Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures relatives à l’école, la famille et les réseaux sociaux dans le cadre d’un discours où il a demandé un « sursaut d’autorité ». Si le diagnostic sur la violence des jeunes est partagé par les sénateurs de tous bords, ils veulent maintenant savoir comment cela se traduira concrètement.
Pour François Ruffin, Emmanuel Macron peut être un “partenaire”
Par Marie Lebon et Caroline Lebrun
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Coups de gueule et coups de com’
Après une chemise s’évadant d’un pantalon, c’est un maillot de foot fièrement arboré à la tribune de l’Assemblée qui suscite réactions et critiques, allant même jusqu’au rappel à l’ordre et à une amende.
François Ruffin, co-signataire d’une proposition de loi visant à taxer les gros transferts pour financer le sport amateur, ne regrette pas son geste, « le coup du maillot dans l’hémicycle ça a marché, même si ça heurte sans doute François de Rugy et l’institution […] ça ne heurte pas les gens, regardez la Une du Courrier Picard ».
Interpeller l’opinion publique grâce à une communication originale dont il connaît les rouages, voici donc l’une des clés de l’action politique pour l’élu de la Somme d’autant que pour lui : « Le parlement est vidé de sa fonction législative, aujourd’hui c’est l’exécutif qui balance des textes », la seule fonction qui reste est « la fonction tribunitienne ».
Exprimer ses doutes comme étendard de sa bonne foi
Autre méthode pour celui qui se proclame « député-reporter », casser les codes de la politique en exprimant tout haut « ses doutes et son fort intérieur » quitte à bousculer son camp.
Il y a quelques semaines, François Ruffin annonce ainsi sur sa chaîne YouTube : « La France Insoumise peut être reconnue comme la première force d’opposition et en même temps, je ne suis pas sûr que les gens nous donnent les clés du pays pour gouverner […] moi-même j’éprouve un certain vertige à l’idée qu’on puisse détenir le pouvoir ».
Ainsi, François Ruffin préfère « avancer à voix haute en mettant ses doutes sur la table ». Il ajoute : « si on veut pouvoir avec les gens franchir les obstacles qui se trouvent sur notre chemin, il faut les connaître, les nommer ».
Une méthode qui diverge de celle de ses camarades insoumis comme Jean-Luc Mélenchon ou Alexis Corbière. Lors de son élection au Palais Bourbon, il affirmait déjà garder son indépendance face au groupe, « voter en son âme et conscience » les projets de lois.
Un électron libre qui juge le leader de la France Insoumise « sympa » de lui laisser cette liberté de parole et d’action. Pour François Ruffin, il n’y a donc pas de rivalité avec Jean-Luc Mélenchon.
Interpeller pour faire « gagner les gens »
En octobre dernier, lors de la visite d’Emmanuel Macron à Amiens, François Ruffin n’hésite pas à interpeller le président devant les caméras et le questionne sur le sort réservé aux 250 travailleurs intérimaires de l’usine Whirlpool dans le projet de reprise du site.
Utile ou contre productive, cette méthode de faire face à un président lui aussi habitué à aller au contact ?
« Ce n’est pas moi qui cherche à gagner contre Emmanuel Macron, moi je cherche à faire gagner quelque chose aux gens à l’occasion du passage du président sur Amiens, voilà ».
Une recherche de résultats concrets qui mérite bien de concessions… « Si jamais dans ce cadre-là, Emmanuel Macron doit être un partenaire pour ça, il est un partenaire ».
Retrouvez Déshabillons-les, « François Ruffin : l’insoumis des Insoumis » samedi 16 décembre à 15h sur Public Sénat.