Échapper à l’accélération du temps politique, dictée par la frénésie médiatique, c’est l’une des ambitions d’Emmanuel Macron. Mais rester « maître des horloges », comme il l’annonce à la fin de sa campagne et imposer un rythme présidentiel aux journalistes, est-ce réaliste à l’ère de Twitter et des chaînes d’informations en continu ? Pour l’ancien conseiller en communication de François Hollande, Gaspard Gantzer, « Emmanuel Macron a raison de vouloir rompre avec la communication de son prédécesseur ». « Le monde médiatique a profondément changé, tout comme notre rapport au temps. Un président qui ne parle pas pendant trois jours : c’était possible il y a trente ans, mais aujourd’hui, c’est quasiment impossible. » D’ailleurs, le communicant relève « que dans les premiers jours du quinquennat Macron, le président a finalement parlé assez souvent ».
Ne pas trop se positionner par rapport à son prédécesseur, imposer son style, c’est donc le conseil donnait par Gaspard Gantzer à son copain de promo à l’ENA. «Car assez vite lorsqu’on est élu, les gens oublient qui était l’ancien président. Mieux vaut donc rester soi-même ». Ainsi, Emmanuel Macron « a intérêt à conserver ce qui fait sa force, c’est-à-dire une très grande proximité avec les français ».
Une stratégie approuvée, comme lorsqu’Emmanuel Macron se rend sur le parking de l’entreprise Whirlpool à Amiens, dans un contexte particulièrement tendu, pour discuter avec les salariés. Cette séquence – que Gaspard Gantzer qualifie comme sa préférée de la campagne –, aurait été selon lui particulièrement efficace, car elle « a permis d’écraser, la scène de la Rotonde qui avait eu lieu quelques jours auparavant ».
« L’époque est à la prise de risque », note l’ancien conseiller communication de François Hollande. « Emmanuel Macron, devenu président, aura intérêt à conserver le contact direct avec les gens en dehors des palais, sur le terrain. Son prédécesseur, François Hollande avait ça en lui, lui aussi ».