Naufrage à Calais : « Les passeurs s’engraissent sur le dos de la misère humaine » dénonce Marc Fesneau

Naufrage à Calais : « Les passeurs s’engraissent sur le dos de la misère humaine » dénonce Marc Fesneau

Invité de la matinale de Public Sénat, Marc Fesneau est revenu sur le naufrage qui a causé la mort de 27 migrants qui voulaient traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Le ministre des Relations avec le Parlement a réaffirmé le caractère « européen » de la question, tout en affirmant la nécessité de « rediscuter avec les Britanniques » de la gestion de la frontière.
Louis Mollier-Sabet

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27 morts. Si Emmanuel Macron a déclaré que « la France ne laisserait pas la Manche devenir un cimetière », le bilan de cette nuit – le plus lourd depuis le début de l’intensification des flux migratoires vers la Grande-Bretagne en 2018 – y ressemble un peu quand même. « Un drame de cette nature-là, on cherche toujours à l’éviter, il faut s’incliner devant les victimes » précise d’emblée Marc Fesneau, qui, comme son collègue de Beauvau, met en cause « la situation créée par les passeurs, qui « s’engraissent sur le dos de la misère humaine » et « créent les conditions pour que des drames comme ceux-là arrivent. »

« Ce n’est pas parce que l’on a quitté l’espace européen que l’on n’a pas de responsabilité »

Mais le gros du sujet, c’est évidemment « la difficulté de dialogue avec nos amis britanniques », qui rend la gestion de cette frontière particulièrement complexe. « On ne peut pas être les seuls à exercer les missions de garde-côte » déplore le ministre des Relations avec le Parlement, qui n’appelle pas nécessairement à renégocier les accords du Touquet, mais affirme la nécessité de « rediscuter avec les Britanniques ». « On voit bien que c’est lié au Brexit » poursuit Marc Fesneau qui semble regretter l’attitude des Britanniques : « Ce n’est pas parce que l’on a quitté l’espace européen que l’on n’a pas de responsabilité. Ce n’est pas chacun d’un côté de la frontière et on se regarde. Il y a des problèmes de migrations et de drames humains, on a une responsabilité collective. »

En effet, « c’est un sujet européen » d’après lui : « On ne peut pas penser qu’on réglera ces sujets aux frontières franco-françaises. On ne va pas dresser des murs entre l’Allemagne et la France, il faut donc traiter le sujet au niveau européen, notamment sur Frontex, dont il faut renforcer les moyens. On ne peut pas avoir des positions aussi différentes, on a besoin d’harmoniser nos politiques d’asile au niveau européen. » Ainsi, les propositions de la droite sur les quotas d’immigration ou les modifications constitutionnelles seraient de fausses solutions : « Je vois bien le jeu qui consiste à être le plus radical dans une primaire. Qui croit qu’en changeant un article de la Constitution on va changer des flux migratoires de gens persécutés, qui ont la mort aux trousses ? »

« Personne ne prend sa valise et quitte son pays par plaisir »

Parce qu’au fond, le ministre tient à rappeler que « derrière ces flux migratoires », il y a « une réalité humaine de gens qui ont quitté leur pays, souvent pour des raisons politiques ou de persécution. » Marc Fesneau le réaffirme, « personne ne prend sa valise et quitte son pays pour le plaisir » et critique la position qui consiste à « crier à la persécution » (en Afghanistan notamment), tout en n’en tirant pas les conséquences en « prenant ses responsabilités » en termes de demandes d’asile.

Au fond, le ministre des Relations avec le Parlement prône un « en même temps » migratoire par un traitement « dans des délais raisonnables » des demandes d’asile : « On a fait une première chose, qui s’améliore petit à petit, c’est que les délais de traitement de demandes d’asile soient ramenés à des délais raisonnables. Parce que si vous laissez les gens dans des situations irrégulières pendant des mois, voire des années, c’est difficile ensuite de les reconduire à la frontière.

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