« Pantouflage » : une réglementation « trop floue » et « insuffisante » selon René Dosière

« Pantouflage » : une réglementation « trop floue » et « insuffisante » selon René Dosière

Invité de l’émission « On va plus loin », l’ancien député René Dosière nous parle de son travail pour améliorer la transparence de la vie publique.  
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L’ancien député René Dosière, lance l’Observatoire de l’éthique publique, un think tank dédié à la transparence et au financement de la vie publique. Connu comme étant un spécialiste de la moralisation de la vie politique, René Dosière continue ce travail, maintenant qu’il n’est plus parlementaire.

Interrogé sur l’enquête qui vise Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée et bras droit de Macron, après des révélations de Mediapart montrant des liens entre Kohler et MSC, numéro 2 du transport maritime, René Dosière répond : « Le parquet national financier a décidé sur le vu d’un certain nombre d’articles de presse de Mediapart, qu’il y avait matière à faire des investigations. Donc il fait son enquête. L’intérêt c’est qu’on va pouvoir aller auditionner, enquêter, vérifier. Ce qui s’était passé dans l’affaire Fillon. Apparemment, cela a l’air d’aller très vite. »

Pour René Dosière, le vrai sujet, au-delà de cette affaire, c’est le « pantouflage », c'est-à-dire « la possibilité qu’ont les fonctionnaires, surtout les hauts fonctionnaires, d’aller ensuite dans le privé » : « Il faut éviter que ces transferts, qui sont par ailleurs souhaitables (…), se fassent au détriment de l’intérêt général et aux profits des intérêts privés. ».

La réglementation existante « est « trop floue » et « insuffisante » pour l’ancien parlementaire.

 Concernant le poids des lobbies auprès des représentants politiques, l’ancien député rappelle qu’il existe un répertoire géré par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique où doivent s’inscrire les lobbyistes : «  Un lobby, ce sont des gens qui défendent leurs intérêts. Ce qui est légitime (…) Simplement (…) cela ne peut pas se faire sous forme d’enveloppes, ou par des déjeuners ou des voyages…il y a une probité à respecter. Donc, on a mis en place ce système (qui) vient de démarrer. Les élus locaux, aussi, vont être soumis à cette législation mais à partir du 1er juillet. On est en train de mettre en place ceci, pour éviter que ce travail d’influence, ne se fasse dans des conditions qui soient condamnables. »

 

René Dosière souhaite qu’on se penche plus profondément sur les collectivités locales : « Le monde des collectivités locales est un domaine immense : 250 milliards de dépenses, 2 millions d’emplois (…) C’est un secteur qui regroupe toutes les occasions possibles de corruption (…) On a une législation mais l’application de cette législation dans un domaine aussi divers, aussi diffus, est mal connue. »

Il ajoute : « Vous avez 1500 élus dans les grandes collectivités qui ont à peu près tous une voiture avec chauffeur, ce que les parlementaires n’ont pas, qui gagnent 50% de plus que les parlementaires, qui ont des frais de représentation qui ne sont pas contrôlés (…), qui ont des collaborateurs (…) Il faut affiner les procédures de contrôle pour éviter les dérapages, qui arrivent de temps en temps. »

 

Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec René Dosière, en intégralité :

OVPL : interview de rené Dosière sur la transparence de la vie publique (en intégralité)
09:07

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