Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».
Nadine Morano : « Moi je ne suis pas atteinte de macronite aiguë »
Par Alice Bardo
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« Je constate qu’il sait où il habite, je suis contente de l’avoir vu hier car effectivement il s’est souvenu de notre adresse », lance Nadine Morano au sujet de Xavier Bertrand, présent hier au bureau politique des Républicains. Le président du Conseil régional des Hauts-de-France a été pressenti comme un éventuel Premier ministre. Mais la députée européenne assure que cela n’est « pas la réalité ».
Bruno Le Maire, lui, bénéficie moins de son indulgence : « Il devrait se souvenir de ce qu’il a dit au mois de février ». Le député avait en effet martelé au micro d’Europe 1 qu’Emmanuel Macron était « un homme sans projet ni conviction ». Pourtant, le soir de l’élection, il s’est dit prêt à « travailler dans une majorité de gouvernement ».
Nadine Morano ne prône pas ouvertement l’exclusion pour les Républicains En Marche vers le Président élu puisqu’elle estime qu’ « ils se mettent de facto en dehors de (leur) famille politique ». « Je ne suis pas de nature à retourner ma veste (…) Moi j’ai fait le choix de la clarté », conclut celle qui assure ne pas être atteinte de « macronite aiguë ». Une clarté qu’elle assume également lorsqu’il s’agit de parler de son vote au second tour : « Moi j’ai voté pour Macron. C’était très difficile car je n’adhère pas à son projet, mais Le Pen et Macron, ce n’est pas la même chose. » Une pique non dissimulée en direction Éric Ciotti, qui a confié avoir voté blanc.
« Gagner la majorité absolue à l’Assemblée nationale »
La députée européenne tient à faire savoir que bien qu’il y ait « un président élu grâce à nous parce que nous avons dans notre famille politique appelée à faire battre Marine Le Pen », son parti se place bel et bien dans l’opposition : « Nous n’attendons rien en retour. M. Macron ne veut absolument pas tendre la main. Il parle de coalition, j’entends qu’il veut choisir un Premier ministre de droite mais jamais il ne souhaite apporter des modifications sur son projet. » Objectif affiché : « Combattre son projet et gagner la majorité absolue à l’Assemblée nationale aux législatives qui approchent. »
Pour remporter les élections de juin prochain, Nadine Morano confirme que le projet porté par François Fillon est modifié et ajoute au passage que le candidat « est en partie responsable de la défaite » des LR à la présidentielle. « Nous remettrons en place le quotient familial à hauteur de ce qu’il était en 2012 et nous rétablirons l’universalité des allocations familiales », précise-t-elle. De même qu’elle estime nécessaire de mettre fin aux « incertitudes sur la santé » du projet filloniste.
En Marche est « le masque du Parti socialiste »
Selon elle, le quinquennat Macron aboutira à une « explosion de désespérance », comme « à chaque fois que la gauche est au pouvoir » : « 5 ans de Jospin et vous avez Jean-Marie Le Pen au second tour, cinq ans de Hollande et Macron et vous avez Marine Le Pen. » Car pour Nadine Morano, le Président élu est « profondément de gauche » et son parti En Marche « le masque du parti socialiste ».
Un « homme de gauche », mais aussi un « monarque de la République ». Elle s’amuse de son arrivée sur l’esplanade du Louvre, du « décor digne de Donald Cardwell » et de la « mise en scène parfaite ». « Macron a du talent, c’est quelqu’un d’intelligent. Il est un peu solaire », admet-elle avant d’ajouter qu’ « il ne faut pas trop s’approcher du soleil ».