Mesures contre les violences conjugales : « Je ne crois pas qu’on soit loin du compte », réagit Nicole Belloubet
La garde des Sceaux espère l’union sacrée autour du projet de loi qui traduira une partie des mesures annoncées par le gouvernement à l’issue du Grenelle contre les violences conjugales. Sur l’opportunité de définir le féminicide dans le Code pénal, elle souhaite que le Parlement se « saisisse » de la question.

Mesures contre les violences conjugales : « Je ne crois pas qu’on soit loin du compte », réagit Nicole Belloubet

La garde des Sceaux espère l’union sacrée autour du projet de loi qui traduira une partie des mesures annoncées par le gouvernement à l’issue du Grenelle contre les violences conjugales. Sur l’opportunité de définir le féminicide dans le Code pénal, elle souhaite que le Parlement se « saisisse » de la question.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Deux jours après une manifestation importante à Paris contre les féminicides, le gouvernement a présenté les conclusions du Grenelle contre les violences conjugales. Les annonces, et notamment le budget alloué à cette réponse, ont été accueillies tièdement, comme par la délégation parlementaire au droit des femmes du Sénat (lire notre article). « Je ne crois pas qu’on soit loin du compte », s’est exprimée la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, sur les chaînes parlementaires et le Figaro Live. Pour elle, les 360 millions d’euros qui vont être mobilisés contre les violences conjugales représentent « une somme importante » et ne doivent pas occulter le reste des mesures.

La garde des Sceaux a surtout insisté sur le changement de philosophie et procédural. « Je crois qu’au-delà de ces sommes financières, qui évidemment doivent être prises en compte,  il y a aussi un investissement de différents ministères pour changer la réalité des choses. Et de mon point de vue, ce changement-là – de procédure, d’attitude, dans l’écoute, les solutions – est tout aussi important », a-t-elle souligné.

« Les dispositions législatives dont nous parlons, elles ne portent pas sur les moyens »

En dehors des questions budgétaires, la ministre a formulé le vœu qu’un consensus politique naisse autour des autres mesures. Un projet de loi doit être discuté à l’Assemblée nationale dès janvier. Il permettra par exemple de suspendre automatiquement l’autorité parentale en cas de féminicide ou de l’aménager dans les affaires de violences conjugales. « Les dispositions législatives dont nous parlons, elles ne portent pas sur les moyens. Elles portent sur les procédures », a insisté la ministre. « Il peut y avoir des désaccords techniques mais je ne vois pas comment on peut s'opposer à ce type de mesures qui ont été proposées. »

Féminicides : Belloubet, "pas nécessairement favorable à cette reconnaissance dans le Code pénal"
00:56

Faut-il introduire la notion de féminicide dans le Code pénal ? Nicole Belloubet est restée sur sa position : elle n’y est « pas nécessairement favorable ». Elle s’en est expliquée. « Dans le Code pénal, on ne distingue pas les meurtres sur enfant, sur homme, sur femme. En revanche, il est précisé que le meurtre sur conjoint – quel que soit le conjoint – est une circonstance aggravante. »

Pour trancher ce débat, la garde des Sceaux compte en tout cas sur la mobilisation des députés et des sénateurs. « Je crois que les parlementaires doivent se saisir d’une réflexion à ce sujet. On les écoutera avec attention. »

Expulsion des étrangers condamnés pour violences sexuelles : « la possibilité existe déjà », indique Belloubet

Expulsion des étrangers condamnés pour violences sexuelles : « la possibilité existe déjà », indique Belloubet
00:54

Au sein du gouvernement, Nicole Belloubet et Marlène Schiappa ne sont pas sur la même position. La seconde, secrétaire d'État à l'Égalité entre les hommes et les femmes, avait proposé l’expulsion des « étrangers condamnés pour violences sexuelles ou sexistes », une proposition relayée par le Rassemblement national. Or, c’est déjà possible. Je ne souhaite pas « cette mesure parce qu’il existe déjà la possibilité de prononcer une peine complémentaire de cette nature. Elle peut être prononcée mais elle est laissée à l’appréciation des juges et c’est tout à fait indispensable dans notre État de droit », a expliqué Nicole Belloubet.

La ministre a, en outre, souligné que ceci était déjà « appliqué ». « Je suis en train de faire rechercher précisément le nombre de cas d’applications ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le