Plan Loup : les sénateurs écologistes réservés

Plan Loup : les sénateurs écologistes réservés

Lundi 19 février, le gouvernement a finalement rendu public son plan loup, qui prévoit l’évolution de la population des canidés tout comme la cohabitation avec les éleveurs de montagne. Les associations de protection de la nature comme les groupements d’éleveurs ont d’ores et déjà dénoncé ces mesures.
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Par Jules Duribreu

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Principale mesure du plan et principale crispation, le nombre de loups sur le territoire à l’horizon 2023. Fixé à 500, contre 360 aujourd’hui, cette progression de la population est censée pouvoir assurer la viabilité de l’espèce. En contrepartie, le plan du gouvernement prévoit l'abattage annuel de 10 à 12% de la population, dans un objectif de régulation et de protection des troupeaux.

Un débat à apaiser

Un objectif chiffré qui, pour le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard, s’avère contreproductif. « L’éradication du loup n’est ni possible, ni souhaitable. On doit faire avec le loup. On doit le réguler, c’est indéniable, mais on ne pourra pas l'éliminer complètement. D’ailleurs, je trouve que l’annonce de ce chiffre de 500 loups pour 2023 est dommage. C’est un chiffre qui est avant tout une source de crispation, qui bloque les deux partis et qui n’apaise pas un débat qui en aurait bien besoin. »

L’élevage pastorale en crise

En outre, selon le sénateur Guillaume Gontard, le loup n’est pas exclusivement responsable dans les difficultés rencontrées par les éleveurs. « Il y a une vraie difficultée des éleveurs, c’est incontestable. Mais plus largement, au delà de la question du loup, c’est la question de l’aide, du soutien, à l’agropastoralisme. C’est une agriculture délicate, qui est en difficulté, et qu’il faut aider au delà d’un simple plan loup. »

La question de la conditionnalité des indemnités

Autre point majeur de crispation de ce plan loup, la conditionnalité des indemnités. Les éleveurs devront mettre en place des mesures de protections, comme des chiens de berger ou du gardiennage afin obtenir le dédommagement de la perte d’une ou plusieurs brebis. Une mesure refusée en bloc par le monde agricole.

« Je comprends la colère des éleveurs, même si c’est peut-être nécessaire de passer par cette conditionnalité des indemnités. Mais au delà de ça, il s’agit encore une fois d’assister et d’aider cette profession. Le loup est une complication, et il ne s’agit pas seulement de faire acheter des chiens de berger aux éleveurs, ce n’est pas suffisant. Il y a un vrai enjeu d’assistance et de formation. » souligne Guillaume Gontard.

D’autres solutions possibles ?

Enfin, de l’avis des sénateurs, il existe une autre manière de traiter les populations de loups, et la cohabitation reste possible. Pour Joël Labbé, c’est sur les moyens humains qu’il faut mettre l’accent. « Dans le cadre de la biodiversité, on a besoin du loup, et c’est une directive européenne. Mais le pastoralisme est aussi une nécessité. Comment préserver à la fois les populations de loup et les troupeaux ? Mais ça suppose une présence humaine bien plus importante, et plus de moyens. » Et Guillaume Gontard de plaider pour une meilleure connaissance de l’animal : « Il faut qu’on puisse mieux connaître le loup, son comportement, ses lieux de vie et de chasse, pour mieux l’encadrer et favoriser la cohabitation avec les éleveurs. C’est indispensable. »

Joël Labbé « On a besoin du loup ! »
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