Attentats : « Cette menace m’a obsédé, peut-être parfois même trop », confie Manuel Valls

Attentats : « Cette menace m’a obsédé, peut-être parfois même trop », confie Manuel Valls

Alors que se déroule en ce moment le procès des attentats du 13 novembre, Manuel Valls est l’invité de Rebecca Fitoussi dans « Un monde en docs ». Il revient sur ces attaques terroristes, qu’il a vécues au cœur du pouvoir, alors qu’il était Premier ministre, et sur ce procès au cours duquel il sera amené à témoigner, après François Hollande entendu ce 10 novembre.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le 13 novembre 2015, le Premier ministre est à son domicile lorsqu’il apprend les attaques simultanées des terroristes à Paris et à Saint-Denis, si le pays est sous le choc, au plus haut niveau de l’Etat, l’action se doit d’être immédiate : « Je n’avais pas, nous n’avions pas le temps d’être sidérés. Il fallait agir tout de suite […] Tout au long de la nuit et dans les jours qui ont suivi, c’était l’action, la riposte qui s’imposait. » explique Manuel Valls.

Il revient aussi sur les mots alors employés pour parler aux Français. Des mots forts et justifiés selon lui : « Ce sont des scènes de guerre ». Il rappelle que lui-même a utilisé le terme « guerre » dès les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher. « Le terrorisme islamiste, c’est ainsi qu’il faut l’appeler, nous mène une guerre contre ce que nous sommes. C’est-à-dire une France républicaine, laïque, une démocratie. […] C’est une guerre contre notre manière de vivre ».

La menace terroriste : une obsession

Ces attaques terroristes l’ont marqué à jamais « J’ai très vite compris que ces journées changeaient le cap de l’histoire, mais aussi ma vie, parce que mon parcours politique allait être marqué, comme celui de François Hollande ou de Bernard Cazeneuve par ces moments-là ». En tant que responsable politique, la menace terroriste devient selon ses propres termes, une « obsession » :

Ça m’a obsédé, peut-être parfois même trop. J’ai vécu avec cette obsession de ce risque des attentats.

Un tournant pour Manuel Valls, un moment qui l’a « bouleversé », et qui l’a marqué, même physiquement : « sans doute votre caractère, votre image, vos traits se durcissent » confie-t-il.

« Nous avons tenu »

Le Premier ministre vit le soir du 13 novembre avec François Hollande, et Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur. Il revient sur ses relations avec les deux hommes : « quoi qu’il arrive, quelles que soient nos divergences, nous restons unis à tout jamais malheureusement par ces faits et parce que les moments que nous avons vécus nous ont énormément rapprochés ».

Il insiste sur la solidité du trio Président, Premier ministre, ministre de l’Intérieur : « J’ai toujours eu le sentiment d’avoir accompli mon devoir, et surtout avec Hollande et Cazeneuve, nous avons tenu ». Les attentats de novembre 2015, ont lieu quelques semaines avant la COP21, tient à rappeler Manuel Valls, qui se félicite d’avoir été en capacité de maintenir la tenue de cet événement.

Il constate néanmoins que ces attaques ont divisé la gauche, notamment sur la question de la déchéance de nationalité. Une proposition sur laquelle il n’a pas de regret : « Nous ne pouvions pas répéter les mêmes gestes, le même discours qu’à l’Assemblée nationale quelques mois auparavant. Il fallait clairement indiquer qu’il fallait abattre l’ennemi à l’extérieur, d’où l’intensification des frappes sur Raqqa et Mossoul. Mais qu’il fallait aussi agir en France. » L’idée d’inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution ne relevait pas d’une décision impulsive selon lui.

Agir avec la force du droit

Aujourd’hui, alors que le procès des attentats du 13 novembre est en cours, Manuel Valls insiste sur la nécessité de « défendre ce que nous sommes ». « Je reste optimiste sur l’être humain et sur la société, mais je rappellerai toujours que l’histoire est tragique, que nous sommes dans un monde instable, avec un choc de cultures, de civilisations » déclare l’ancien Premier ministre.

Il revient sur l’importance du procès en cours : « Nous faisons la démonstration que nous sommes forts. La démocratie d’une certaine manière est faible car elle n’agit pas avec violence, mais nous opposons la force du droit ».

Retrouvez l’émission Un monde en docs ce samedi à 21h puis en replay sur notre site.

Dans la même thématique

French PM gathers the government for a seminar on work
10min

Politique

Réforme de l’assurance chômage : « Depuis 2017, les partenaires sociaux se sont fait balader et avec Gabriel Attal, ça sera la même chose »

La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».

Le

Attentats : « Cette menace m’a obsédé, peut-être parfois même trop », confie Manuel Valls
2min

Politique

Départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel : « Dans un monde normal, celle qui aurait dû partir, c’est l’élève », dénonce Bruno Retailleau

Menacé de mort après une altercation avec une élève à qui il avait demandé de retirer son voile, le proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel a quitté ses fonctions. Une situation inacceptable pour le président des Républicains au Sénat, qui demande à la ministre de l’Éducation nationale d’« appliquer la loi jusqu’au bout ».

Le