Pour l’ancienne ministre italienne de l’intégration Cécile Kyenge : « On a abandonné l’Italie »
Après l’annulation de la rencontre entre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et son homologue italien, la crise s’envenime entre Rome et Paris. Au centre de la discorde, l’attitude à adopter face à la crise migratoire, et le sort réservé aux 629 migrants pris en charge par l’Aquarius. Entre devoir d’humanité, et nécessité de reformer le système d’asile européen, le débat est ouvert entre les eurodéputés.

Pour l’ancienne ministre italienne de l’intégration Cécile Kyenge : « On a abandonné l’Italie »

Après l’annulation de la rencontre entre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et son homologue italien, la crise s’envenime entre Rome et Paris. Au centre de la discorde, l’attitude à adopter face à la crise migratoire, et le sort réservé aux 629 migrants pris en charge par l’Aquarius. Entre devoir d’humanité, et nécessité de reformer le système d’asile européen, le débat est ouvert entre les eurodéputés.
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Par Alexandre Delrieu

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Pour Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur italien, les 600 migrants récupérés au large des côtes Libyennes ne sont pas les bienvenus en Italie. Faute de les accueillir, Emmanuel Macron qui n’a pas ouvert les ports français, a dénoncé le cynisme du gouvernement de Giuseppe Conte.

« L’Europe doit récupérer ses valeurs »

Pour l’eurodéputée socialiste italienne et ancienne ministre de l’Intégration Cécile Kyenge, il est urgent que l’Europe « récupère ses valeurs » et trouve des solutions pour accueillir les migrants. Après avoir trop longtemps négligé la question migratoire et « abandonné l’Italie », l’ancienne ministre du gouvernement Letta de 2013 à 2014 estime que l’Europe doit aujourd’hui « prendre ses responsabilités » et met en garde. Si l’Europe doit trouver une solution politique, cela « ne peut pas se faire sur le dos de 629 personnes qui sont en danger dans la mer ».

« Les peuples européens veulent garder leur identité »

Pour le député européen FN Gilles Lebreton, les États d’Europe ne peuvent pas accueillir tous les migrants. Ils doivent coopérer avec les pays d’origine. « La véritable façon de traiter les flux migratoires c’est justement de les endiguer, de passer des accords avec les États de départ pour qu’ils les gardent sur place moyennant bien sûr une aide financière de notre part ».

Si  l’eurodéputé conservateur français Philippe Juvin reconnaît que les situations d’urgence comme celle de l’Aquarius ne devraient pas faire débat pour des questions élémentaires d’humanité, il souligne également la nécessité de travailler en amont des flux migratoires. « Comment fait-on pour faire en sorte que les hommes et les femmes qui quittent le continent car ils ne s’y sentent pas en sécurité, décident d’y rester ? ».

Le système d’asile européen en question

Si la nécessité de réformer le système d’asile européen, régi par le règlement de Dublin III, semble faire consensus, les pistes avancées divergent. « Le règlement de Dublin [qui prévoit que le dossier d’immigré soit traité par l’État par lequel il est arrivé, ndlr]  n’est plus viable en réalité puisqu’il fait peser une charge trop lourde sur les États de premier accueil, et donc notamment sur l’Italie qui se trouve donc en charge d’une trop grande quantité de migrants », estime Gilles Lebreton.

Pour un système plus efficace, Philippe Juvin propose notamment de « renforcer le contrôle aux frontières », d’ « accélérer dans chaque pays l’étude des dossiers individuels pour les demandes d’asile », et d’avoir un recours plus systématique aux mesures de rétention administrative prévues par la réglementation européenne.

Retrouvez l'émission Europe Hebdo, présentée par Nora Hamadi, vendredi à 18h30, dimanche 20 janvier à 12h30, lundi à 2h30 et mardi 5h30 sur Public Sénat.

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