Municipales : le PS espère une « hirondelle » pour le printemps

Municipales : le PS espère une « hirondelle » pour le printemps

Après deux défaites cuisantes, le PS veut faire des municipales le moment du rebond. Il espère « des scores très honorables » en conservant ses villes comme Paris, Lille ou Nantes, et vise même quelques conquêtes. Un succès nécessaire pour reconstruire à gauche, en vue de 2022, et dès septembre pour les sénatoriales.
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Au Parti socialiste, les élections municipales sont attendues. Et pour cause. Après la rouste de la présidentielle et l’échec des européennes, le scrutin local est vu comme une oasis électorale. De quoi remettre un peu de baume au cœur et remonétiser un parti qui semble ne s’être jamais totalement remis de l’après Hollande.

Pour le PS, c’est le moment ou jamais. « C’est une élection juge de paix pour nous » reconnaît Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat. « Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais il est clair que quand je regarde les sondages, nos sortants sont très bien placés pour préserver leur territoire, et nous aurons sûrement dans d’autres villes des scores très honorables, voire même des reconquêtes » espère le sénateur PS du Nord. Le PS caresse en effet l’idée de gagner quelques villes, « comme Nancy. On peut avoir des surprises » pense Boris Vallaud, porte-parole du PS.

De beaux restes

Le PS a encore de beaux restes. Il détient actuellement une dizaine de villes de plus de 100.000 habitants – Paris, Nantes, Lille, Rennes, Dijon, Le Mans, Clermont-Ferrand, Brest, Metz, Rouen – et environ 200 villes de plus de 10.000 habitants. Le PS, faible nationalement, reste une force bien implantée localement. C’est tout le paradoxe, qui s’explique. Les municipales sont une élection avant tout locale, où la dimension personnelle prévaut. La prime au sortant permettra certainement de conserver des grandes villes. C’est ce qu’espère à Lille Patrick Kanner, qui a mis de côté de vieilles tensions pour soutenir Martine Aubry. « Anne Hidalgo peut conserver Paris » croit aussi Boris Vallaud, porte-parole du Parti socialiste.

Le PS a connu des étiages bien plus haut pourtant. Le scrutin de 2014, marqué par une vague de droite, avait été très dur. « On avait perdu un tiers de nos villes de plus de 10.000 habitants et une bonne dizaine de plus 100.000. Nous partons de bas » rappelle Patrick Kanner. Donc en cas de bons résultats au soir du second tour, « il n’y aura pas de triomphalisme ».

Boris Vallaud : « On est le parti qui a investi comme têtes de liste le plus de femmes »

Mais globalement, les responsables du PS voient des raisons d’y croire. « On est le parti qui a probablement investi le plus de listes en France, qui a investi comme têtes de liste le plus de femmes, avec 40% d’entre elles. On un mélange de candidats d’expériences qui se représentent et une nouvelle génération de militants » souligne Boris Vallaud.

Reste à voir les scores d’Europe Ecologie-Les Verts, enhardi par ses bons résultats lors des européennes. « On se retrouvera au second tour à condition de rester dans la raison » soutient Patrick Kanner, qui espère que « l’ambition de EELV s’appuiera sur sa capacité à ne pas vouloir être, non pas hégémonique, mais dans une logique de supériorité politique qui n’a pas de sens ». Il y a quelques années, c’était pourtant les autres partis de gauche qui reprochaient au PS son attitude hégémonique… « Après ces 6% à la présidentielle, on n’était plus en capacité de vouloir « imposer » notre point de vue » reconnaît Patrick Kanner. Là où l’union a été faite, le sénateur met en revanche en garde sur le risque « d’effacement » du PS, dilué au milieu de ses alliés.

« Avec les écologistes, on est alliés dans beaucoup de villes, on est parfois face à face au premier tour » constate pour sa part Boris Vallaud. Alors des alliés ou des concurrents ? « On ne le vit pas, à ce stade, comme une menace », répond le porte-parole du PS. Autrement dit pour savoir, il faudra attendre le premier tour.

Boris Vallaud privé de campagne pour cause de « quarantaine » préventive

Dans l’immédiat, Boris Vallaud se retrouve privé de campagne, physiquement du moins, car il a annulé ses déplacements. « Je suis confiné pour l’instant. Je suis en quarantaine » à cause du coronavirus, confie à publicsenat.fr Boris Vallaud. Une quarantaine observée de manière préventive, car le député va bien.

Mais le porte-parole du PS a été en contact avec les deux députées PS atteintes par le coronavirus, Michèle Victory et Sylvie Tolmont. « Jeudi, on a dîné ensemble » explique Boris Vallaud, qui n’est logiquement pas le seul à avoir eu des contacts avec une personne malade, « on est pas mal de députés dans ce cas »…

Patrick Kanner « optimiste » pour les sénatoriales

Les socialistes pensent déjà à l’après municipales. « Si au soir du second tour, les commentaires disent « ils ne sont pas enterrés », ça nous obligera à avoir la production d’un projet alternatif pour ce pays, avec des alliances » lance Patrick Kanner. Une « forme d’embellie potentielle », qui pourrait relever la gauche. « Il faut évidemment être capable de reconstruire, sur cette base, des choses après les municipales » confirme Boris Vallaud, qui espère que le scrutin local sera aussi « l’occasion d’un vrai vote sanction » contre Emmanuel Macron.

De bons résultats le 22 mars, au soir du second tour, réjouiraient Patrick Kanner pour une autre raison :  les sénatoriales de septembre prochain, dont les résultats dépendent du scrutin municipal. Sur les 71 sénateurs du groupe PS, 36 sont renouvelables, soit la moitié. « J’ai rencontré un tiers des sénateurs renouvelables. Je peux dire que je suis plutôt optimiste » assure le patron des sénateurs PS. S’il faut attendre de voir les résultats des municipales, Patrick Kanner est plutôt confiant pour son parti à la Haute assemblée. Il « souhaite que le groupe PS reste le deuxième groupe du Sénat ».

« Pas de cadeau » pour les ex-sénateurs PS qui ont rejoint LREM

L’ancien ministre des Sports vise aussi le siège des 12 sénateurs élus sous les couleurs du PS en 2014, avant de partir rejoindre le groupe LREM (9) ou RDSE (3). Patrick Kanner prévient : « J’aurai une stratégie spécifique dans ces territoires, car ils sont majeurs. Qu’ils ne s’attendent pas de ma part à une forme de neutralité sympathique. Qu’il ne compte pas sur moi pour oublier. Il n’y aura pas de cadeau ». A bon entendeur… Camarade un jour, mais pas pour toujours, surtout après avoir rejoint LREM. Ces ex-socialistes devront s’attendre à voir des candidats PS sur leur route.

Parmi ces transfuges du PS, on trouve notamment François Patriat, aujourd’hui président du groupe LREM du Sénat. La réélection du sénateur de la Côte-d’Or, élu sous l’étiquette PS en 2014, s’annonce extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible. D’autant que le maire PS de Dijon, François Rebsamen, devrait être réélu à la tête de la ville. Autant de grands électeurs qui resteront par conséquent à gauche et ne voteront pas pour François Patriat. En politique, la vengeance est un plat qui se mange froid… et après les municipales.

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