Popularité d’Emmanuel Macron : « C’est l’une des plus grosses chutes en début d’exercice »
D’après le baromètre de l’Ifop pour le JDD publié dimanche, la cote de popularité du Président est en baisse de 10 points par rapport au mois dernier. Celle du premier ministre, chute, elle, de huit points.

Popularité d’Emmanuel Macron : « C’est l’une des plus grosses chutes en début d’exercice »

D’après le baromètre de l’Ifop pour le JDD publié dimanche, la cote de popularité du Président est en baisse de 10 points par rapport au mois dernier. Celle du premier ministre, chute, elle, de huit points.
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Par Alice Bardo

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« Ce n’est pas une surprise, on s’attendait à ce que sa cote de popularité chute », confie Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof, pourtant étonné « de l’ampleur et de la rapidité de la chute » : « Emmanuel Macron n’a été élu qu’il y a deux mois ! ». 

D’après le baromètre de l’Ifop pour le JDD, publié ce dimanche, la cote de popularité du Président est en baisse de 10 points par rapport au mois dernier, avec 54% de Français « très » ou « plutôt satisfaits » en juillet, contre 64% en juin.

« C’est l’une des plus grosses chutes de popularité en début d’exercice », analyse Bruno Cautrès, qui rappelle que, six mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, 55% des Français étaient encore satisfaits de son action. Pour Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d’OpinionWay, cette chute dans les sondages est d’autant plus étonnante qu’ « on pouvait penser qu’on avait changé d’époque, qu‘on avait un nouveau rapport au Président et que, peut-être, Emmanuel Macron allait rompre avec cette règle qui faisait que chaque année le Président était plus rapidement impopulaire que ses prédécesseurs ». Finalement « il n’échappe pas aux difficultés de l’exercice du pouvoir », conclut-il.

 « Pour autant, cette baisse de popularité n’est pas exceptionnelle », assure Bruno Jeanbart, qui n’y voit pas là un « phénomène atypique ». Bruno Cautrès explique, lui, qu’il « est normal que la popularité s’effrite car, parmi ceux qui étaient satisfaits de l’action du Président au début de son mandat, une partie n’avait pas voté pour lui ». Ainsi « progressivement une partie de l’électorat de gauche se dit ‘Ah mais c’est vrai qu’on a un premier ministre de droite’ » et « une partie de l’électorat de droite pense qu’Édouard Philippe est un traître ».

Un « contexte de micro-éléments » et l’affaire de Villiers « en bout de chaîne »

Pour le politologue comme pour le sondeur, l’ « affaire du général de Villiers » n’a pas été le seul élément à jouer sur cette baisse de popularité. Bruno Cautrès évoque un « contexte de micro-éléments », qui a commencé avec le discours devant le Congrès d’Emmanuel Macron. Une « grande dissertation réussie » mais trop optimiste, qui a fortement contrasté avec la déclaration de politique générale de son Premier ministre, le lendemain, considère le politologue : « Ce discours a réactivité le sentiment que c’est toujours le même discours qui revient en début de quinquennat. »

D’après lui, la démission du chef d’état-major des armées vient seulement « en bout de chaîne ». Mais le directeur général adjoint d’Opinion Way ne minimise pas  son impact dans l’opinion publique, y voyant un « épisode néfaste pour le Président, au sens où il peut le faire basculer ce qu’Emmanuel Macron considère être de l’autorité présidentielle vers de l’autoritarisme ».

« L’accumulation de certaines images »

D’autres éléments ont également affecté la popularité du chef de l’État, comme l’imbroglio autour de la date de mise en œuvre de la suppression de la taxe d’habitation, ou encore « l’accumulation de certaines images », telles Emmanuel Macron en uniforme d’aviateur lors de sa visite à la base aérienne d’Istres, ou encore à bord d’un sous-marin nucléaire  lors d’une plongée avec « Le Terrible ». « À trop vouloir imprimer sa marque sur la scène internationale et sur le régalien, il donne l’impression de s’être échappé assez rapidement du quotidien des Français », poursuit Bruno Jeanbart. De quoi « susciter une certaine incompréhension chez les Français, qui n’attendaient pas avant tout du Président qu’il s’impose sur la scène internationale, mais plutôt qu’il règle les problèmes à l’intérieur du pays ».

Une hyperprésidence qui ôte le rôle de « fusible » du Premier ministre

Concomitamment à la baisse de popularité d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe a lui aussi perdu quelques points dans les sondages. D’après le baromètre de l'exécutif de l’Ifop, le Premier ministre perd huit points sur la même période, passant ainsi de 64% à 56% de satisfaits. « Pour le moment, les deux sont associés dans l’esprit des Français », explique Bruno Jeanbart. « C’est un atout pour Édouard Philippe, mais une faiblesse pour Emmanuel Macron car il n’a pas de protecteur qui prendrait les coups sur la scène intérieure. » Pour le directeur général adjoint d’OpinionWay, l’hyperprésidence un temps souhaitée par les Français pourrait être, à terme, un « souci » car cela ôte le rôle de « fusible » du Premier ministre.

« La toute dernière erreur qui ferait passer la cote de popularité du Président en dessous de la barre des 50% serait d’annoncer que Brigitte Macron a un budget pour son rôle de Première Dame alors que l’exécutif vient de taper les étudiants avec l’annonce de la réduction de 5 euros par mois des APL », prévient enfin Bruno Cautrès. 

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