Mort d’Yvan Colonna : « Il faudra que l’Etat s’explique, le silence de Monsieur Dupond-Moretti devient assourdissant », estime Patrick Kanner
Après la mort de l’indépendantiste corse Yvan Colonna, des suites de sa très violente agression en prison début mars, le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, pointe les défaillances de l’Etat et de l’administration. Au micro de notre matinale, il appelle l’exécutif à « être très prudent » sur le dossier corse.

Mort d’Yvan Colonna : « Il faudra que l’Etat s’explique, le silence de Monsieur Dupond-Moretti devient assourdissant », estime Patrick Kanner

Après la mort de l’indépendantiste corse Yvan Colonna, des suites de sa très violente agression en prison début mars, le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, pointe les défaillances de l’Etat et de l’administration. Au micro de notre matinale, il appelle l’exécutif à « être très prudent » sur le dossier corse.
Romain David

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Yvan Colonna est décédé lundi soir des suites de son agression à la prison d’Arles, le 2 mars dernier, par un autre détenu. Le militant indépendantiste corse, plongé dans le coma depuis cet évènement, était condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998. « La famille d’Yvan Colonna confirme son décès ce soir à l’hôpital de Marseille. Elle demande que son deuil soit respecté et ne fera aucun commentaire », a précisé à l’AFP son avocat Patrice Spinosi. « Il faut garder le respect pour Yvan Colonna, qui payait sa dette à la nation, et qui a été assassiné dans un lieu qui devait être sous l’autorité publique », a réagi mardi matin, au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat, le sénateur Patrick Kanner, chef de file des élus socialistes au sein de la Haute Assemblée.

« Je suis inquiet »

« Il faudra que l’Etat s’explique, le silence de Monsieur Dupond-Moretti devient assourdissant dans ce dossier, quels que soient les éventuels conflits d’intérêts historiques [le garde des Sceaux ayant été l’avocat d’Yvan Colonna, ndlr] », relève Patrick Kanner. « Je souhaite que les choses soient clarifiées dans les meilleurs délais », poursuit-il. « Il y a eu une faute de l’administration pénitentiaire, il faut que l’on explique le pourquoi du comment et que les sanctions tombent. »

L’ancien ministre des Sports de François Hollande ne cache pas sa crainte de voir une nouvelle vague de violences s’emparer de l’île de Beauté après ce décès. « J’invite chacun à garder son calme, mais je suis inquiet. On a vu les séquences précédentes. Aujourd’hui, c’est le temps du deuil, il faut le respecter, notamment pour la famille, les amis, les proches d’Yvan Colonna », explique Patrick Kanner. Les politiques doivent avoir le même message : des messages d’apaisement et de calme. Il faut aussi que les forces de l’ordre soient à la hauteur de leur responsabilité. Il y aura probablement des provocations. Essayons d’en sortir par le haut. »

Sur Europe 1, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a appelé justement « au calme et au dialogue » en Corse, assurant que « toute la lumière sera faite » sur l’agression dont Yvan Colonna a été victime en prison.

L’exécutif « navigue à vue »

Le socialiste regrette la méthodologie adoptée par l’exécutif tente d’apaiser les tensions. « Je regrette que l’on parle déjà d’autonomie – il faudra voir d’ailleurs ce qu’on y met derrière - avant même de faire le bilan de l’évolution statutaire de la Corse », pointe-t-il, en référence à une phrase du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. « Là, on y va très fort et très vite », s’alarme Patrick Kanner. « La collectivité de Corse a été modifiée. Il y a eu la loi NOTRe en 2015, un changement de statut en 2018. On est quatre ans plus tard, on ne fait même pas encore le bilan de ce qu’il s’est passé et on balance ça comme ça », déplore-t-il. « Pour moi, c’est de la navigation à vue. Sur un sujet aussi sensible que celui de la Corse, il faut être très prudent. »

Une commission d’enquête parlementaire sur les prisons ?

Interrogé sur la possible mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur la surveillance des prisons, Patrick Kanner indique qu’« il la souhaite ». « On pourrait imaginer, au Sénat ou à l’Assemblée, que la commission des lois s’érige en commission d’enquête pour faire ce travail de fond », souffle-t-il. Un sujet que les sénateurs socialistes devraient aborder durant leur réunion de groupe, ce mardi en fin de matinée.

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