« Petite loi » ou virage vert? L’Assemblée se penche sur le projet énergie
Objectif de neutralité carbone en 2050, état d'"urgence écologique et climatique", trajectoire de baisse de la part du nucléaire:...

« Petite loi » ou virage vert? L’Assemblée se penche sur le projet énergie

Objectif de neutralité carbone en 2050, état d'"urgence écologique et climatique", trajectoire de baisse de la part du nucléaire:...
Public Sénat

Par Charlotte HILL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Objectif de neutralité carbone en 2050, état d'"urgence écologique et climatique", trajectoire de baisse de la part du nucléaire: l'Assemblée se penche en début de semaine sur le projet de loi énergie et climat, vu comme un test des ambitions écologiques du gouvernement.

Alors que l'acte II du quinquennat se veut plus vert, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a reconnu que le texte arrivait - a priori mardi soir dans l'hémicycle -, "dans un contexte particulier", notamment après la crise des "gilets jaunes" et des élections européennes marquées par une percée des écologistes.

Depuis, le Premier ministre Edouard Philippe a "mis l'urgence écologique au premier rang de ses priorités" lors de sa deuxième déclaration de politique générale mi-juin.

Selon François de Rugy, le projet de loi "redonne clairement le cap d'une ambition forte" sur le climat.

En matière de neutralité carbone -ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que le pays ne peut en absorber, notamment via les sols et forêts-, le ministre a vanté un rehaussement "drastique" des ambitions françaises, quelques jours avant que l'UE ne bute sur un accord pour inscrire la date de 2050 en raison des réticences de l'Est.

"Au lieu de diviser par quatre nos émissions de CO2 par rapport à l'année de référence de 1990", il s'agit "de les diviser au moins par six", souligne-t-il.

C'est écrit "noir sur blanc dans le texte", comme "le passage de -30% à -40%" de consommation d'énergies fossiles d'ici 2030, quelque chose "là aussi d'extrêmement fort", insiste le ministre.

Mais le projet, qui doit aussi permettre de fermer les dernières centrales à charbon en 2022, a laissé les associations environnementales sur leur faim.

Elles ont notamment critiqué le décalage de 10 ans, de 2025 à 2035, de la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique et insisté sur la réhabilitation énergétique des millions de bâtiments "passoires énergétiques" que compte la France.

- "Trahison énergétique" -

Leurs inquiétudes ont été relayées en commission par certains élus d'opposition.

Marie Noëlle Battistel (PS) a souligné ainsi sa "déception" au vu d'un texte creux". François Ruffin (LFI) a aussi critiqué un gouvernement qui s'en remet pour la transition écologique au "miracle" du "marché", tandis que l'écologiste François-Michel Lambert (Libertés et Territoires) a évoqué une "petite loi", "a minima".

Réservé, le LR Julien Aubert s'est posé en défenseur de "la préservation de l'excellence nucléaire française", ajoutant: "la transition énergétique, oui, la trahison énergétique, non", Laure de la Raudière (UDI et indépendants) vantant aussi "les atouts" de la filière.

Les députés ont étoffé le projet de loi en commission. D'emblée, ils ont inscrit "l'urgence écologique et climatique" à l'article 1er, le ministre saluant cette "déclaration politique".

Ils ont aussi prévu, à l'initiative notamment du rapporteur Anthony Cellier (LREM), une expérimentation à partir de 2021 lors de la vente d'un logement "passoire": la consignation d'une part du montant de la vente pour financer des travaux de rénovation énergétique.

Mais certains élus plaidaient, à l'instar des ONG, pour interdire purement et simplement la location de ces logements mal isolés.

L'ex-"marcheur" Matthieu Orphelin a rappelé que l'interdiction à compter de 2025 était "un engagement porté par Emmanuel Macron dans la campagne présidentielle".

Ce proche de Nicolas Hulot a déploré globalement des avancées "insuffisantes" en commission, notant que l'"urgence" décrétée n'avait pas produit assez d’effets.

Guère plus d'enthousiasme du côté des associations, malgré les retouches. Pour le Réseau action climat, "le compte n’y est pas" et il faudra "corriger le tir" en séance lors de cet examen en première lecture.

Partager cet article

Dans la même thématique

« Petite loi » ou virage vert? L’Assemblée se penche sur le projet énergie
4min

Politique

711 jours otage au Mali : « C’est l’histoire la plus extraordinaire et terrible de ma vie » raconte Olivier Dubois

C’est un journaliste pas comme les autres. Parti interviewer un lieutenant djihadiste à Gao au Mali en mars 2021, il n’en revient que près de deux ans plus tard, après avoir été capturé par des terroristes. Une expérience marquante qui a chamboulé sa vie. Sa passion du journalisme est-elle toujours intacte ? Comment tenir dans de telles conditions, mais surtout comment se reconstruire ? Olivier Dubois répond à ces questions dans l’émission Un monde, un regard de Rebecca Fitoussi.

Le

« Petite loi » ou virage vert? L’Assemblée se penche sur le projet énergie
3min

Politique

Fin des moteurs thermiques en 2035 : « Si on n’a pas de période de transition, c’est du suicide économique » selon l’eurodéputé belge Benoît Cassart

D’ici à 2035, la vente des ventes de voitures thermiques neuves sera interdite. Un objectif remis en cause par la droite européenne et les défenseurs de l’automobile. Un enjeu majeur pour l’Union, où 8 véhicules neufs sur 10 roulent encore à moteur thermique. Voiture thermique stop ou encore on en débat dans l’émission Ici L’Europe présentée par Caroline de Camaret et Alexandre Poussart.

Le

MIGRANTS – CALAIS – CLASK DUNES
8min

Politique

Accord franco-britannique sur les migrants : « On va se renvoyer à la frontière les migrants dans un jeu de ping-pong », dénonce l’écologiste Guillaume Gontard

L’accord sur les migrants annoncés par Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Keir Starmer est accueilli froidement au Sénat, à droite, comme à gauche. Du côté de Calais, « la situation est lourde à supporter », rappelle le sénateur LR du Pas-de-Calais, Jean-François Rapin.

Le