Pas de déconfinement régionalisé, mais des adaptations locales

Pas de déconfinement régionalisé, mais des adaptations locales

Face aux présidents de région, le Premier ministre a présenté un plan de déconfinement non pas par région, mais par territoire. Une réponse, loin de satisfaire ces élus.
Public Sénat

Par Alizé Boissin

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« Différenciation, adaptation et progressif ». Voilà les mots d’Édouard Philippe face aux présidents de région lors d’un entretien organisé par visioconférence, jeudi 23 avril. Après la rencontre entre le Président de la République et des élus locaux, au cours de laquelle un « déconfinement national » et non régional a été annoncé, c’était au tour du Premier ministre de rencontrer les représentants des régions.

Au côté d’Édouard Philipe, d’autres ministres étaient présents : Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics ou encore Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale.

Deux thèmes étaient à l’ordre du jour : la stratégie de déconfinement, prévue le 11 mai, et les dispositifs de soutien à l’activité économique. En effet, les régions abondent à hauteur de 500 millions d’euros le fonds de solidarité de 7 milliards d’euros mis en place par le gouvernement en direction des entreprises. 

« Des adaptations par territoires »

Alors que l’exécutif plaide pour une gestion déconcentrée et par territoires du déconfinement, qui doit entrer en vigueur le 11 mai, le président de la région Normandie, Hervé Morin (Les centristes) s’est dit favorable à un déconfinement « régionalisé », pour ne pas « faire subir à un département » où il y a peu de cas.  Sur son compte Twitter, Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a affirmé avoir demandé lors de la réunion « un seul déconfinement, le même pour tous, mais dont l’intensité varie en fonction des territoires ».

 

 

À la sortie de la rencontre, c’est finalement un bilan mitigé du côté des représentants des régions. À l’issue de la rencontre, Hervé Morin a déclaré « avoir le sentiment de progresser par rapport au discours du chef de l’État il y a dix jours (…) le Premier ministre a évoqué une doctrine nationale (de déconfinement) qui fixe des critères permettant la différenciation par territoire », « on n’est pas si loin du déconfinement par région finalement » déclare-t-il. Mais le président de la région reste sur ses gardes en évoquant « des déclarations de principes, les mots sont suffisamment larges pour ne pas connaître ce qui va se passer sur le déconfinement  ». Il regrette également l’absence de réponse quant à l’organisation de la distribution des masques « on ne sait pas qui paiera »

Pour Jean Rottner (LR), président de la région la plus touchée par le virus, le Grand-Est, il assure avoir « avoir été entendu ». « Le Premier ministre l’a répété, il faudra être progressif » a-t-il déclaré. Il assure que « le Haut-Rhin et le Cantal n’auront pas la même méthode c’est certain ». Christelle Morançais, (LR) présidente de la région Pays de la Loire est quant à elle « satisfaite » de cette réunion. « L’État et les collectivités territoriales travaillent main dans la main à ce déconfinement ».

Mais du côté de la région Nouvelle-Aquitaine, le conseil régional évoque davantage une « réunion de travail » que de véritables avancées. « Des adaptations par territoires », une formule qui interroge, le président de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset (PS), d’après une source proche du représentant régional.

250 millions d’euros en plus

Le volet économique a largement été abordé lors de la réunion. Christelle Morançais a alerté le ministre de l’Économie sur le secteur du tourisme, très touché par le confinement : « ce qui est perdu n’est pas rattrapable mais il faut penser au plan de relance ».  Pour soutenir les entreprises, la présidente de région a proposé la mise en place d’un fonds de compensation des pertes des chiffres d’affaires et la suppression des charges fiscales et salariales.

Lors de la réunion, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, et le Premier ministre ont demandé aux régions d’abonder de 250 millions d’euros le fonds de solidarité pour les entreprises en difficulté au mois de mai. Une idée qui n’a pas fait l’unanimité des présidents de région. D’après une source présente lors de la visioconférence, Laurent Wauqiez s’est montré « virulent par rapport à la proposition ». « Avec quel argent allons-nous financer ? » s’inquiète un membre du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.

Les lignes directrices du plan de déconfinement devraient être présentées fin avril.

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