Marlène Schiappa à Sandrine Rousseau : « Je ne suis pas friande des procès staliniens ou d’une forme de police des mœurs »

Marlène Schiappa à Sandrine Rousseau : « Je ne suis pas friande des procès staliniens ou d’une forme de police des mœurs »

Invitée d’Extra local, Marlène Schiappa est revenue sur des propos attribués à Sandrine Rousseau dans Le Point, où la députée de Paris contesterait sa légitimité à incarner le mouvement Me Too, n’ayant pas personnellement témoigné avoir été victime de violences sexuelles. Des propos « indécents », pour la secrétaire d’Etat.
Louis Mollier-Sabet

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Interrogée par Sandrine Rousseau sur la place des bénévoles dans le tissu associatif dans une question enregistrée, la secrétaire d’Etat à l’Economie sociale et solidaire et à la Vie associative s’est dite « très étonnée » que la députée de Paris « se permette » de lui poser une question, « alors qu’elle a dit au Point il y a quinze jours que je n’étais pas assez victime de violences sexuelles pour pouvoir être légitime à m’exprimer sur le sujet. » Pour Marlène Schiappa, aborder la question des violences sexistes et sexuelles par l’angle de ce que chacune a pu personnellement subir n’est pas la bonne façon d’aborder le problème : « Quand on est féministe on connaît les chiffres, on sait que l’immense majorité [des femmes] a été victime [de violences sexuelles] dans sa vie. On ne se permet pas de dire ça. C’est trop facile de mettre en cause les gens sur leur vie personnelle. »

« Rentrer dans l’intimité des responsables politiques pour la dévoiler ce ne sont pas mes méthodes »

La secrétaire d’Etat estime qu’avant de lui poser une question – légitime – sur les dossiers qu’elle a à gérer à propos de la vie associative, Sandrine Rousseau aurait pu « revenir sur le sujet ou présenter ses excuses. » Et Marlène Schiappa d’ajouter : « Quand on prétend être féministe et qu’entre les lignes on souhaite à une femme d’être encore davantage violée, c’est indécent. » Au-delà de ces mots de Sandrine Rousseau rapportés par Le Point, la secrétaire d’Etat se dit « attachée à des grands principes, les droits des femmes, mais aussi l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs », en référence à « l’affaire » Julien Bayou. « Là-dessus, on n’est pas dans du féminisme, on est dans autre chose. Quand j’ai considéré que les lois étaient mauvaises, j’ai proposé de changer les lois », explique Marlène Schiappa en citant notamment l’allongement de la prescription des viols commis sur mineurs. « L’exemplarité des politiques doit se fonder sur le droit, je ne suis pas friande des procès staliniens ou d’une forme de police des mœurs. Rentrer dans l’intimité des responsables politiques pour la dévoiler ce ne sont pas mes méthodes de défense des droits des femmes », poursuit l’ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Marlène Schiappa met ainsi en avant le travail qu’elle effectue à la tête de la cellule de lutte contre les violences sexistes et sexuelles en construction de Renaissance, baptisée « Prévention, écoute, action » : « C’est un travail encore plus difficile et délicat que je le pensais. Toutes les affaires de violences sexistes et sexuelles du monde politique des 20 ou 30 dernières années nous montrent que quand il n’y a pas de doctrine c’est difficile d’avoir une réaction. Ma tâche c’est d’écrire une doctrine pour que ce ne soit ni à la tête du client, ni un procès stalinien. » La présidente de la cellule espère que celle-ci sera opérationnelle d’ici les prochaines échéances électorales : « Mon grand objectif c’est qu’au moment où il y aura des élections, on puisse former dans tous les territoires pour savoir que faire. Vous êtes responsable d’un département, on vous rapporte des cas d’agressions sexuelles, qu’est-ce que vous faites ? »

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