faveur de l’amendement de suppression de la réforme des retraites, qui doit être présenté par le gouvernement lors de l’examen du budget de la Sécu. Il émet toutefois de sérieuses réserves sur les chances d’aboutissement du texte au vu du contexte politique.

Le