Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures relatives à l’école, la famille et les réseaux sociaux dans le cadre d’un discours où il a demandé un « sursaut d’autorité ». Si le diagnostic sur la violence des jeunes est partagé par les sénateurs de tous bords, ils veulent maintenant savoir comment cela se traduira concrètement.
PAC : « On préférerait vivre du prix de notre produit que des aides »
Par Public Sénat
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Première puissance agricole européenne, la France est aussi la première bénéficiaire de la PAC (politique agricole commune), mise en place à partir de 1962. Une nouvelle réforme étant en vue, les agriculteurs français sont inquiets, au moment où la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne va s’accompagner d’un manque d’une dizaine de milliards d’euros dans le budget de l’UE. Vendredi 23 février, Emmanuel Macron a défendu à Bruxelles, devant ses homologues européens, le maintien des crédits de la PAC.
« La volonté de notre gouvernement de se battre pour préserver ce budget, on est obligé d’y croire » explique Véronique Le Floc’h, secrétaire générale du syndicat la Coordination rurale.
« Aujourd’hui les conditions sont telles que sans aides de la PAC, et notamment celle du premier pilier [soutien des marchés et de prix agricoles – NDLR], plus aucun espoir ne peut demeurer dans nos campagnes » déplore-t-elle.
De son côté, Henri Brichart, vice-président de la FNSEA, se dit « rassuré » par les dernières déclarations du Président de la République et du ministre de l’Agriculture, même s’il reste prudent : « Après ils vont entamer les négociations (…) Nous espérons que, d’une part, ils réussiront à convaincre - en particulier un certain nombre d’autres pays qui sont plus frileux - (…) sur une volonté d’Europe et sur les budgets à mettre au niveau européen. Et puis qu’ils sauront se montrer fermes à la fin des négociations pour qu’effectivement, ce qu’ils affichent actuellement soit ce qui se traduira dans les faits. »
Jean Arthuis, député européen (MoDem/ALDE, centre droit), pour qui la PAC est « l’un des piliers de la politique européenne », est confiant : « Je pense que les crédits de la PAC seront maintenus. Ce qui a fait le doute, c’est que les Britanniques vont nous quitter du fait du Brexit et que la contribution nette des Britanniques au budget européen est de l’ordre de 12 à 14 milliards selon les années. »
Afin de compenser cette perte, le président de la commission du budget au Parlement européen parle d’un « consensus » de la part des états membres, « d’augmenter le budget européen » : « Ce n’est pas grand-chose. C’est 1% du produit intérieur brut de l’ensemble de l’Union européenne » assure-t-il. En revanche, Jean Arthuis estime que la PAC n’est « pas seulement une affaire de crédits » : « C’est aussi une question de cohérence politique. À quoi ça sert de verser des primes à des éleveurs de bovins, si on les met en faillite du fait d’accord du Mercosur [projet d’accord de libre-échange entre l’UE et quatre pays d’Amérique latine - NDLR] ? » s’interroge-t-il.
Jean Bizet, sénateur (LR) de la Manche et président de la commission des affaires européennes, n’est pas aussi optimiste : « Attendons parce que (…) c’est un vote à 27. Il faut que tout le monde soit d’accord. Or les pays d’Europe du Nord sont des pays plutôt à tendance libérale. »
Quel que soit le résultat de cette nouvelle réforme de la PAC, Henri Brichart est catégorique sur un point : « On préférerait vivre du prix de notre produit que des aides. Néanmoins, les choses ne vont pas changer du jour au lendemain. Il faut que les citoyens acceptent de payer le juste prix du produit. »
Vous pouvez (re)voir le débat d'OVPL, en intégralité :