Parly : « La France continuera à intervenir partout où ses intérêts sont menacés »

Parly : « La France continuera à intervenir partout où ses intérêts sont menacés »

Le Sénat a débattu des futurs besoins de l’armée française. Le président de la commission des affaires étrangères et de la défense, Christian Cambon, met en garde sur l’état de vétusté des forces armées. La ministre des Armées, Florence Parly, reconnaît « une mise sous tension forte de nos capacités » mais se veut rassurante.
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Quels moyens pour l’armée dans un monde aux menaces multiples ? Le Sénat a débattu mardi des conclusions de la revue stratégique de défense et de sécurité nationale, quelques semaines après la polémique sur les moyens de l’armée. Chapeautés par le député européen LR Arnaud Danjean, les travaux ont été remis à Emmanuel Macron le 13 octobre par la ministre des Armées, Florence Parly. La revue remplace le livre blanc de la défense. Elle est destinée à fixer le cadre stratégique pour la prochaine loi de programmation militaire 2019-2025, qui doit porter l’effort de défense de la France à 2 % PIB à l’horizon 2025.

Cambon : « Les hélicoptères alouettes volaient déjà à l’époque de Fantômas »

En ouverture des débats, le président LR de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, Christian Cambon, a dressé un tableau peu reluisant de l’état des forces armées françaises. Non sans humour… « Entre 2008 et 2015, nos forces armées ont perdu 50.000 effectifs. La force opérationnelle de l’armée de terre rentrerait tout entière dans le Stade de France et a moins d’effectifs que la RATP. Les véhicules de l’avant blindé ont 40 ans. Il faudra attendre 2028 pour doter tous les fantassins de leurs nouveaux fusils d’assaut. Quant au fusil automatique de l’armée de terre, il a 60 ans. 20 % des pilotes d’hélicoptère de l’ALAT (aviation légère de l'Armée de terre) ne sont pas aptes aux missions de guerre, faute d’accumuler les heures de vol. (…) Les hélicoptères alouettes volaient déjà à l’époque de Fantômas. (…) Les ravitailleurs de l’armée de l’air qui servent à la dissuasion nucléaire ont 55 ans, c’est comme si nous acceptions de toujours voyager en Caravelle lorsque nous prenons l’avion. Ceci démontre simplement l’ampleur du besoin de régénération, de réparation et de modernisation » illustre Christian Cambon. Regardez :

Cambon : "Les hélicoptères alouettes volaient déjà à l’époque de Fantômas"
02:10

Le président de la commission y voit la conséquence de « décennies de sous investissement ». Il appelle à « un effort considérable sur les moyens ». Le sénateur du Val-de-Marne souligne « le décalage, le hiatus entre l’aggravation de la menace, et l’état de nos armées, aujourd’hui saturées d’engagement. Plus de 30.000 hommes sont actuellement en opération intérieure et extérieure ».

Parly : « La prise de Raqqa et la défaite sans doute très proche de Daesh ne signifient pas la fin du terrorisme »

Florence Parly s’est voulue beaucoup plus rassurante. Elle a défendu la nécessité de conserver « un modèle d’armée complet et équilibré ». Surtout face aux menaces, plus que persistante. « La prise de Raqqa et la défaite sans doute très proche de Daesh ne signifient pas la fin du terrorisme, ni de son idéologie et de sa barbarie » a-t-elle mis en garde. Et « à cette menace s’ajoute aussi une instabilité croissante aux portes de l’Europe ».

« Face à toutes ces menaces, la France répond. (…) Nos armées sont très sollicitées à l’extérieur, comme sur le territoire national avec pour conséquence une mise sous tension forte de nos capacités et de nos ressources » a-t-elle reconnu. Mais Florence Parly assure que la France continuera ses actions miliaires (voir la première vidéo) :

« La France continuera à intervenir partout où ses intérêts sont menacés. Sa voix sera entendue, écoutée et respectée car notre autonomie stratégique n’est pas négociable. Nous la consoliderons notamment en renouvelant les deux composantes de la dissuasion nucléaire. Nous poursuivrons nos efforts en faveur du renseignement. Et nous renforcerons de front les cinq fonctions stratégiques : dissuasion, protection, prévention, intervention, connaissance et anticipation. En prêtant une attention particulière à la prévention des risques et des conflits ».

Reste les 850 millions d’annulations de crédits restent au travers de la gorge de bien des gradés. « Sur la période du quinquennat », la ministre préfère mettre en avant « une remontée en puissance très significative (...) avec 30 milliards d’euros de plus par rapport au quinquennat précédent ». « Néanmoins, (…) les 850 millions d’euros d’annulation de crédits étaient en quelque sorte le prix collectif à payer pour régler un certain nombre d’impasses budgétaires » explique Florence Parly. Elle ajoute : « J’exercerai la plus grande vigilance pour que ces annulations de crédits n’aient pas d’impact sur nos forces, en particulier les forces en opération ».

« Penser plus loin en explorant la place que pourront prendre les drones de combat dans le système de combat aérien futur »

Parmi les projets de la défense, Florence Parly a rappelé l’importance donnée aux drones. « Les drones sont devenus des systèmes d’arme incontournables dans les opérations modernes, ils apportent une capacité à durer sur les zones d’action et une complète discrétion » explique-t-elle devant le Sénat, dont la commission de la défense et des forces armées a présenté un rapport sur le sujet, en mai dernier.

Florence Parly entend « conforter notre capacité à acquérir du renseignement au moyen de drones aériens. Pour cela, nous allons poursuivre la livraison du système de drone Reaper, en mettant en service le système de drones tactiques Patroller et en préparant le futur drone MALE européen ».

Parly : "Penser plus loin en explorant la place que pourront prendre les drones de combat dans le système de combat aérien futur"
01:44

« Les drones MALE seront armés. Ces drones aériens seront introduits sur les bâtiments de la Marine (…) et les drones de surface et sous marins dans la guerre des mines navales. (…) Dans le cadre du programme Scorpion, ce programme s’accompagnera d’une dimension de robotisation de l’action terrestre » détaille-t-elle. Pour la ministre, il faut aussi « penser plus loin en explorant la place que pourront prendre les drones de combat dans le système de combat aérien futur. Et c’est le sens du programme que nous conduisons avec nos alliés britanniques ».

Côté français, Dassault a développé, avec d’autres partenaires européens, un démonstrateur de drone furtif, baptisé nEUROn. Il vole depuis 2012. Les Anglais de BAE Systems ont développé de leur côté le Taranis. Les deux drones sont visuellement assez similaires. Le futur drone de combat franco-britannique s’inspirera de ces deux projets. C’est l’armée du futur qui se prépare.

Vidéo de Dassault présentant le nEUROn :

100ème vol du nEUROn - Dassault Aviation
01:06

Vidéo présenant le Taranis :

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