Masques : l’achat de la région Bourgogne-Franche-Comté qui « révolte » le sénateur Perrin
Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a fait l’acquisition d’une machine pour assurer l’approvisionnement du territoire en masques chirurgicaux. La décision est incompréhensible pour le sénateur (LR) Cédric Perrin, qui rappelle que 200 couturiers et couturières du Territoire de Belfort ont perdu leur emploi en juin, faute de commandes publiques. « On marche sur la tête », s’indigne-t-il.

Masques : l’achat de la région Bourgogne-Franche-Comté qui « révolte » le sénateur Perrin

Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a fait l’acquisition d’une machine pour assurer l’approvisionnement du territoire en masques chirurgicaux. La décision est incompréhensible pour le sénateur (LR) Cédric Perrin, qui rappelle que 200 couturiers et couturières du Territoire de Belfort ont perdu leur emploi en juin, faute de commandes publiques. « On marche sur la tête », s’indigne-t-il.
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Après les difficultés d’approvisionnement au plus fort de la crise du Covid-19, la région Bourgogne-Franche-Comté prend les devants. La présidente (PS) du Conseil régional, Marie-Guite Dufay, a pris la décision d’investir dans une machine de fabrication automatisée de masques chirurgicaux, pour 300 000 euros, afin de garantir les besoins de ses hôpitaux et de ses établissements médico-sociaux dès la rentrée. En plus de sécuriser le ravitaillement sanitaire, l’opération pourrait s’avérer rentable très rapidement pour la collectivité. Le sénateur (LR) du Territoire de Belfort, Cédric Perrin, se dit « révolté » par l’opération. Un mois plus tôt, 200 salariés de son département se sont retrouvés sur le carreau, faute de commandes de masques de la part des pouvoirs publics. Entretien.

 

Comment avez-vous appris la nouvelle et que reprochez-vous au Conseil régional ?

Au moment de la crise du Covid-19, on s’est rendu compte qu’il y avait une pénurie de masques, comme beaucoup. En avril, un atelier de fabrication de masques s’est constitué grâce à la mise à disposition d’un local de 1200 m². L’entreprise RKF [une entreprise spécialisée dans le linge haut de gamme] s’est vue épaulée par le département, le Grand Belfort et le préfet a joué un grand rôle. La chaîne de fabrication est montée jusqu’à 200 salariés, des couturières venues de l’ensemble du département. Une fois qu’on a fourni le territoire et quelques collectivités aux alentours, on a dû licencier ces 200 personnes. On avait parfaitement conscience que la Région avait commandé 10 millions de masques en Tunisie, au Portugal et qu’elle a eu toute la difficulté à se fournir : pour partie, certaines commandes n’ont pas été honorées.

Hier matin, j’ai cru m’étouffer quand j’ai appris que la Région, pour assurer la filière, avait acheté une machine pour l’installer à Dijon. Et elle a décidé de travailler avec OMV, une entreprise située en Haute-Savoie, 100% détenue par un fonds souverain chinois. Les 200 salariés avaient les connaissances, ils ont organisé un nouvel atelier, ils étaient quasiment tous demandeurs d’emploi et ont injecté 1,2 million d’euros dans l’économie locale. Derrière la machine de la Région, on va mettre deux personnes !

 

D’un côté, il s’agit d’une initiative du conseil départemental et de l’agglomération, de l’autre de la région. Y a-t-il eu un manque de coordination entre les différents niveaux de collectivités ?

Il n’y a pas de problème de coordination. La Région a été sollicitée pour les masques. Elle connaissait l’atelier. Du côté de Montbéliard, il y a déjà une entreprise qui fabrique du tissu, financée par la Région. Il y a beaucoup d’incohérences dans ce dossier. Ce qui me révolte, c’est qu’on avait les moyens de très rapidement mettre en œuvre cette production. On n’a pas retenu les leçons de la crise du Covid-19. On n’est pas sur un problème de coût mais sur un problème de volonté politique. Les masques en tissu étaient homologués pour 50 lavages, agréés par la direction générale de l’armement. Les tests ont d’ailleurs montré que plus on les lavait, plus ils étaient filtrants : les mailles se resserrent. À l’unité, ils coûtaient 2,95 euros, soit 6 centimes par utilisation, et pour un tissu biodégradable, non polluant. Les masques chirurgicaux, c’est 80 centimes.

 

En juin, le gouvernement encourageait pourtant les entreprises et les pouvoirs publics à se fournir en masques réutilisables…

Certains particuliers s’étaient précipités vers les bouchers et les primeurs quand le Covid-19 était là. La situation va mieux, ils sont retournés dans les supermarchés. Là, c’est un peu la même chose. Les pouvoirs publics doivent montrer l’exemple. Il faut continuer à faire vivre ces personnes qui ont besoin de ces parts de marché. Il faut peut-être qu’on rédige autrement les marchés publics. Je ne suis pas en train de dire que tout est facile, mais si personne ne dit rien… Beaucoup de personnes m’ont fait savoir que c’était écœurant et qu’on marche sur la tête. Je regrette que la Région agisse de cette manière. Vu comment on s’est démenés pour créer cet atelier, aujourd’hui on a bonne mine de dire qu’on va fabriquer des masques avec cette machine.

 

Le conseil départemental du Territoire de Belfort est à droite, le conseil régional à gauche. Est-ce l’illustration d’un conflit politique ?

Vous n’installez pas des machines en fonction de la couleur politique. D’ailleurs, c’est dommage qu’on l’installe à Dijon, je ne suis pas sûr que ce soit là qu’on ait le plus besoin d’emplois. De toute façon, ça n’en fera que deux.

 

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