Moralisation de la vie publique : le Sénat adapte son règlement

Moralisation de la vie publique : le Sénat adapte son règlement

Avec sa loi du 15 septembre 2017, le gouvernement s’attachait à encadrer un peu plus les pratiques parlementaires en renforçant les exigences de transparence et de déontologie. Le Sénat transpose aujourd’hui certains points du texte dans son règlement intérieur, avec quelques innovations notables. 
Public Sénat

Par Jules Duribreu

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

C’était un thème de campagne d’Emmanuel Macron, il fallait reconstruire le lien entre les citoyens et leurs élus et redonner confiance aux français dans la vie politique. La loi du 15 septembre 2017 donnait aux deux chambres l’initiative de transposer les mesures du texte dans leur règlement. Le Sénat, par le biais d’une proposition de résolution de son Président Gérard Larcher,  entend mettre donc en conformité ses règles de fonctionnement avec la loi tout en apportant certaines nouveautés concernant la gestion des cadeaux faits aux sénateurs et la prévention des conflits d'intérêt.

Une déclaration immédiate

Actuellement, les sénateurs sont tenus de déclarer, dans un délai de 30 jours, « les invitations à des déplacements financés par des organismes extérieurs au Sénat qu'ils ont acceptées » dès lors que le montant est supérieur à 150 euros.

Avec le texte proposé par le Président du Sénat, les sénateurs auront l’obligation de signaler ces éléments « dès leur réception ou leur remise » comme aujourd’hui. Surtout, le Bureau du Sénat devrait « rendre publiques » ces informations.

Une extension de l’obligation déclarative aux cadeaux

En outre, cette obligation pourrait bien s’étendre aux « cadeaux - à l'exception des cadeaux d'usage - dons et avantages en nature qu'ils pourraient être amenés à recevoir lorsque la valeur de ces cadeaux, dons ou avantages excède un montant déterminé par le Bureau. Le montant actuel de 150 € pourrait être maintenu dans l'Instruction Générale du Bureau. » Ce montant n’est donc pas, pour l’instant, ferme et pourrait être revu à la hausse et ainsi exclure de cette obligation déclarative des cadeaux d’une plus forte somme.

En outre, après avoir eu connaissance des ces déclarations, le Bureau du Sénat pourrait saisir le comité de déontologie parlementaire, en cas de soupçons d’un conflit d'intérêts.

Une publicité des registres

En outre, le texte prévoit une plus grande publicité des informations relatives aux possibles conflits d'intérêts des sénateurs. C’est le cas notamment des cadeaux reçus qui, au même titre que les voyages, devraient faire l’objet d’un registre public, consultable en ligne.

De plus le texte de Gérard Larcher prévoit l’instauration d’un registre dit de déport, pour tous les sénateurs qui s'estiment en situation de conflit d’intérêts. « Lorsqu'un sénateur estime devoir ne pas participer aux travaux du Sénat en raison d'une situation de conflit d'intérêts, il en informe le Bureau du Sénat.»

Enfin, il est prévu que ce registre fasse l’objet d’une publication par voie électronique, « dans un standard ouvert, aisément utilisable et exploitable par un système de traitement automatisé »

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le