Manifestations : « La bataille va être longue »

Manifestations : « La bataille va être longue »

Coup d’envoi des mobilisations partout en France  contre  la réforme du code du travail. À Paris, des  élus, parmi lesquels des sénateurs, se sont joints au cortège en dépit de mots d’ordre dispersés. Leur objectif ? Créer un front social capable de faire reculer le gouvernement.
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« Macron m’a bien inspiré » reconnaît Jean-Baptiste qui arbore fièrement sa pancarte « fainéants de tous pays,  unissez-vous ». À 13 Heures, la place de la Bastille est encore loin d’être remplie pour cette première grande mobilisation du quinquennat, lancée à l’appel de la CGT. En attendant ; les journalistes se pressent pour interviewer les adhérents de Force Ouvrière venus manifester malgré la consigne contraire du secrétaire général de FO. « Il faut être présent quand un mouvement commence à se créer (…) Il faut commencer à construire. C’est le plus important » estime Thierry, militant de FO qui refuse obstinément d’évoquer la position de Jean-Claude Mailly.

« Ce n’est pas comme à qu’on restaurera le plein-emploi »

Les sénateurs communistes se sont rassemblés à l’angle de la place de la Bastille et de la rue Saint-Antoine.  « Nous souhaitons poursuivre dans la rue ce que nous avons défendu dans  l’hémicycle, c’est dire mettre à bas ces projets d’ordonnances dont personne ne connaît vraiment le contenu. Au-delà du défi démocratique, il y a vraiment une attaque en règle contre le monde du travail. On sait que ce n’est pas comme à qu’on restaurera le plein-emploi » avance Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice des Hauts-de-Seine.

« Il va falloir organiser la montée en puissance de ce mouvement »

Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent enchaîne les médias avant d’aller rejoindre le numéro 1 de la CGT, Philippe Martinez, à la tête du cortège. « Cette première journée de mobilisation s’annonce très forte (…) C’est une journée qui annonce des suites » veut croire le sénateur de Paris. D’autant que pour Pierre Laurent, l’enjeu des prochaines mobilisations, (le 21 septembre à l’appel de la CGT et le 23 à l’appel de La France insoumise), est loin de se résumer à un simple baroud d’honneur. « On sait que la ratification parlementaire des ordonnances n’interviendra que dans plusieurs semaines, voire dans plusieurs mois. Il faudra aussi des décrets d’application. Nous entrons dans une bataille qui va être longue. Il va falloir organiser la montée en puissance de ce mouvement » indique-t-il. (voir la vidéo de tête)

Transformer ces premières mobilisations en un véritable front social susceptible de faire reculer le gouvernement, comme en 2006 lors du CPE (contrat première embauche), c’est ce que croit également Raquel Garrido, porte-parole de La France insoumise. (voir la vidéo)

Manifestation du 12 septembre: "le gouvernement va devoir entendre les Français dès lors qu'ils sont dans la rue": Raquel Garrido
00:53

La « base » ne se fait pas d’illusion

Non loin de là, devant la rue de la Roquette, Étienne attend le départ du cortège avec ses amis. En contrat civique dans un centre d’hébergement pour migrants, il a pris « ses récups » pour venir manifester. « C’est surtout une manière de faire un acte de résistance. Mais je ne me fais pas d’illusion. Ça ne changera rien » analyse-t-il, pessimiste. Même son de cloche du côté de Didier et Pierre, deux intermittents du spectacle du 14e arrondissement et adhérents de La France insoumise  « Cette mobilisation c’est une manière de rester dans le principe de l’amitié, de la fraternité, du partage, de l’entraide… Après, on verra ce qui se passe… On n’y croit nous mais on reste dans notre cercle d’insoumission » reconnaît, fataliste, Didier, qui trouve que les Français se laissent « trop bernés » par les médias.

Les socialistes sont dans la rue

«Il y a un front social qui, à mon sens peut se réaliser » veut pourtant espérer la sénatrice PS de Paris, Marie-Noëlle Lienemann, présente dans le cortège au côté du conseiller régional PS d’île de France, François Kalfon. Candidat malheureux à la présidentielle, Benoît Hamon était également sur place, et ce, malgré l’imbroglio autour du mot d’ordre du patron des députés PS, Olivier Faure qui affirmait, la semaine dernière, que les socialistes ne seraient « pas présents » le 12 et le 23 pour une raison simple selon lui: « Nous ne sommes ni syndicalistes ni “insoumis”. ». « Au PS, il y a une infime minorité qui accompagne Macron » avance Marie-Noëlle Lienemann avant d’ajouter : « L’essentiel des militants socialistes et de la direction socialiste s’opposent à ces ordonnances (…) La position du PS a tardé à être très clairement affirmée mais elle est nette maintenant. Elle appelle tous ses adhérents à participer à toutes les initiatives contre les ordonnances et soutiendra les initiatives unitaires ».

manifestation du 12 septembre: "un front social peut se réaliser" estime Marie-Noelle Lienemann
00:58

« Macron, c’est Thatcher. C’est bien pire que tout ce qui a été fait sous Sarkozy et Hollande » complète Gérard Filoche, membre du bureau national du PS. « Il faut qu’il comprenne qu’il ne peut pas faire ce qu’il veut. Il y a des syndicats, des corps intermédiaires dans notre pays. On ne va pas se faire traiter de feignants et d’extrémistes…. Il y a un pays en face de lui et ce n’est pas ses fantasmes de trader et de Jupiter qui comptent »
 

Manifestation du 12 septembre: "Macron, c’est Thatcher" selon Gérard Filoche
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En fin de journée, la CGT a compté 60 000 personnes dans la manifestation parisienne contre 24 000 selon la préfecture de police. Le cortège a été plusieurs fois arrêté suite à des jets de projectiles sur les forces de l’ordre.

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