Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures relatives à l’école, la famille et les réseaux sociaux dans le cadre d’un discours où il a demandé un « sursaut d’autorité ». Si le diagnostic sur la violence des jeunes est partagé par les sénateurs de tous bords, ils veulent maintenant savoir comment cela se traduira concrètement.
Passation de pouvoir : Éric Dupond-Moretti plaide pour une réforme ambitieuse de la justice
Par Chloé Rouveyrolles
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La deuxième garde des Sceaux de la présidence Macron a enjoint son successeur plusieurs fois à « continuer » et à « se saisir » du travail entamé par ses équipes. « Je compte porter ce que vous avez commencé », a répondu Dupond-Moretti. Il a notamment mentionné l'ouverture de la Procréation Médicale Assistée (PMA) aux couples de femmes et le projet de loi du Parquet européen.
« Je ne suis pas un homme politique »
Eric Dupond-Moretti a répondu à la surprise de sa nomination assumant ne pas être « un homme politique », venir de la « société pénale », connaître la justice « charnellement » plutôt que de manière « technocratique ». « J’ai sillonné la France dont je connais tous les tribunaux », a-t-il avancé, mettant en avant sa carrière d’avocat longue de plus de trente ans qui lui a valu le surnom d’ « acquittator ».
Le cinquantenaire, coutumier de déclarations coups de poing, a voulu apaiser. On le disait opposé aux magistrats – sa nomination est une « déclaration de guerre à la magistrature » d’après leur principal syndicat. L’ancien avocat pénaliste a répondu par une déclaration d’amour : « j’ai rencontré des grands magistrats, devant lesquels j’ai eu l’honneur de plaider, je les respecte, j’entretiens avec eux des rapports d’amitié ; ils sont humains, indépendants, gourmands du contradictoire », allant jusqu’à souligner leur « chaleur d’âme » en citant Albert Camus.
« Je ne fais de guerre à personne, je veux avec vous garder le meilleur et changer le pire », a-t-il enfin résumé, précisant que son action serait menée « dans le dialogue et la concertation ». Nicole Belloubet avait de son côté affirmé lui faire confiance pour être le « fédérateur » de la communauté judiciaire.
« Ce moment est vertigineux »
Après que Nicole Belloubet, émue aux larmes, a été applaudie pendant de longues minutes dans la cour de son ministère, Éric Dupond-Moretti a lui aussi confié son émotion : « Ce moment est vertigineux. J'appréhende cette tâche avec humilité. »
Il a évoqué sa mère « qui a quitté son pays [l’Italie, ndlr] pour fuir la misère, elle est devenue une Française de préférence, et la Marseillaise l’a fait pleurer ». « Mon ministère sera celui de l’antiracisme et des droits de l’homme », a-t-il conclu.